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"C’est une bénédiction d’être ici": entre football américain et "soccer", comment Tessmann est devenu un indispensable de Fonseca à Lyon

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L'OL reçoit Salzbourg ce jeudi soir pour la deuxième journée de Ligue Europa (21h) avec son nouveau patron du milieu de terrain: Tanner Tessmann, cadre de Paulo Fonseca, qui s'installe comme un indispensable qui impressionne à mesure qu'il s'adapte à sa nouvelle vie lyonnaise. Avec quelques caractéristiques de jeu qui ne sont pas sans rappeler son passé dans le foot US.

A Lyon, il peut y avoir un Américain plébiscité par les supporters lyonnais. Si, si. Tanner Tessmann fait l’unanimité, au point de presque faire oublier les affres de son ex-boss et compatriote, John Textor… A lire la définition de "kicker", ce poste spécifique du football américain - "lorsqu'une équipe est en position de marquer un field goal (typiquement entre 30 et 50 yards, 27 à 45 mètres), le kicker est appelé pour tenter de faire passer le ballon entre les poteaux" - on se dit que tout s’explique, notamment ce but à Utrecht, jeudi dernier qui permet à l’OL de signer une entrée victorieuse en Ligue Europa (1-0).

Vous allez dire: quel est le lien entre l’auteur du but, Tanner Tessmann et cette discipline? La nationalité du Lyonnais? L’indice est bon, vous êtes sur la bonne voie: car si le milieu de terrain américain de l’OL a tenté et réussi une frappe de loin, avec puissance et précision, il le doit à sa parenthèse qui a failli être définitive avec le foot US. Une légende outre-Atlantique, Dabo Sweeney, qui lui détecte des qualités de puissance notamment, invite le jeune Tanner Tessmann à découvrir en 2019, son club, les Clemson Tigers, alors qu’il évolue à l’académie (de soccer) du FC Dallas.

Le voilà donc licencié de l’université de Clemson, en Caroline du Sud, en plus de son cursus avec ballon rond. Car entre foot à l’européenne et celui à l’accent US, il choisit... de ne pas choisir! Tessmann cumule ainsi les temps de jeu dans les deux sports, emmagasinant, au passage, réflexes et expériences complémentaires: "Le kicker doit avoir une grande précision, une puissance de frappe remarquable et une gestion impeccable de la pression", ajoute encore le lexique, définissant les qualités à avoir à ce poste, qui nécessite des montées au jeu uniquement pour des phases spécifiques.

Jeudi dernier quand, à la 75e, il tente sa chance des 20 mètres pour loger le ballon dans la lucarne néerlandaise. CQFD. "Nous étions à 0-0, il fallait faire la différence, je ne me suis pas trop posé de question", explique-t-il à la veille du deuxième rendez-vous européen ce jeudi soir face au RB Salzbourg. "Je savais qu’au pire, si j’attrapais le cadre, il y aurait un deuxième ballon disponible pour les coéquipiers."

Car Tessmann reviendra à ses premières amours dans ses jeunes années: le FC Dallas le fait revenir à la fin 2019, avant de lui faire signer un contrat professionnel en février 2020. Il disputera son premier (sur 28 au total) match en MLS le 1er mars 2020 face à Philadelphie, avant que la pandémie de Covid 19 n’enferme le monde. En juillet 2021, il signe à Venise où il se fait repérer par plusieurs clubs, dont l’Inter Milan mais aussi l’OL, Alain Cavéglia - recruteur jusqu’en 2023 pour le club - l’ayant supervisé à plusieurs reprises.

Quinze mois après son arrivée entre Rhône et Saône, Tanner Tessmann rayonne au milieu de terrain lyonnais, avec la confiance assurée de Paulo Fonseca qui, dès ses premières compositions d’équipe, le titularise: 15 fois sur les 20 matchs de l’après Pierre Sage, qui lui l’utilise avec parcimonie (sept titularisations en 16 rencontres): "Je me sens bien, on a connu pas mal de victoires, avoue-t-il à la veille de ce deuxième rendez-vous. Nous avons bien commencé la saison, l’équipe fonctionne bien. Mais nous n’avons joué que quelques matchs, ce n’est que le début. Il faut continuer à travailler."

