Beaugrard, amateur éclairé de Quevilly

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Au moment de fouler enfin la pelouse du Stade de France, samedi soir, Grégory Beaugrard se souviendra peut-être de ses débuts seniors à Bois-Guillaume, une époque où il cumulait en sus des études de STAPS (il en possède deux licences) et un poste de pion au collège local. « Je n’ai jamais eu l’objectif d’être pro, c’était trop loin pour moi. Mais avec cette Coupe de France, on peut vivre à peu près comme des pros, profiter de bons instants et jouer devant des publics nombreux », sourit-il. Le défenseur de 31 ans, depuis quatre ans à Quevilly, pense sûrement aux 80 000 personnes qui rempliront les tribunes du SDF, samedi soir, pour le plus palpitant rendez-vous de sa carrière de footballeur amateur. Car si la plupart des joueurs de l’USQ possèdent un contrat fédéral, lui et quelques autres possèdent un travail à côté.
Enfin dans son cas, ce n’est pas à côté, c’est sur place. Quand ses coéquipiers rentrent faire la sieste, lui enchaîne avec l’entraînement des U19 du club, dont il est l’un des deux entraîneurs avec Eric Ratsimbazafy. « Il transmet un message qui prend de la force quand on le voit jouer. Les joueurs s’identifient à lui et ça porte plus quand il parle », affirme son adjoint. « Avoir un boulot à côté permet de s’évader, ça fait du bien à la tête, dit Grégory Beaugrard de son rôle d’éducateur. Et puis mon métier est aussi ma passion. Ce n’est pas toujours facile mais c’est aussi une chance », dit ce Normand pure souche, qui n’a évolué qu’au niveau amateur et dans sa région natale.
Brouard : « Il sera un bon entraîneur »
La qualité des discours de vestiaire de Régis Brouard, son entraîneur dans l’équipe fanion, a peut-être inspiré Beaugrard parce que ses ouailles, comme Théo, louent à l’unisson ses séances de motivation. « Il sait nous mettre en confiance, nous parler. Il est un modèle pour nous. Il a des qualités et il sait évoluer. » A trois jours de la finale contre Lyon, Hussein, malicieux, ajoute : « Mais c’est surtout sur les matches de coupe qu’il arrive à nous mettre la niaque ! »
A 31 ans, il lui reste encore quelques années à doublonner les deux postes. Mais c’est clairement vers ce poste d’entraîneur qu’il s’oriente. « C’est sa réflexion tactique qui fait qu’il est capitaine et qu’il sera un bon entraîneur, prédit Régis Brouard. Il comprend tout de suite, il sait de quoi je parle. Il en a envie, il s’y prépare même si ce sera une autre tâche quand il aura les mains dans le cambouis au quotidien. » Grégory Beaugrard ne regarde pas encore aussi loin, mais il sait que son avenir se colore de jaune et de noir, les couleurs de l’USQ, le très proche comme le plus lointain. « Jouer au foot ne reste que ma passion et, s’il y a une blessure grave, j’aurai toujours quelque chose au club, qui ne me laissera pas tomber. » Et inversement.