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Equipe de France - Deschamps: "Payet ? Il a le droit de ne pas comprendre"

Didier Deschamps

Didier Deschamps - -

EXCLU RMC SPORT. Invité de Luis Attaque sur RMC, Didier Deschamps a balayé toute l’actualité de l’équipe de France. Le sélectionneur des Bleus est notamment rassuré par le visage montré par ses joueurs lors des deux derniers matches, au Portugal (1-0) et contre la Serbie (2-1), mais a un peu taclé Dimitri Payet, pas appelé pour ces deux rencontres.

Didier Deschamps, quel bilan tirez-vous des dernières victoires au Portugal (1-0) et contre la Serbie (2-1) ?

On a retrouvé ce qu’on avait perdu sur les deux matches précédents, pas tellement contre la Belgique (3-4) qui a été à un niveau auquel je ne m’attendais pas, mais surtout en Albanie (0-1). Le haut niveau, ça ne pardonne pas. Quand tu ne mets pas les ingrédients de base, la détermination, l’envie, l’agressivité, tu passes au travers. On a toujours eu une équipe compétitive. Après, c’est autour où cela amène un peu de perturbation. Les joueurs avaient eux aussi conscience d’être passés à côté, même si, et ce ne sont pas des excuses, cette période du mois de juin est souvent très difficile pour l’équipe de France. On a repris le bon chemin. Tout n’a pas été parfait mais la force collective, on l’a retrouvée. Je me suis adapté aussi parce que je suis responsable. J’ai pris le parti sur ces deux matches de garder une ossature.

Avez-vous votre défense-type en tête, avec le quatuor Sagna-Varane-Koscielny-Evra ?

Ce sont les quatre joueurs qui ont le plus joué sur ces derniers matchs. Après, Mamadou Sakho n’était pas là mais il a eu un rôle important, Mathieu Debuchy a eu une grave blessure la saison dernière et a un temps de jeu un peu plus réduit. Oui, des joueurs viennent plus régulièrement. Je n’ai pas changé les associations par plaisir. C’est par obligation. Je sais la valeur de chaque joueur. Je veux être paré à toute éventualité et si j’ai tout le monde de disponible, très bien.

Vous avez testé Paul Pogba en position plus avancée sur le terrain contre le Portugal. Qu’en avez-vous pensé ?

Il n’était pas meneur de jeu. Il ne le sera jamais. Il n’était pas derrière les attaquants mais au milieu de terrain, dans le même alignement que Matuidi et Sissoko. Et malheureusement, même si je l’avais alerté, je ne voulais surtout pas qu’il se retrouve trop haut et dos au jeu. Et malheureusement, il s’est situé trop bas, notamment en première mi-temps. C’était pour lui laisser un peu plus de liberté.

Passons au cas Karim Benzema, qui a marqué 25 buts en 80 sélections. Un bon bilan selon vous ?

Ce n’est pas un cas mais ça fait beaucoup débattre. C’est bien mais il peut faire mieux. Prenons deux exemples indiscutables : Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Regardez leur efficacité au Barça et au Real Madrid en en équipe nationale. Ce n’est pas qu’elle est bien moindre, elle est presque ridicule. Karim est très attaché au maillot de l’équipe de France. Peut-être qu’il ne le démontre pas assez mais je le connais bien et il s’investit. C’est un leader d’attaque. Il y a des associations à trouver, une animation où il peut s’exprimer. Karim marquera des buts mais ce ne sera jamais un buteur comme l’entendent les spécialistes. Au Real il marque des buts, mais celui qui en marque le plus c’est Ronaldo. Sur l’année qui nous a menés à la Coupe du monde, il a mis huit buts. Il peut en marquer plus, mais il en marque. Il a besoin d’avoir de la présence derrière et à côté de lui. Il travaille pour mieux faire mais ne lui demandez pas de marquer trois buts à chaque match, je sais très bien que ce ne sera pas possible.

L’objectif annoncé est de gagner l’Euro 2016 ?

Ce n’est pas fanfaronner mais avoir de l’ambition ou être compétiteur. On est allé à la Coupe du monde sans étiquette mais on voulait aller au bout. On va commencer l’Euro avec l’objectif d’aller au bout. Je ne sais pas si on va y arriver, mais on va tout faire pour. Le dernier carré ? Ce serait déjà bien. Mais si on y est, on voudra plus. Il va falloir s’en donner les moyens et ça dépendra de nos adversaires. Eux aussi veulent gagner, mais il n’y en a qu’un qui gagne. L’objectif est d’être le plus performant possible pour aller le plus loin possible (rires).

En cas d’élimination prématurée à l’Euro, quitterez-vous votre poste ?

Je l’attendais celle-là (rires) ! Je ne me pose même pas la question. Aujourd’hui, mon énergie et celle de mon staff est focalisée sur l’Euro. J’aurai un lendemain. Aujourd’hui je fais tout pour que cela se passe du mieux possible. Mon esprit n’est pas occupé par des questions négatives.

