Trop "d'égo" et pas assez "d'empathie": l’ex-officiel Saïd Ennjimi appelle les arbitres français à plus de dialogue après l’exclusion de Bruno Genesio

"Il n’y a rien à expliquer, vous êtes nul, vous êtes zéro". Bruno Genesio a perdu son sang-froid lors de la défaite de Lille face à Lyon, dimanche en Ligue 1 (0-1). D’abord sanctionné d’un carton jaune pour avoir tapé dans une bouteille qui a atterri près du quatrième arbitre après une occasion ratée de son équipe, le coach des Dogues a dégoupillé en invectivant l’assistant au bord du terrain. "C'est tellement risible. Je vais en rester là parce que je pourrais dire des choses que je regretterai plus tard. Je parle de mon carton jaune, qui est juste gaguesque", a lâché Bruno Genesio en conférence d’après-match. "Le rouge, je sais pourquoi je le prends et j'assume ce que j'ai dit. Le jaune, c'est du haut niveau."
Au lendemain de cet incident, l’ancien officiel Saïd Ennjimi a pointé l’attitude de Mathieu Vernice et de ses assistants lors de son passage dans Rothen s’enflamme ce lundi sur RMC. En appelant les arbitres français à assouplir leur communication avec les entraîneurs et les joueurs.
"C'est dommage de ne pas avoir tenté de parler avec lui"
"L’exclusion de Bruno Genesio est à la limite assez logique. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt ce qui a amené son exclusion. Ça fait déjà plusieurs mois que je le dis, je trouve que nos arbitres, dans le comportement, devraient prendre en compte la pression extrêmement importante qui pèse sur les épaules des acteurs du jeu", a réagi l’ex-arbitre de 50 ans, natif du Maroc et retraité depuis 2017. "Bruno Genesio, que je connais bien, c’est un super mec et l’un des entraîneurs avec lequel c’est le plus facile de dialoguer. Je trouve que c’est dommage sur le premier carton jaune de ne pas avoir tenté de parler avec lui. Après, bien sûr, il mérite son exclusion pour le reste. Mais si on avait commencé dès le début à faire preuve d’un peu d’empathie et de bienveillance, en ne faisant plus preuve d’égo, comme trop d’arbitres le font aujourd’hui, peut-être qu’on se passerait de cette exclusion."
"Les arbitres ne veulent pas mettre de côté ce paramètre de chef"
Avec 44 fautes sanctionnées lors de ce match entre le Losc et l’OL, M. Vernice a été particulièrement actif sur le terrain. C’est la première fois qu’un arbitre siffle autant en Ligue 1 depuis un match entre Nîmes et Dijon en 2020, selon le statisticien Opta.
"Il est dans une position trop scolaire", estime Saïd Ennjimi, consultant pour L'Équipe. "Au fond, quel est le plus important lorsque l’arbitre entre sur le terrain? C’est qu’il est là pour les autres, d’abord et avant tout. C’est ça qui m’exaspère un peu depuis plusieurs saisons, c’est qu’on n’a plus vraiment de personnalités. Et quand on en a, elles sont trop virulentes. Là, en l’occurrence avec Bruno Genesio, je pense que ça aurait été nécessaire d’aller juste lui parler et lui dire par exemple que l’arbitre pouvait comprendre la pression qu’il avait mais que l’arbitre a aussi de la pression sur les épaules et qu’il a absolument besoin de lui pour terminer le match correctement. Mais les arbitres ne veulent pas mettre de côté ce paramètre de chef, ‘C’est moi qui décide et pas autrement’, je trouve que c’est dommage."