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Bundesliga: comment le foot allemand a organisé sa reprise ce week-end

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Après deux mois d’interruption à cause de l’épidémie de coronavirus, la Bundesliga reprend ce week-end à huis clos. Un retour très préparé, même s’il ne fait pas l’unanimité.

C'est reparti ! La Bundesliga est de retour ce week-end en Allemagne, avec les premiers matchs ce samedi à 15h30. Face à la situation provoquée par le coronavirus, la ligue allemande s'est adaptée avec des mesures exceptionnelles. Chaque match se disputera à huis clos avec 213 personnes, joueurs et staff compris dans les enceintes: 98 personnes autour et sur les terrains (joueurs, staffs, photographes, arbitres), 115 personnes en tribunes (officiels, présidents de clubs, médias). Enfin, 100 personnes seront tolérées aux abords du stade, hors de l'enceinte: il s'agira de membres de l'organisation et de personnels de sécurité.

Pour limiter les contacts entre les joueurs, des mesures de distanciations ont été prises. Lors du protocole de début de match, il n'y aura pas de serrage de main, pas de photo d'équipe. Et lors des célébrations de buts, il a été conseillé aux joueurs de limiter les embrassades. En dehors du terrain, à Dortmund par exemple, les bancs ont été repensés. Chaque siège est désormais séparé d'un autre d'1m50. Et une partie des remplaçants et du staff seront dispatchés dans la tribune officielle surplombant le banc. En revanche, impossible de pousser les murs dans les vestiaires où les joueurs seront assis côte à côte, comme avant.

Les joueurs de chaque équipe sont eux cloîtrés dans des hôtels depuis une semaine, dans une forme de quarantaine, et testés a minima un jour sur deux. Tous les jours, dans le cas de Dortmund. Enfin, plus anecdotique, les mascottes seront interdites en Allemagne jusqu'à nouvel ordre.

Les coulisses d'une reprise hâtive

Evidemment, la reprise du football dans ces conditions pose pas mal d'interrogations. Pourquoi une reprise si hâtive, d'où vient cette volonté farouche de reprendre malgré les risques et les incertitudes? La reprise a avant tout été motivée par les présidents de clubs. Le modèle économique de la Bundesliga, étroitement lié à la manne financière apportée par les droits TV, exige que les matchs puissent se jouer et que le championnat puisse aller à son terme.

Les présidents et propriétaires de clubs ont donc, dès le début de la crise, élaboré conjointement des protocoles pour imaginer l'après le plus rapidement possible. Un lobbying intense a également été fait par les clubs auprès du monde politique pour finalement arriver à un consensus, il y a une dizaine de jours.

Par ailleurs, sans reprise de la première et de la deuxième division allemande, 13 des 36 clubs auraient pu se trouver dans des situations économiques désastreuses voire déposer le bilan. S'il est acquis que chaque club a voulu défendre ses intérêts économiques en poussant pour cette reprise, les clubs les plus puissants ont sauvé les plus fragiles.

Mais le retour à la compétition du football allemand ne repose pas seulement sur ces enjeux économiques. L'Allemagne, en général et tout particulièrement en matière de sport, est portée par le concept "Immer die Ersten": "Toujours les premiers". L’Allemagne sait qu'en reprenant, elle sera un laboratoire particulièrement scruté par toute l'Europe du football. Et la Bundesliga ne voulait pas rater l'occasion de montrer son savoir-faire, son sérieux et sa capacité de rebond en terme d'organisation. Le championnat reprendra donc bien ce samedi à 15h30, sous les yeux du monde entier, avide de football "frais".

De nombreuses réserves

Mais le système a déjà montré ses failles. En deuxième division allemande, deux joueurs testés positif au Covid 19 ont entrainé la mise en quatorzaine de toute l’équipe du Dynamo Dresde, qui ne sera pas en mesure de jouer ce week-end. Premier match reporté. A Cologne, un joueur et un membre du staff médical ont dû être éloignés du reste du groupe car positifs également.

Alors pour éteindre le début de polémique, les discours se veulent rassurants, à l'image de Carsten Crammer, le directeur général du Borussia Dortmund: "Si est joueur est testé positif dans notre équipe, ce ne serait pas une catastrophe pour la Bundesliga". Certes, ce joueur serait mis en quatorzaine mais les pro-reprise occultent les risques d’infection massive que pourraient provoquer quelques cas dans leurs effectifs.

Reste que la Bundesliga ne pourra faire l’autruche éternellement. Un arrêt pur et simple de la compétition (comme en France) a été évoqué cette semaine, mais l’étude de la potentielle mise en place d’une telle mesure a été reportée. Le foot allemand ne veut clairement pas y penser.

L’opinion publique est très partagée. Certains fustigent un monde du football hors sol, qui s’autorise une reprise alors que l’actualité est à un confinement responsable. D’autres voient dans le retour du football le début de l’après. Coté supporters, là aussi, la situation divise. Certains estiment que le football sans supporters n’est pas du football, d’autres se réjouissent à l’idée de pouvoir voir un match en direct et, pendant 90 minutes, parler d’autre chose que du virus.

Timothée Maymon à Dortmund