
Tour de France: "Quatre Fantastiques ", un seul roi

Les "Quatre Fantastiques" au départ du Tour 2015 - AFP
Chris Froome : le roi est britannique
S’il n’en reste qu’un, ce sera donc lui. Le Highlander des « Quatre Fantastiques ». Vainqueur en 2013, parti la tête basse et le corps meurtri par les chutes en 2014, Christopher Froome a retrouvé son trône cette année. Avec le maillot à pois en cerise sur le gâteau (un doublé réalisée à seulement dix reprises). Un sacre dans l’adversité. Des médias et des consultants ont douté, des spectateurs l’ont conspué, ses rivaux l’ont attaqué. Le Britannique n’a jamais vacillé. Bien entouré par une équipe Sky impressionnante, sans doute la mieux préparée à cette quête du maillot jaune, « Froomey » a maîtrisé son Tour.
Malin et bien placé en première semaine, il a écrasé la course dès la première journée en haute montagne avec une démonstration de force bluffante de facilité à La Pierre-Saint-Martin, sa seule victoire d’étape sur la Grande Boucle. On pensait alors le Tour « tué ». On n’avait pas tort même si Froome a plus tremblé que prévu en troisième semaine. A 30 ans, Chris ramène le maillot jaune à Paris pour la deuxième fois de sa carrière. La passe de trois en 2016 ? Le « Kenyan blanc » s’avancera forcément au départ en favori.
Nairo Quintana : la puce des cols n’est pas passée loin
Beaucoup en faisaient leur grand favori avant le départ. Ils auraient pu avoir raison. Deuxième et maillot blanc de meilleur jeune en 2013, Nairo Quintana affiche un bilan similaire (le maillot à pois en moins) cette année après avoir zappé l’édition 2014 (il avait remporté le Giro cette année-là). Cette fois, le grimpeur de poche colombien n’aura pas remporté une étape, deuxième à La Toussuire puis à l’Alpe d’Huez. Mais l’écart final raconte mieux que des mots l’idée d’un rapproché : 1’12’’ de débours sur Froome contre 4’20’’ il y a deux ans. Alors que la puce des cols a perdu 1’42’’ dans la première partie du Tour, dont 1’28’’ dans le vent, la pluie et les cassures de la deuxième étape vers Zélande… De quoi nourrir quelques regrets.
En grande forme en troisième semaine, comme toujours sur les grands Tours, « Naironman » aura mis le maillot jaune sous pression jusqu’au bout en reprenant 32’’ puis 1’26’’ à Froome lors des deux dernières étapes. Trop tard et insuffisant. Au-delà d’une première semaine pas faite pour lui, où il a fait de son mieux pour limiter les dégâts, le leader des Movistar a aussi manqué le coche lors de Pyrénées dans lesquelles il n’aura pas assez pesé. Son équipe peut également prendre une partie des regrets sur ses épaules pour avoir refusé de sacrifier Valverde et ses rêves de podium. « On a perdu le Tour sur la première semaine où j’ai pas mal souffert, explique Quintana. Je suis encore jeune et je prends de l’expérience au fil des ans. Je serai encore plus présent dans la bataille pour la victoire dans les prochaines années. » Ce Tour avec un seul chrono individuel et beaucoup de montagne semblait taillé pour lui. Mais à 25 ans, l’avenir lui appartient. Il a tout pour devenir le premier Colombien à ramener le jaune à Paris.
Vincenzo Nibali : la réaction d’orgueil
Il a fini par l’avouer dans la presse italienne. Vincenzo Nibali a mal géré son après-victoire dans le Tour 2014. Sollicité à droite à gauche, le leader de l’équipe Astana a eu plus de difficultés à s’entraîner cet hiver. Résultat ? Un début de saison difficile et une première victoire fin juin au championnat d’Italie. On le pensait requinqué au bon moment, juste avant le Tour. Sa première partie de Grande Boucle, qu’on imaginait très favorable à ses qualités de coureur offensif, n’a pas été conforme aux attentes. Ses Pyrénées non plus.
Le Nibali de juillet 2015 n’était pas celui de juillet 2014. Et il faisait face à une concurrence plus importante. Une équation impossible à résoudre pour aller batailler avec les meilleurs dans la quête du maillot jaune. Mais l’Italien, qui a déjà remporté les trois grands Tours dans sa carrière, est un champion. Avec tout l’orgueil et le panache que ce terme peut receler. Encore 7e au général jeudi après la 18e étape, un Vincenzo ragaillardi par les Alpes est allé s’offrir un raid victorieux vers La Toussuire vendredi pour grimper au quatrième rang. Il n’arrivera pas à priver Valverde de podium sur l’Alpe d’Huez mais son Tour était sauvé. A 30 ans, il n’en a certainement pas fini avec son histoire dans la Grande Boucle. Nibali termine quatrième à 8’36’’ de Chris Froome.
Alberto Contador : défi raté
Marco Pantani reste le dernier auteur du doublé Giro-Tour en 1998. En quête d’un défi presque trop archaïque pour le cyclisme moderne, l’Espagnol Alberto Contador a échoué dans sa mission. Sans doute trop émoussé par sa victoire sur les routes d’Italie en mai, celui qui visait une passe de trois dans les grands Tours (il est aussi tenant du titre sur la Vuelta, où il avait battu Chris Froome) n’a jamais semblé en mesure de pouvoir viser le maillot jaune. Un sentiment né dès la troisième étape, à Huy, où les quelques secondes perdues sur ses rivaux n’étaient pas dues qu’à « une montée trop explosive » pour le leader de la Tinkoff-Saxo.
Pire, sa Grande Boucle restera sans éclat. Aucune victoire d’étape et des moyens trop limités sur ce mois de juillet pour vraiment peser sur la course. Alberto a bien tenté d’attaquer les autres grands favoris à plusieurs reprises en montagne. Mais il n’a jamais su faire la différence. Même la mauvaise fortune s’en est mêlée avec une chute au très mauvais moment dans la descente du col d’Allos dans les Alpes. A 32 ans, le vainqueur des Tours 2007 et 2009 (son succès en 2010 lui a été retiré pour cause de dopage) peut-il encore espérer ramener le maillot jaune à Paris ? L’Espagnol a annoncé sa retraite pour fin 2016. Sauf changement de plan, il lui reste une chance. Contador termine cinquième à 9’48’’ de Chris Froome.