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Real Sociedad-PSG: pourquoi il y a autant de fans du club espagnol en France

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Avant le huitième de finale retour de Ligue des champions entre la Real Sociedad et le PSG, ce mardi à 21h sur RMC Sport 1 (victoire de Paris 2-0 à l’aller), une grande partie des supporteurs du Pays basque soutiendront le club espagnol. Ce dernier est très implantée côté français, où il attire soutiens et futurs talents.

Iñaki Etxemendi, 56 ans, est catégorique. Pour lui, il n’existe que deux options: soutenir l'Athletic Bilbao ou la Real Sociedad. Et, alors que se profile le huitième de finale retour de Ligue des champions face au PSG (ce mardi à 21h sur RMC Sport 1, défaite 2-0 à l’aller), ne lui dites surtout pas qu'il est un Français qui supporte un club espagnol. "Je suis un Basque qui soutient une équipe basque", tranche-t-il.

Cet habitant d'Espelette, dans les Pyrénées-Atlantiques, a découvert dans son adolescence les tribunes du club "txuri urdin" (bleu et blanc), alors basé dans le vieux stade d'Atotxa, avant un déménagement en 1993 au stade Anoeta, rénové en 2019. Et il ne l'a plus jamais quitté. "Socio" (supporteur-membre) depuis plusieurs années, pour lui, la Real "c'est une façon de vivre, une identité", un club "où vous retrouvez des gens du cru", qu'ils soient dirigeants, joueurs ou salariés.

"20% des Socios seraient français"

Et Iñaki Etxemendi n’est pas seul. "À Bayonne, il y a 3 clubs et 1.700 licenciés. Les gens aiment le foot mais il n'y a pas de clubs professionnels, ils vont donc applaudir la Real où près de 20% des socios seraient français", confie Karim Fradin, ancien président et propriétaire de Niort désormais à la tête de l'Aviron Bayonnais FC (N3), dans les colonnes de L’Equipe. "Dans les loges, ça parle beaucoup français, il y a un vrai lien économique, appuie Alexandre Pollet, responsable du recrutement de la Real Sociedad sur le territoire français, auprès du quotidien sportif. Anoeta, quand vous habitez dans le Pays basque français, c'est facile d'accès, il y a l'autoroute. Cela va vite."

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Charles Ollivon, ancien abonné à Anoeta

L’un des fans de la Real Sociedad porte d’ailleurs le brassard de capitaine du XV de France. Né à Bayonne, Charles Ollivon est un fervent supporteur du club basque. En 2014, l’actuel troisième ligne du RC Toulonnais assurait même avoir sa carte d’abonné à Anoeta. "J'y vais autant pour l'ambiance", confiait-il alors auprès de Sud-Ouest, maillot blanc et bleu de l'équipe de Saint-Sébastien sur les épaules.

Les relations entre les deux côtés de la frontière franco-espagnole vont plus loin qu'un vivier de supporters. Depuis dix ans, la Real Sociedad a noué un partenariat avec cinq clubs amateurs, de Bayonne à Hendaye, pour y former des jeunes prometteurs, des éducateurs et "réhausser le niveau général", explique Lionel Cabot, co-président du club des Croisés de Bayonne, à l’AFP.

Repérage de talents dans ses clubs partenaires en France

Selon lui, l'argument Real fait mouche auprès des jeunes joueurs, ou de leurs parents. "C'est un peu comme le projet Mbappé", rigole-t-il, allusion à l'éclosion de la superstar du PSG, passée par l'INF Clairefontaine puis l'AS Monaco. "Mais les élus sont très peu nombreux: on a fait signer deux jeunes il y a deux ans", prévient-il. Le partenariat inclut aussi quelques billets de stade pendant la saison, "mais pas pour ce match-là: ils auraient pu remplir quatre fois Anoeta" et ses 40.000 places, note le dirigeant. Au foyer du club, mardi soir, à Bayonne, ils seront une soixantaine à se réunir pour regarder le match et supporter la Real, assure Lionel Cabot.

En dix ans, sept jeunes joueurs ont ainsi intégré le centre de formation à Saint-Sébastien, explique David Svitac Manzano, recruteur au Pays basque français pour la Real Sociedad. "On commence à travailler avec (les jeunes) dès leurs dix ans, c'est un travail de deux à trois ans en amont. On entraîne 1.000 à 1.500 enfants pour en présenter deux ou trois à la fin", détaille-t-il.

Les talents repérés dans les cinq structures partenaires bénéficient d'un entraînement hebdomadaire spécifique, selon la méthodologie du club basque. Environ 70% des jeunes recrutés par le centre de formation sont issus du Pays basque, au nord comme au sud de la frontière. "L'objectif de la Real, c'est de contrôler la zone. Notre force, c'est un travail de fond, pas juste du repérage", assure l'éducateur.

"De plus en plus le club qui fait rêver les jeunes"

Les "élus" partiront s'entraîner à Saint-Sébastien, à une cinquantaine de kilomètres de là. "La proximité nous aide parce que dans les règles, à cet âge-là, on ne peut pas recruter un joueur qui habite plus loin" que 50 km de part et d'autre de la frontière, soit 100 km de distance maximum, selon le règlement de la Fifa. Alors que l'Athletic Bilbao, basé à 150 km de Bayonne, "doit attendre les 15 ans des jeunes pour les faire venir", ajoute David Svitac Manzano.

David Svitac Manzano constate un "engouement" pour son club depuis quatre ou cinq ans. "C'est de plus en plus le club qui fait rêver les jeunes", estime-t-il. Avec en tête, peut-être, l'exemple d'un Antoine Griezmann. Formé à la Real Sociedad dès ses 14 ans et scolarisé à Bayonne, l'attaquant français a su grimper les échelons jusqu'à l'équipe de France et un titre de champion du monde en 2018. Comme quoi, les échanges entre les deux côtés de la frontière peuvent être plutôt efficaces.

F.Ga avec AFP