Tour de France : Nibali, un coureur à l’ancienne

Leader du Tour de France, Vincenzo Nibali est un coureur atypique dans le cyclisme moderne. Complet et offensif, le leader de l’équipe Astana (29 ans) est surtout un amoureux de son sport, dont il est en passe d’écrire l’histoire.
Dresser le portrait de Vincenzo Nibali ressemble à un voyage initiatique au cœur de ces lieux qui font la grandeur et la beauté du cyclisme. Des pentes arides de l’Etna, que le Sicilien a gravies à en perdre le souffle durant sa jeunesse et sur le Giro 2011, à la côte de La Redoute, haut lieu de Liège-Bastogne-Liège, en passant par la montée du Poggio, juge de paix de Milan-San Remo, Nibali est passé à peu près partout où le vélo est plus qu’un sport. Et il y a toujours brillé. Si l’Italien (29 ans) est le grand favori à la victoire finale dans le Tour de France après les abandons de Christopher Froome et Alberto Contador, il n’est pas qu’un homme du mois de juillet.
Trop amoureux de son sport, trop complet pour se réserver pour une seule course, le leader d’Astana est présent dans le peloton une grande partie de l’année. Au printemps dernier, quand Contador et Froome cherchaient la chaleur lors de stages, Nibali s’échinait sur Milan – San Remo, l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Si les résultats n’ont pas été au rendez-vous cette année, cela n’a pas toujours été le cas puisque Nibali est déjà monté sur la « boite » à Milan – San Remo (3e) et Liège-Bastogne-Liège (2e), en 2012. Bref, un coureur « à l’ancienne », qui cultive aussi un côté romantique qui n’est évidemment pas pour déplaire à ses tifosi italien.
Martinelli : « Un artiste dans le cyclisme moderne »
Quand ses rivaux font la course en bons gestionnaires, Nibali a du mal à retenir ses envies. Dans les cols, sur le plat ou en descente, ses terrains de prédilection, il n’hésite pas à passer à l’offensive. « Sa meilleure défense, c’est l’attaque, analyse Alexandre Vinokourov, le manager d’Astana. On verra s’il aura l’occasion de le prouver. Nous sommes en bonne position. Toute l’équipe est prête. On a tout mis sur un seul objectif cette année ». « Il est complet, il peut changer de stratégie car il n’en a pas qu’une, poursuit Giuseppe Martinelli, le directeur sportif de la formation kazakhe. Il peut attaquer sur les pavés, dans la montagne et sur le plat. C’est avec sa tête que Vincenzo va gagner, pas seulement les jambes. C’est un peu un artiste dans le cyclisme moderne. »
Et comme tout artiste, Nibali a surnom : « Le requin de Messine ». Une comparaison avec la terreur des océans encore due à son caractère offensif. « Quand il attaque, normalement il gagne, explique Martinelli. Et s’il ne gagne pas, il attaque le jour suivant ». « J'ai toujours aimé attaquer, je ne suis pas rapide au sprint et je n'ai pas d'autre choix, explique le champion d’Italie. Je suis prêt à saisir la moindre occasion. » Il l’a fait ce lundi, lors de la 10e étape, qu’il a remportée en solitaire au sommet de la Planche des Belles Filles, récupérant au passage le Maillot Jaune lâché la veille. Du panache et de la générosité dans l’effort. Du Nibali tout craché.
Votre opinion