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Gallas à cœur ouvert

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De passage à Paris pour la promotion de son livre, William Gallas en a profité pour revenir sur plus de dix ans de carrière au plus haut niveau.

Son adolescence sans ses parents
« A 13 ans, mes parents ont décidé de repartir vivre en Guadeloupe. Ils me l’ont dit le jour où j’ai appris que j’avais réussi les tests de sélection à l’INF Clairefontaine. Cela a été très dur à vivre pour moi. Ils ne savaient pas comment me l’annoncer. Je leur ai dit que ce n’était pas possible, qu’il n’y avait pas d’avenir pour moi là-bas. Je me suis retrouvé seul avec mon oncle et ma tante en métropole. Je suis passé de Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, au XIXe arrondissement de Paris. C’était un peu un choc pour moi. Quand tu as l’habitude d’être avec tes copains dans ta cité et que tu arrives dans le XIXe... Je restais à l’appartement avec mon oncle et ma tante alors que je voulais voir mes potes. Mes parents n’étaient plus derrière moi, donc je pouvais faire ce que je voulais. Mais inconsciemment, ils m’ont beaucoup manqué. Quand tu n’as pas ta mère à côté de toi, il y a des moments où tu peux craquer tout seul dans ta chambre. Je ne faisais pas trop de bêtises mais je n’étais pas un gamin très sage non plus. J’ai eu la chance d’être bien entouré. Entre treize et quinze ans, c’est important d’être bien suivi si on veut percer dans le football. Le week-end, finalement, c’était bien de rester dans le cocon familial plutôt qu’avec ses potes, même si je ne l’ai compris que bien plus tard ! »

Son transfert à Caen
« J’ai choisi la facilité en signant à Caen. Il y avait d’autres joueurs de Clairefontaine qui avaient été recrutés par le club. On était six, c’était plus facile au niveau de l’adaptation. Ce n’est jamais évident de se retrouver dans un club où on ne connaît personne, surtout quand on a 16 ans. J’ai préféré privilégier le fait que j’avais quelques potes qui allaient à Caen. »

Emmanuel Petit, son joueur préféré
« Avec Manu on se comprend bien. On a eu la chance de se côtoyer à Chelsea pendant deux ans. Et depuis, on continue à s’avoir régulièrement au téléphone. On est vraiment des potes. Il m’a donné beaucoup de bons conseils. Il faut le connaître. C’est quelqu’un de vrai qui ne mâchent pas ses mots et qui dit souvent la vérité. On se ressemble tous les deux. Une fois, à Chelsea il m’a même dit : « Tu m’énerves. Avec toi, j’ai l’impression de me voir ! »

Ses années à Marseille
« J’avais aussi été sollicité par Auxerre. Mais je n’aurais pas pu aller là-bas. C’était trop strict pou moi. J’ai déjà passé par Clairefontaine… J’avais besoin de liberté. La première saison a été très dure. J’ai été obligé de prendre une licence amateur pour aller là-bas. Mais je voulais montrer aux dirigeants que je méritais ma place. Il a fallu que je me batte à l’entraînement tous les jours en sachant que le week-end je ne pouvais pas jouer. Le week-end, je travaillais encore plus que les autres avec le préparateur physique. Mentalement, je suis devenu très costaud. Je n’ai joué que les trois derniers matches de la saison car la situation a fini par se régler. C’est le président Robert Louis-Dreyfus qui m’avait choisi. Rolland Courbis, le coach, ne me connaissait pas. J’ai dû faire mes preuves. Si tu réussis à Marseille, tu peux aller partout après. Les supporteurs sont très exigeants. Tu n’as pas droit de te louper. Quand j’ai quitté Marseille, je n’avais pas peur d’aller à Chelsea. »

Son avenir après Arsenal
« Je ne sais pas… Je n’envisage pas encore à l’après Angleterre. Je pense à Arsenal point final. »

Envie de devenir entraîneur ?
« Pourquoi pas… J’ai déjà pensé à tout ça mais pour l’instant je préfère me consacrer au football. Il me reste encore quelques belles années à faire. Mais j’essayerai de passer mes diplômes d’entraîneur. Le terrain, c’est ma passion. C’est là où je me sens le mieux. Je connais quand même pas mal de choses sur le football. Je pourrais peut-être les faire partager. Mais être entraîneur, ça ne veut pas dire forcément entraîner une équipe de première division, ça peut-être aussi s’occuper de jeunes. »

L’équipe de France
« 2008, ce n’était pas une année évidente. Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’on est toujours en course pour la se qualifier à la Coupe du monde. Le groupe a démontré sa force mentale face à la Roumanie en revenant de 0-2 à 2-2. On aurait pu faire mieux. En 2009, on n’aura pas droit à l’erreur. J’ai hérité du brassard face à l’Uruguay. Mais les capitaines, on les connaît. C’est Patrick Vieira et Thierry Henry. Des monuments. Moi, je viens après.

Si on ne se qualifie pas pour la Coupe du monde en Afrique du sud, je laisserai peut-être la place aux jeunes. J’aurai 33 ans en 2010. Il faudrait voir si les jambes peuvent encore suivre. Mais j’ai envie de participer au Mondial et de le gagner. »

Raymond Domenech
« Il faut le connaître. La plupart des gens ne le connaissent qu’en tant qu’entraîneur. Moi, j’ai eu l’occasion de parler avec lui d’autres choses. Il m’a beaucoup aidé à un moment difficile de ma vie. Il m’a écouté. »

Pape Diouf
« Son discours fait avancer la cause des Noirs. C’est le seul président de club de couleur. Le monde est en train de changer. On le voit avec Obama aux Etats-Unis. Ça va venir petit à petit. Diouf est un exemple pour la suite. J’ai eu l’occasion de le fréquenter plusieurs années. Il stabilise le club. Il travaille avec les bonnes personnes. Gerets n’a pas peur de dire les choses aux joueurs.

Les jeunes et les anciens
« On joue au haut niveau très jeune… Mais ce n’est pas un problème qui concerne uniquement le football. C’est la société qui veut ça. Quand je vois comment mes petits cousins se comportent avec leurs parents… Ça n’a rien à voir avec notre époque. »

Lassana Diarra
« Il vient de signer au Real Madrid. Je suis content pour lui. J’ai eu l’occasion de le fréquenter à Chelsea et à Arsenal. Ce que j’aime chez lui, c’est sa force mentale. Il connaît ses qualités et il sait qu’il peut devenir l’un des meilleurs milieux de terrain du monde. Il peut faire une carrière comme Makelele voire une meilleure carrière encore. »

Yoann Gourcuff
« Il a impressionné tout le monde. Il est rentré par la petite porte. Maintenant, il ne va plus bouger. C’est un jeune qui a envie de montrer beaucoup de choses. Son passage au Milan AC lui a beaucoup appris. Sur un terrain, il s’éclate. Il fait les bonnes passes au bon moment. Il marque des buts extraordinaires. On compare certains de ses gestes avec ceux de Zidane. Mais il a aussi le même regard que Zizou. On y lit la même humilité. »

La rédaction