Nabil Fékir sera absent des terrains lors des six prochains mois. Attendez-vous des garanties avant d’éventuellement l’inclure dans votre liste des 23 pour l’Euro ?

Aujourd’hui, je ne peux avoir aucune garantie, Nabil non plus. Il y a un temps d’indisponibilité qui est de plus ou moins six mois, donc on arrivera à mi-mars. Il restera deux mois de championnat, tout dépendra de comment il sera. Je ne peux pas dire catégoriquement que Nabil ne sera pas disponible pour l’Euro. Ça dépendra de comment il reviendra. Mais je suis confiant. Ça peut être court, mais aussi un avantage s’il revient bien car il ne sera pas usé par la saison.

Lassana Diarra peut-il revenir en équipe de France ?

Je ne sais pas s’il en a l’envie. Déjà il retrouve le plaisir de jouer, ça faisait un bon moment. Il n’a fait que deux ou trois matchs avec l’OM donc il faut qu’il puisse enchaîner. Mais c’est un joueur qui a une carrière au haut niveau, en équipe de France. Il est sélectionnable, à moins qu’il dise clairement : « Non, l’équipe de France ne m’intéresse pas ». Il a un vécu, une valeur, on n’est pas au Real ou à Chelsea par hasard. Il revient d’une très longue période sans jouer. Mais laissons le temps au temps et après à j’aurai des choix à faire. On le suit, comme beaucoup d’autres.

Mamadou Sakho ne joue quasiment pas à Liverpool. Lui conseillez-vous de partir ?

Le dernier match amical qu’il avait fait était début août. Pour se retrouver en équipe de France cinq semaines après en pleine possession de ses moyens, ce n’est pas possible. Les garçons le savent. Mais Liverpool joue la Ligue Europa et a des semaines à trois matchs, donc il y a plus de possibilités de jouer. Après c’est son choix et encore faudrait-il que son club le laisse partir. Apparemment ce n’est pas l’option qui a été retenue puisqu’ils veulent le prolonger, mais forcément que Mamadou souffre de cette situation car c’est un compétiteur et c’est frustrant pour lui.

Suivez-vous toujours les performances d’André-Pierre Gignac depuis qu’il est parti au Mexique ?

Je l’ai déjà pris lorsqu’il marquait des buts. Il a toujours marqué des buts mais il n’est pas le seul à en marquer. Antoine Griezmann, Anthony Martial, Olivier Giroud, Karim Benzema, Bafétimbi Gomis et Kevin Gameiro en marquent aussi. Un problème de relation ? Non, autrement je ne l’aurais pas repris. On disait déjà ça quand je suis parti de l’OM. Et aussi que la carrière de Mathieu Valbuena était finie en équipe de France. Même si j’ai pu avoir des soucis ou des confrontations avec un joueur en club, si je pense qu’il peut apporter en équipe de France... Je ne suis pas là pour prendre des joueurs que j’aime ou que je n’aime pas, même s’il y en a certains que je peux apprécier plus que d’autres. Je suis là pour juger par rapport à ce qu’ils peuvent apporter.

Anthony Martial a-t-il fait le bon choix en signant à Manchester United ?

Est-ce qu’il a eu le choix ? Manchester United a mis une somme incroyable, il n’y est pour rien. Je l’ai sélectionné avant qu’il y aille. Il a un potentiel très intéressant. Aujourd’hui il a des étapes à franchir et il va devoir le faire assez rapidement car Manchester ce n’est pas Monaco, où il avait une certaine garantie de temps de jeu. C’est un choix. Manchester compte sur lui, il est jeune.

Dimitri Payet a récemment déclaré ne pas comprendre pourquoi vous ne l’aviez pas sélectionné lors des derniers matches ?

Ça ne me gêne pas, les joueurs peuvent dire ce qu’ils veulent. Je ne vais pas m’épancher dans les médias pour leur répondre. Ce n’est pas le premier ni le dernier. Il est en stage, je discute avec lui et je lui dis ce que j’attends de lui sur le terrain. Après il comprend, il fait ou il ne fait pas... Il a le droit de ne pas comprendre, ce n’est pas mon problème à la limite. Dimitri est un joueur de qualité, performant dans ses clubs. Il est bon dans une certaine position et je suis là pour juger. En équipe de France, les exigences sont plus importantes. Tout se mérite dans la vie. Mais je n’ai pas que des agneaux. J’ai des joueurs de caractère.

Le départ de Marcelo Bielsa de l’OM vous a-t-il surpris ?

C’est un personnage atypique, différent. Ce qu’il a fait à l’OM, aucun entraîneur français n’aurait pu se le permettre et les médias n’auraient jamais accepté ça. Il a pu se le permettre parce que c’est lui, je ne crois pas que d’autres auraient pu le faire. Après, partir comme il l’a fait, c’est son choix. Ça aurait pu être différent mais je ne vais pas juger ses capacités d’entraîneur. Il a sa vision du football qui a amené quelque chose de différent, ça a marché les six premiers mois et plus du tout les six derniers.