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Comment Pablo Longoria, qui reste à l’OM, a mûri sa réflexion

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Au terme d’une semaine très agitée, marquée par la mise en retrait des dirigeants de l’OM face à la fronde de quelques leaders de groupes de supporters, Pablo Longoria est de retour et sera présent ce dimanche soir au Parc des Princes. Le Président olympien a pris le temps de se décider, compté les marques de soutien et compris qu’il ne pouvait pas fuir ses responsabilités.

Il ne voyait pas d’autre issue qu’un départ. Puis il a hésité, multiplié les réunions et coups de fil, reçu quelques marques de soutien qui ont compté, avant de se décider à rester. Pablo Longoria, revigoré et combatif, qui sera au Parc des Princes ce dimanche soir pour le choc face au PSG, a donc "retrouvé de l’énergie", et annoncé vendredi qu’il poursuivait sa mission à l'OM.

Sa décision était très attendue, en interne. "On fait quoi, nous, en attendant ? Sans eux, la maison aura du mal à tourner", glissait mercredi, à Amsterdam, un cadre du club. Son état d’esprit est évidemment décisif. De sa décision allaient en découler beaucoup d’autres, puisque ses plus proches collaborateurs (Javier Ribalta, Stéphane Tessier, Pedro Iriondo et d’autres) voulaient avant tout savoir ce qu’allait faire leur boss, avant de se positionner sur leur volonté ou non de poursuivre leur mission à l’OM et à Marseille, dans un contexte qui les préoccupe. A ce sujet, Longoria laisse à ses proches la liberté individuelle de décider, à tête reposée et en famille. Ribalta, marqué par le coup de pression de lundi, se donne encore, par exemple, un délai de réflexion.

Pablo Longoria reste président de l'Olympique de Marseille ! Avec Florent Germain ! – 22/09
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Longoria a été agacé par le peu de soutien de la Mairie

Le Président de l’OM a réellement été marqué par la réunion de lundi, touché de voir sa garde rapprochée inquiète et, à leurs yeux, menacée. Prendre du recul, c’était aussi observer. Et savoir sur qui il pourra s’appuyer pour travailler avec plus de sérénité. "Pablo a reçu beaucoup de marques de soutien à titre privé, mais certaines personnes importantes auraient dû prendre la parole publiquement", décrypte un proche de Longoria.

Les dirigeants olympiens connaissent les liens étroits qui unissent les leaders de groupes de supporters, notamment Rachid Zeroual, à la Mairie de Marseille, mais ils auraient apprécié une prise de position plus forte des élus de la Ville. Le Maire Benoit Payan, très occupé il est vrai par la venue à Marseille du Pape François, n’a pas trop pris de risques en se contentant d’appeler "à la responsabilité et au calme…" avant de demander à Frank McCourt de vite intervenir et de clarifier ses ambitions. Quand l’adjointe Samia Ghali avait, elle, fait l’éloge, sur BFM Marseille, des supporters marseillais qui sont "exceptionnels, avec cette fougue qui les emporte par moment, mais ils aiment l’OM, c’est le vrai Marseille, et cela n’a pas de prix." Malgré sa plainte, Pablo Longoria ne veut pas entrer en guerre contre les groupes de supporters. Mais ces déclarations l’ont fortement agacé, à défaut de le surprendre.

Vider son sac, la première étape avant d’aller au combat

Pablo Longoria reste, mais il s’attend "à vivre la période la plus délicate de son mandat, avec des décisions potentiellement désagréables à prendre." Le dirigeant espagnol, qui veut réunir un maximum d’acteurs locaux pour "faire changer les choses", souhaitait également s’assurer d’avoir d’autres alliés, haut placés. Même si Amélie Oudea-Castera, la ministre des Sports, surveille de très près la situation olympienne, la direction de l’OM aimerait ressentir, de la part des autorités policières voire du ministère, une vraie prise de conscience après le grand déballage de Longoria, dans les colonnes de La Provence, dénonçant tout un système de pressions et d’intimidations, autour du club. Vider son sac a d’ailleurs été la première étape nécessaire vers une sortie de crise. Longoria s’est senti plus léger et combatif après avoir donné sa version et pointé du doigt certains agissements.

Vincent Labrune : "Il doit y avoir une "paix des braves""

Dans le monde du football, Longoria avait déjà des alliés de poids. Frank McCourt l’a répété toute la semaine à Longoria : l’actionnaire de l’OM le soutient sans faille et il n’a jamais imaginé le voir partir. Un autre personnage majeur du football français avait accepté de répondre aux sollicitations de RMC Sport, vendredi. Selon le président de la Ligue de Football Professionnel Vincent Labrune, il fallait "que le bon sens et la raison l’emportent". "Il doit y avoir une “paix des braves” autour de l’OM et de l’institution. Pablo doit évidemment rester en poste… et pour être sincère, j’ai plutôt l’impression que ça ne se passe pas trop mal depuis qu’il est à Marseille, et y compris avec les groupes de supporters !" Labrune, ancien Président de l’OM qui a aussi connu des coups de pression et même quelques protections policières, le dit en souriant : "Et je sais de quoi je parle !" Il suit d’ailleurs la situation de l’OM avec attention, est en contacts réguliers avec McCourt et Longoria, qu’il dit apprécier énormément. "On a besoin de lui et il doit poursuivre le travail accompli. Ce serait vraiment dommage de tout gâcher maintenant !", concluait, vendredi, le patron de la Ligue.

Le sens des responsabilités l’a emporté

Le Président de la LFP reconnait tout de même être un peu "dubitatif" face à l’ampleur de cette crise, dont il a du mal à saisir les tenants et les aboutissants, et dont la Ligue se serait bien passée, en pleine période cruciale de l’appel d’offres des droits audiovisuels. Ce sens des responsabilités a beaucoup compté à l’heure du choix. Longoria confiait à ses proches cette semaine que s’il n’écoutait que son caractère, il serait parti, sans réfléchir et sur le coup de la colère. S’il n’avait pas le costume de Président, et le sens des responsabilités qui va avec, il aurait aussi fait ses valises.

Oui mais Longoria a senti un soutien populaire, a échangé avec quelques sponsors du club, qui ont investi à ses côtés. Sa place dans l’échiquier européen du football est aussi plus grande. En plus de son siège à la LFP, il vient d’être élu à l’ECA (Association européenne des clubs). Beaucoup de présidents de Ligue 1 l’ont appelé. Et l’ont encouragé à rester, pour ne pas laisser un club aussi important que l’OM à la dérive, surtout à quelques jours d’une renégociation des droits tv. Après avoir retrouvé du calme et de la lucidité, Longoria est revenu à la raison. Il ne pouvait pas partir, et tout plaquer.

Florent Germain à Marseille