"Qui connaît un peu le Paris FC sait que ses dirigeants ne feront pas de folies": Abline, André, Otavio... Pierre Ferracci évoque les dossiers chauds

Comment se passe le début de préparation estivale de votre point de vue, notamment après la défaite inaugurale contre l’Union Saint Gilloise, champion de Belgique en titre?
C’était un gros calibre en effet et qui en était à son quatrième match de préparation avant un match officiel, en Supercoupe de Belgique. C’est une très belle équipe et on prend un but sur une erreur de relance d’un de nos jeunes. Il n’y a pas de gravité en l’occurrence. La préparation suit son train et elle vient à peine de débuter. Nous allons partir en stage du côté d’Evian dimanche. N’oublions pas qu’il n’y avait aucune de nos nouvelles recrues dans l’équipe, sans oublier notre gardien Obed (Nkambadio) qui avait quelques jours de repos de plus après l’Euro Espoirs. Ça se passe très bien et on a livré un très bon match.
Pour clore la session de matchs amicaux cet été, il y a des négociations avec le FC Nantes. Le match est-il confirmé le 9 août?
C’est en cours, pas encore définitif mais on devrait finir la préparation contre nos amis nantais. On a des bonnes relations avec le club. On a discuté pas mal autour du cas Moses Simon mais le lien n’est pas direct.
Vous n’avez enregistré que deux recrues donc au 18 juillet (Simon et Sangui). Le recrutement est-il plus lent que prévu?
Cela avance un peu moins vite car les sujets sont difficiles et on n’est pas les seuls d’ailleurs. Mais nous avons un plan de recrutement qui porte sur 7 à 8 joueurs et certains dossiers se décanteront au mois d’août. L’objectif est d’avoir 4 à 5 recrues à la fin juillet dans notre effectif. Le marché est un peu compliqué et certains ont des prétentions parfois qui nous semblent un peu excessives. Chacun doit revenir à de meilleurs sentiments et un peu plus de réalisme. Nous avons trois ou quatre négociations en ce moment qui sont à un bon niveau d’avancement. Dans les heures qui viennent on devrait annoncer une troisième recrue.
Ce sera le défenseur Brésilien Otavio du FC Porto?
Je dis qu’un joueur devrait arriver dans les heures qui viennent. Je ne suis pas superstitieux mais tant que tout n’est pas signé, je n’aime pas évoquer le sujet.
On a envie d’évoquer aussi le dossier Benjamin André, avec lequel vous êtes d’accord sur un contrat de 3 ans. Ce serait le joueur idéal pour incarner le Paris FC en Ligue 1?
J’ai toujours du mal de parler de discussions en cours… Pour Benjamin, les fuites n’émanent pas du club. Benjamin fait partie en effet d’un groupe de joueurs qui ont de l’expérience, qui peuvent encadrer un groupe de jeunes. Benjamin a exprimé ses souhaits. Je vais donc laisser l’affaire se décanter. Je respecte suffisamment le président Olivier Létang pour ne pas en rajouter dans les médias. Chacun doit prendre ses responsabilités. Nous prenons les nôtres en respectant les règlements en vigueur. On souhaite d’ailleurs que les clubs qui s’intéressent à certains de nos joueurs face la même chose. En résumé, on souhaite que la volonté de Benjamin soit exaucée mais cela ne dépend pas que de nous.
Quid des rumeurs aussi sur un potentiel transfert à 40 millions d’euros pour un avant-centre comme Mathis Abline? Cela vous fait-il sourire?
Des chiffres ne sont pas réalistes. Certains de vos confrères se transforment en attachés de presse pour faire circuler des chiffres sans même nous avoir approché. Qui connaît un petit peu le Paris FC et ses dirigeants sait très bien qu’on ne fera pas de folies. On respecte les dirigeants de Nantes et nous avons eu une négociation de qualité avec Waldemar Kita et son fils Frank Kita pour le transfert de Moses Simon. La seule chose que je peux dire c’est que concernant les attaquants, nous avons plusieurs pistes prometteuses en termes de qualité des joueurs. Après, nous sommes très attentifs à l’équation économique. Nous ne voulons pas passer pour un club qui fait tout et n’importe quoi car nous avons des investisseurs puissants.
Est-ce que malgré tout le Paris FC pourrait investir de manière importante sur le poste d’avant-centre?
C’est évident que ce sont des denrées très rares, donc les prix montent. C’est une réalité qu'on a connue même en Ligue 2. Quand on veut Jean-Philippe Krasso, qui a été très utile pour assurer cette montée, c’est évident que ça coûte plus cher. Les attaquants font l’objet de transferts importants. Ça renvoie à des enjeux financiers assez lourds.