"J’ai beaucoup appris avec les joueurs expérimentés qui étaient là l’an dernier"

Recruté par David Friio, alors directeur sportif, qui voit en lui à l’été 2024, un "Nemanja Matic jeune, avec la même prestance, régularité et sens du jeu", il succède tout naturellement au Serbe, qui a désormais signé en Italie à Sassuolo, sous les ordres de Fabio Grosso: "J’ai beaucoup appris avec les joueurs expérimentés qui étaient là l’an dernier. Ça m’a permis une bonne mise en route."  

Et une confirmation de match en match. Car l’ex-capitaine de l’équipe olympique US, présent aux JO de Paris est désormais avec Corentin Tolisso et les défenseurs centraux, l’un des noms "sûrs" que le coach Fonseca couche sur la feuille de match en premier, sauf si c’est pour le faire reposer. Comme au Gagenlwaard Stadion à Utrecht où même "simple" entrant, il fait la différence dix minutes après avoir intégré l’équipe. "Dans ce système, chacun sait ce qu’il a à faire et personnellement, il n’y a pas eu de déclic précis, mais la présaison m’a beaucoup aidé avec des matchs difficiles", précise-t-il. "Nous avons beaucoup appris durant cette période. Tout le monde adhère au projet du coach, on travaille les uns pour les autres. Je pense que la présaison nous a vraiment aidés."

En attendant un nouvel appel de Mauricio Pochettino, le sélectionneur des Etats-Unis qui ne l’a pas convoqué depuis mars dernier, il fait comme l’ensemble de ses coéquipiers: il s’éclate dans un début de saison réussi en Ligue 1 (leader ex-aequo avec le PSG avec 15 points pris sur 18 possibles). Le tout accompagné d’une folle statistique : les lyonnais n’ont pas encaissé de but en sept matchs toutes compétitions confondues quand ils évoluent à 11 contre 11, les seules réalisations (Rennaises, 3-1) le furent dans le dernier quart d’heure du match alors que Tyler Morton avait reçu un carton rouge: "Je pense que ça doit être un challenge à chaque match de ne pas prendre de but. Cette année, nous nous sommes vraiment bien développés avec un bon état d'esprit défensif. Donc finalement, ce n'est pas vraiment un challenge, c'est le boulot normal. On a toujours la même idée de défendre vraiment bien ensemble. Ensuite, on sait qu'il y aura toujours des opportunités en attaque. Mais c'est vraiment cette mentalité défensive qui fait notre force sur le début de saison."

Le tout porté par une atmosphère positive: "Oui, il y a eu des arrivées de nouveaux joueurs dont beaucoup de jeunes avec une bonne attitude", dit-il de l’intérieur. "Nous avons un groupe de bons gars qui veulent jouer ensemble et travailler ensemble. On est un groupe qui aime être ensemble, qui aime travailler ensemble et se sacrifier les uns pour les autres. Ça nous aide sur et en dehors du terrain. En plus, on gagne. Il y a eu beaucoup de nouveaux joueurs, mais aussi beaucoup de nouveaux copains."

Tout jeune papa – la naissance de son fils date d’avril dernier au moment du quart de finale aller face à Manchester United – et désormais installé à Lyon avec sa compagne, il savoure "l'atmosphère dans le stade est incroyable, je n’avais jamais connu ça en MLS". "La ville est sympa, la culture est très riche avec beaucoup de choses : le cinéma, la nourriture… On essaie de profiter à fond de la culture avec ma femme, car on sait qu’on ne sera pas là pour toujours. C’est une bénédiction pour nous d’être ici. Mais ce que je préfère par-dessus tout, ce sont les fans, les supporters. À chaque match à domicile, j’adore sentir leur énergie."

Edward Jay