Chants homophobes, violences dans les stades: "Comment expliquer à mon fils que c'est du sport?"

Ce week-end, les stades de foot français ont été le théâtre de nouvelles violences. Dès samedi soir, pour la rencontre entre le Paris Saint-Germain et le RC Strasbourg (4-2), des chants homophobes visant l'Olympique de Marseille ont été entendus au Parc des Princes. Le lendemain, ce sont des violences qui ont éclaté entre les supporters de l'OM et ceux de Montpellier, après un premier accrochage avec les CRS sur l'autoroute.
Sur l'A709 dimanche, les supporters marseillais ont été contraints de faire demi-tour, trop nombreux pour la jauge du parcage réservé aux visiteurs. Le préfet de l’Hérault avait limité le déplacement à 450 personnes, mais ils étaient 650 selon le commissaire divisionnaire de l'Hérault. Dans un message diffusé sur X, le préfet de l'Hérault a également évoqué la présence parmi eux "d’individus cagoulés munis de barres de fer et de fumigènes" et fait état de "jets de projectiles" contre les forces de l'ordre.
Sur X, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a parlé de "violences injustifiables" qui ont "sali l’image du football". Il a également réagi aux chants homophobes de la veille.
Chants homophobes, affrontements de clubs de supporters, agressions des forces de l’ordre, on ne peut plus supporter que chaque semaine, le sport soit le théâtre d’agissements intolérables. Pour ma part, je ne le tolérerai pas", Bruno Retailleau sur X.
Il a aussi annoncé réunir "les instances du football français pour prendre les mesures nécessaires au retour de l’ordre dans les stades et en marge des rencontres". Une réunion organisée en présence du ministre des Sports Gil Avérous, et du secrétaire d’État en charge de la lutte contre les discriminations Othman Nasrou.
"Comment je vais expliquer à mon fils que c'est du sport?"
Ce lundi matin sur RMC et RMC Story, David, auditeur de 36 ans, infirmier à domicile dans l'Hérault, a expliqué avoir renoncé à son abonnement au stade de la Mosson à Montpellier: “J’ai mûri. Je parle limite d’immaturité, parce que quand je suis devenu papa je me suis demandé si je pouvais emmener mon petit dans ce stade". Ayant lui-même déjà assisté à des chants homophobes au stade, il ne comprend pas qu'on en arrive là.
En fait c’est de l’amusement. Vous avez 10.000 personnes qui sont capables d’insulter un joueur. Par exemple à Montpellier, si le joueur adverse se blesse, tout le monde crie “Tuez-le, tuez-le, tuez-le” et ça rigole. Mais c’est hyper violent", s'indigne-t-il.
Pour lui, "il y a de l’homophobie, de la violence générale, du racisme évidemment". Des comportements qu'il ne cautionne pas.
Aujourd’hui, je me suis dit, avec mon gamin, comment je vais lui expliquer que ça c’est du sport, comment je vais lui expliquer que ça c’est pas grave ? Si c’est grave. Ce n’est pas possible d’aller dans un stade pour voir du sport et accepter ça et le dédramatiser. Je trouve que c’est insolent.”
"Ca commençait à sortir les barres de fer..."
Comme il l'explique, ça peut vite déraper et devenir ingérable: "Il suffit qu’il y ait 10.000 personnes qui se mettent ensemble, que dans le lot il y ait un ou deux acteurs qui sont un peu plus violents que les autres et ça peut très mal finir". Alors, il ne se rend plus au stade. A la place, il regarde à la télévision: "On a pas ce côté-là désagréable". Tandis que, comme il le raconte, son cousin était lui bien au stade ce dimanche soir avant que ça ne dérape.
Il est parti à la 80ème minute parce que ça commençait à sortir les barres de fer", détaille David sur RMC Story.
"C'est le cirque. Il y a les acteurs et ceux que ça amuse et tout ça fait une mayonnaise ultra-agressive. Las de ces comportements, David l'affirme: "Ce n'est vraiment que dans le foot".
Dans d’autres sports, jamais il n’y a eu un seul chant homophobe dans un stade. J’ai passé une semaine aux JO, j’ai vu plusieurs sports, on était à des années lumières de ce type d’ambiance là.”
"Ca fait des années que c'est comme ça"
Emmanuel, auditeur de 43 ans, cariste dans l'Essonne, lui, ne partage pas tout à fait le même avis. Il a amené son fils de 6 ans au stade pour son anniversaire, et tous deux étaient présents lorsque les chants homophobes épinglés au Parc des Princes lors de PSG-Strasbourg ont été entendus "vers la fin du match". "Le speaker des Ultras voulait titiller les Marseillais", explique-t-il. Et malgré l'intervention a deux reprises du speaker du match, les chants ont repris dans la foulée. Parmi eux, celui connu depuis des années sur l’air de "Darla dirladada": "les Marseillais c’est des pé***, des fils de p*** des enc****".
Ça fait 25 ans que je vais au stade et que je l’entends”, réagit Emmanuel.
Alors pour lui, ça n'a pas tant d'importance: "Je défends toutes les minorités, ce n’est pas parce qu’on dit une expression, que forcément on reflète l’image de cette expression".
Ça fait des années que c’est comme ça. Il y a d’autres choses qui me choquent plus, deux homosexuels qui se tiennent la main dans la rue et qui se font tabasser par exemple", poursuit-il.
Au stade, il y retournera sans soucis, conclut-il. Alors que, de son côté, le PSG a réaffirmé "son engagement ferme contre toutes les formes de discrimination, y compris l'homophobie". Avant de poursuivre: "Le club prend toutes les mesures nécessaires, avant et pendant les matches, pour s'assurer que le Parc des Princes reste un lieu inclusif pour tous. Nous travaillons activement à bannir les comportements discriminatoires et à promouvoir un environnement respectueux, où chaque supporter peut profiter du football en toute sécurité."
La Ligue de football professionnel (LFP) a annoncé ce dimanche que la commission de discipline sera saisie, jugeant "inacceptables" ces "nouveaux chants discriminatoires". D’après nos informations, Stop Homophobie va aussi porter plainte contre la LFP et contre DAZN devant le procureur de Paris aujourd'hui. Une plainte contre X va également être déposée contre les comptes Twitter qui relaient la séquence du chant entonné au Parc des Princes.