Le conseil d’administration du Paris FC s’est tenu dans la discrétion la plus totale. Vous avez réussi à conserver beaucoup d’informations en interne. Vous évoquiez un budget aux alentours des 80 millions d’euros en mai dernier, certains parlent du double. Où se situe la réalité?
Je n’ai jamais lâché de chiffres particuliers. Même avant l’arrivée de la famille Arnault, nous restions discrets là-dessus car les chiffres servent à tout et n’importe quoi. Nous avons des enjeux importants et pas que pour les recrues. Le développement du centre de formation et du stade Jean-Bouin nous changent la vie, cela pèse déjà dans le budget de cette saison. J’espère que ça va nous changer la vie en termes de ressources également. On est discret là-dessus. Je suis satisfait que nos actionnaires donnent les moyens au club pour prendre une place qui nous évitera de regarder la fin du classement. J’ai envie qu’on se polarise sur les questions sportives.
La campagne d’abonnement est un succès avec déjà plus de 5500 abonnés. Vous espérez atteindre les 7000?
C’est l’objectif et je pense qu’on va l’atteindre tranquillement. On travaille beaucoup pour cela. On veut laisser aussi beaucoup d’espace pour l’achat de billets en dehors des abonnements. Et j’en profite pour lancer un appel: on veut que nos abonnés soient au stade. Qu’ils ne laissent pas des places vides. On veut maîtriser cela et avoir un public de supporters. On s’efforce de mettre au point des systèmes qui valorisent la présence des abonnés. On veut faciliter l’échange de places mais on veut un second marché maitrisé, sans dérapage spéculatif. On veut un public "de qualité" qui ne laisse pas sa place vide.
Sur le second marché, la plateforme du Paris Saint-Germain est-elle un modèle?
On regarde tous les systèmes et pas seulement celui du PSG que je connais bien pour l’avoir utilisé de temps en temps moi-même. On va s’efforcer d’être incitatif pour que les abonnés soient au stade. Et donc éviter la spéculation sur les places.
C’était une information RMC Sport en mai dernier: les 10% de places gratuites au stade Jean-Bouin sont-elles toujours d’actualité?
Je confirme et même parfois plus de 10%. On va le gérer de manière très active. Et contrairement à Charléty où la gratuité était totale, on va passer uniquement par des associations sportives, sociales ou culturelles. Là encore pour éviter le no-show.
Ce stade Jean-Bouin sera donc partagée avec le Stade Français, équipe de rugby. La nouvelle pelouse hybride est-elle déjà installée?
Les travaux ont débuté début juillet et vont bon train. Pas de mauvaises surprises jusque-là. Pas d’intempéries majeures même s’il a fait très chaud. Ça avance et on sera dans les temps. On a la chance en plus de commencer par deux matchs à l’extérieur donc cela nous laisse une semaine de plus.
Justement ces déplacements à Angers et à Marseille pour débuter la saison, à titre personnel, vous êtes excités de les jouer?
De temps en temps, le dirigeant se transforme en supporter et tombe dans la passion. Aller au Vélodrome aux alentours du 24 août mais aussi à Angers, cela procure beaucoup de plaisir. On va vouloir prendre des points évidemment mais tous les amoureux de ce club vont prendre du plaisir. La Ligue 1 c’est beaucoup de travail, de contraintes, d’obstacles, mais c’est tellement de bonheur.
Avez-vous un objectif chiffré pour ce début de saison en termes de points?
On n’a pas discuté de cela. J’espère que le début de saison 2023-2024 ne se reproduira pas. On comptait 7 défaites en 10 matchs. C’était chaud pour Stéphane Gilli et pour moi. Après on a gagné de façon quasi ininterrompue! Il peut y avoir des démarrages difficiles. On va être prudent, il n’y a pas d’objectif chiffré. On a envie d’être prêt mais la Ligue 1 ça se découvre aussi. On va être prudent mais il faudra tenir notre rang. Il faudra apprendre, mais apprendre vite.
Un dernier mot sur la nouvelle chaîne de la Ligue 1. Êtes-vous optimiste pour son développement?
Nous faisons totalement confiance à Nicolas de Tavernost pour animer ce difficile projet. À partir du moment où les clubs joueront le jeu, il n’y a pas de raison d’être pessimiste. Moi j’espère que le moment venu, les opérateurs historiques reviendront dans la danse. Les planètes n’étaient pas encore totalement alignées et nous en avons pris acte avec Nicolas de Tavernost. Il y a la volonté de réussir les premières opérations. Au Paris FC, nous avons cédé aux appels de la Ligue car nous serons un des premiers clubs à faire l’objet d’une mini-série. Nous ouvrirons nos portes et nous en sommes ravis. En respectant les contraintes du sportif évidemment. Mais je suis optimiste aussi car ce beau championnat mérite mieux sur le plan sportif que le résultat économique des négociations avec les médias. Et donc, il faut le valoriser. Le Paris FC jouera le jeu à fond !