
1996 : Le Galibier vaincu par la neige

Bjarne Riis s'impose à Sestrières en 1996. - -
L’image reste gravée dans la mémoire cycliste. Pour la petite histoire mais aussi comme l’un des symboles du pinacle des années EPO. Bjarne Riis les deux bras levés sur la ligne d’arrivée de Sestrières après à peine une heure et dix minutes de course. Un contre-la-montre ? Non. Une grande étape alpestre. 8 juillet 1996. Le Tour se réveille dans le froid, le vent et la neige. Présent dans le peloton à cette époque, Thierry Bourguignon, consultant pour RMC Sport, se souvient : « On devait partir de Val d’Isère mais on s’est retrouvés avec 10-15 centimètres de neige. Les organisateurs nous ont fait monter dans les voitures pour monter le col de l’Iseran. En bas, on s’est remis à se chauffer les jambes, prêts à partir. Puis il y a eu une décision de nous faire remonter dans les voitures puisque le col du Galibier était enneigé, avec aussi des plaques de verglas. Les organisateurs ne voulaient pas prendre de risques. C’était vraiment une tempête de neige en haute montagne. Les spectateurs nous ont traité de feignants mais faire du vélo dans ces conditions, c’est trop dangereux… »
Leblanc : « Dans le Galibier, tout se cassait la figure, même les barrières… »
Autre membre de la Dream Team RMC Sport, Luc Leblanc a lui aussi vécu cet épisode : « Dans le Galibier, avec le vent, tout se cassait la figure, même les barrières. C’était hyper dangereux, une vraie tempête. Donc on a passé le Galibier en voiture, on est redescendu puis on s’est arrêté 5-6 kilomètres avant le pied du Montgenèvre et on est partis pour faire les derniers kilomètres de course et arriver à Sestrières. » Résultat ? Une étape tronquée, longue de 46 kilomètres, mais qui change la physionomie du Tour. Bjarne Riis attaque très tôt et se lance dans un raid solo pour prendre ses rivaux à froid.
Maillot jaune depuis l’étape des Arcs et vainqueur du chrono individuel de la veille entre Bourg-Saint-Maurice et Val d’Isère, le Russe Evgueni Berzin ne parvient pas à trouver le rythme d’une course qui flingue de tous les côtés dès les premiers kilomètres. Largué, il troquera sa tunique de leader du général à Riis, vainqueur en solitaire à Sestrières. Le Danois, qui avouera plus tard s’être dopé, ne la lâchera plus jusqu’à Paris. La météo jouera-t-elle de nouveau un rôle déterminant en 2011 ? Quelque chose nous dit qu’un certain Thomas Voeckler ne serait pas contre cette aide « providen-ciel ».