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Football Leaks: Thiriez explique ses liens avec Monaco quand il était président de la LFP

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Les dernières révélations des Football Leaks ont mis au jour, ce mercredi, un lien entre l’AS Monaco et le cabinet d’avocats de Frédéric Thiriez, alors que celui-ci était président de la Ligue de football professionnel. L’ancien dirigeant de la LFP a confirmé mais s’est dit surpris de l’avoir appris, plaidant un problème de communication au sein de son cabinet. Et assurant qu’il n’y a eu aucun conflit d’intérêt.

Président de la Ligue de football professionnel entre 2002 et 2016, Frédéric Thiriez exerçait alors en qualité d’avocat, pour le cabinet Lyon-Caen/Thiriez. A priori aucun lien entre ces deux activités… jusqu’à ce mercredi, avec les révélations des Football Leaks. Certains documents ont révélé qu’à partir de novembre 2013, l’AS Monaco avait fait appel à ce cabinet (pas directement à Frédéric Thiriez) dans le cadre d’un conflit prud’homal, pour un total de 9.000€.

"À partir de novembre 2013, le club monégasque a fait appel, dans un dossier devant le Conseil de Cassation, au cabinet Lyon-Caen/Thiriez (pour un total modeste de 9.000 €). Or Me Frédéric Thiriez, l'un des deux avocats associés de ce cabinet, n'est autre que le président de la Ligue de football professionnel, qui à ce moment-là, a le sort de l'AS Monaco entre ses mains", écrit Mediapart ce mercredi.

"A ma grande surprise"

Des informations confirmées par Frédéric Thiriez, qui a transmis à RMC Sport les réponses formulées au média à l’origine des révélations. "Vérification faite, je dois à la vérité de confirmer vos informations, à ma grande surprise", explique l’ancien dirigeant de la LFP. Mais assure ne pas avoir été au courant, détaillant les raisons de cet imbroglio.

"Lorsque je suis devenu avocat associé du cabinet Lyon-Caen en 1990, notre cabinet était le conseil habituel de la FFF et de la LFP, ce qui représentait un important volume de dossiers. Lorsque j’ai été élu président de la LFP en 2002, je me suis naturellement interdit de traiter le moindre dossier concernant le football, assure-t-il. […] De plus, il était convenu avec mon associé, Arnaud Lyon-Caen, aujourd’hui décédé, que le cabinet n’accepterait désormais aucun dossier concernant un club de football. […] J’ai donc été extrêmement surpris de lire vendredi sous votre plume que le cabinet auquel j’appartiens aurait accepté de représenter l’ASM et en aurait perçu des honoraires."

Un imbroglio suite à un changement de collaborateur

Selon Frédéric Thiriez, c’est un changement de collaborateur qui serait à l’origine de ce faux-pas involontaire. "Mon jeune associé, qui a succédé à Arnaud Lyon-Caen, a accepté en septembre 2013, sans jamais m’en parler, de défendre l’ASM dans un litige prudhommal devant la Cour de cassation, précise l’ancien boss de la Ligue. Le montant des honoraires s’est élevé à 8.000 euros HT, réglés en novembre 2013 et février 2014. J’ignorais donc jusqu’à ce jour l’existence de ce dossier, qui ne concerne pas le département dont je suis responsable au cabinet (le droit public) et puis vous assurer que, si mon associé m’en avait parlé, comme il aurait dû le faire, je n’aurais évidemment pas accepté que notre cabinet s’occupe de cette affaire." Avant de rappeler le caractère bénévole du poste qu’il occupait à la LFP.

L’affaire traitée par le cabinet d’avocats dont Frédéric Thiriez était l’un des associés était d’ordre minime. Mais d’après Mediapart, elle aurait servi à Monaco dans son entreprise de lobbying auprès de la Ligue. Notamment dans le cadre du conflit autour des avantages fiscaux de l’ASM. Les présidents de clubs de Ligue 1 reprochaient au club monégasque de bénéficier d’avantages devant être compensés financièrement. En janvier 2014, Monaco se voit contraint de régler 50 millions d’euros de compensation sur deux ans, jugement finalement invalidé par le Conseil d’Etat en juillet 2015.

"Blessé" par l’hypothèse de "cadeaux"

"Je maintiens aujourd’hui que c’était un bon accord, comme je l’écrivais à tous les clubs dans un courrier du 3 février dont vous pouvez prendre connaissance, explique Frédéric Thiriez. Puisque personne en réalité ne voulait exclure Monaco du championnat, autant mettre les règlements en accord avec les faits et faire bénéficier les clubs d’un versement de 50 millions dont ils avaient bien besoin. Je rappelle que l’ASM participait depuis 80 ans au championnat 'gratuitement'… L’accord a, d’ailleurs, été approuvé par toutes les instances, ministère compris et plutôt salué par la presse."

Avant de justifier le fait d’avoir fourni à l’ASM des éléments de langages à ce propos. "Courant février, les cinq clubs qui avaient été mis en minorité au conseil d’administration ont entrepris de critiquer publiquement la décision pourtant prise démocratiquement, annonçant même qu’ils allaient la contester en justice. Le président de la Ligue, garant du bon fonctionnement de notre institution, est chargé d’exécuter les décisions du conseil. […] Et puisque l’affaire avait été rendue publique par les opposants, nous avons diffusé des argumentaires, notamment à la presse, pour expliquer la position de la Ligue." Tout en se disant "blessé" par l’hypothèse de possibles "cadeaux" dont il aurait pu bénéficier de la part de Monaco. Une hypothèse qu’il nie.