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Aulas : « Niang avait envie de jouer à Lyon »

Le président lyonnais est satisfait du mercato de son club.

Le président lyonnais est satisfait du mercato de son club. - -

Sur l’antenne de RMC, le président lyonnais est revenu sur le mercato estival de son club. Il a notamment révélé des discussions infructueuses avec le Marseillais Mamadou Niang.

Jean-Michel Aulas, pourquoi avoir vendu Fabio Grosso à la Juve et Anthony Mounier à Nice ?

Fabio était sollicité par la Juve. Ils étaient assez loin des règles que nous avions fixées. Fabio a fait valoir qu’étant loin d’être titulaire, ça lui était difficile d’être en sélection, surtout avec la perspective du Mondial 2010. La Juve a fait un gros effort cet après-midi. On a donc libéré Fabio pour qu’il puisse rejoindre la Juventus. Anthony Mounier souhaitait rejoindre Nice depuis un certain temps. Ça ne s’était pas fait lorsqu’on souhaitait enrôler un joueur de Nice (Loïc Rémy, ndlr) qui malheureusement nous a échappé. On a essayé de dépasser cette position d’orgueil. On a laissé la possibilité à Anthony d’avoir un contrat. Toutes ces transactions se sont faites un peu tardivement mais pas contre l’avis de Claude Puel. En tant que manager, il a suivi le détail de ces mouvements.

Avez-vous des regrets sur ce mercato, notamment au sujet de Mamadou Niang ou de Patrick Vieira ?
Mamadou fait partie des joueurs phares du championnat de France. C’est lui qui est venu nous voir avec son agent. Je crois qu’il avait envie de jouer à Lyon. Comme c’est un excellent joueur, on a participé à une discussion. Les choses ont évolué et cela lui a permis de faire un excellent contrat à Marseille. Nous ne regrettons rien. D’autres joueurs auraient aussi pu venir à l’OL. Le cas de Patrick Vieira est différent, plus compliqué. Il n’y a jamais eu de proposition faite à Patrick. On a simplement regardé cette possibilité. Il a un statut important en Italie. On a fait ce qu’on a souhaité. On a donné à Claude Puel les moyens d’aller au bout de ses idées, même si nous avons dépensé 72 millions d’euros.

« Pas de proposition pour Vieira »

D’Eric Abidal à Michel Bastos cette saison, de nombreux joueurs lillois ont rejoint l’OL. Quelle sera la prochaine cible du Losc de l’OL ?
Les bons joueurs sont connus. Certains ont réussi, d’autres pas. Kader (Keita) n’a malheureusement pas réussi chez nous. Contrairement à ce qui a été dit, on n’a pas perdu beaucoup d’argent. On l’a vendu à Galatasaray à la valeur nette (8 millions d’euros). On ne peut pas être toujours gagnant, mais on essaie de ne pas être trop perdant.

Ce mercato est-il le plus difficile que vous ayez eu à gérer ?
Non. Cela fait 22 ans que je dirige l’OL. Il y a eu des périodes où nous étions en Division 2, complètement ruiné, sans aucune possibilité de faire des transferts et donc de participer au mercato. Aujourd’hui, grâce aux excellentes performances et à la bonne gestion du club, on est quasiment à égalité avec la plupart des grands clubs européens. Pour Lisandro Lopez, on était en concurrence avec le Barça. Pour Aly Cissokho, il y avait la concurrence de l’AC Milan et de l’Inter. Pour Bastos, c’était les plus grands clubs anglais. Bafé Gomis est venu à Lyon avec des propositions venues d’Angleterre. Avant, on ne pouvait pas lutter. On a fait des efforts. On a pris des risques. Attendre les résultats de ce mercato a été difficile. On est content que ce début de saison se passe bien.

« On a fait des efforts, on a pris des risques »

Avez-vous eu l’impression qu’il y a eu un prix pour l’OL et un prix pour les autres clubs ?
Ça peut être une impression. Quand vous voulez un joueur, vous devez mettre le prix, sinon vous ne l’avez pas. Pour avoir les quatre joueurs que nous souhaitions, il a fallu mettre un peu plus d’argent que ce que nous avions prévu. Mais on a eu ces quatre joueurs que Claude Puel et toute la cellule de recrutement désiraient. Quand on est allé à Porto pour discuter au sujet de Lisandro, il y avait des propositions supérieures. Lucho Gonzalez est parti à Marseille pour 18 millions d’euros plus 10 millions de bonus (quatre millions en fait, ndlr). C’est un joueur qui est plus âgé que Lisandro. On n’a pas critiqué le prix. On a de la suite dans nos idées. Quand on veut un joueur, maintenant on essaie de l’avoir. On peut avoir l’impression de surpayer, mais en fait non. Nous avons payé le prix de quatre très grands joueurs qui étaient sollicités par la plupart des grands clubs européens.

Qu’est-ce qui a changé depuis vingt-deux ans que vous dirigez l’OL ?
Le vertige lié à la valeur des chiffres est important. Quand vous vous trompiez il y a quelques années, vous ne mettiez pas en difficulté le club et l’ensemble de ce qui tourne autour. Par ailleurs, aujourd’hui, les joueurs et leurs représentants sont beaucoup plus organisés, en particulier sur le plan de la communication. On ne maîtrise plus le secret. Enfin, on est beaucoup plus sécurisé sur le plan de l’information. On a accès à une base de données incroyable sur les joueurs, notamment à travers les vidéos mais il y a aussi un vrai travail réalisé sur la personnalité du joueur, ses habitudes et sa capacité d’intégration.

Il y a eu un phénomène Porto en Ligue 1 durant l’intersaison. Cissokho et Lisandro ont rejoint Lyon, Lucho Gonzalez l’OM. Comment l’expliquez-vous ?
L’an passé, Porto a fait un parcours en championnat de qualité. En Ligue des champions aussi. Le quart de finale aller à Manchester United (2-2, ndlr) avait été époustouflant. Au niveau des stats, ils ont démontré toute la saison une qualité que l’on avait pu voir il y a cinq ans lorsque le club était devenu champion d’Europe. Les performances de ces joueurs ont fait qu’ils ont été extrêmement sollicités. Cela fait un an et demi qu’on suivait Lisandro Lopez. On avait aussi un œil sur Aly Cissokho lorsqu’il était au Vitoria Setubal. Marseille suivait aussi Lucho Gonzalez. La vitrine de la sélection argentine est très bonne.

« En Ligue 1, la concurrence est indispensable »

Au mois de février dernier, après l’élimination en Ligue des champions face au Barça, vous aviez tiré la sonnette d’alarme, en déclarant que le football français devait se bouger. Or, il semble aujourd’hui qu’il y ait un peu plus d’enthousiasme. Qu’est-ce qui a changé ?
Le foot français s’est remis en cause. On a tiré les conséquences de performances qui sont liées aux clubs français et à l’équipe nationale pour se dire qu’il fallait créer une dynamique nouvelle en Ligue 1. Il y a eu une prise de conscience : à travers l’investissement, on pouvait bâtir des équipes plus offensives. Je ne suis pas jaloux de ce que réussissent les autres. La concurrence est indispensable. Lyon n’a jamais souhaité que la concurrence.

Qu’est-ce que vous aimeriez que l’on dise de vous et que l’on ne dit pas assez ?
Que j’ai beaucoup participé à l’évolution du football français. En défendant parfois l’OL, c’est tout le foot français que l’on défend. Si on a quatre clubs gérés comme des entreprises qui ont envie de concurrencer les plus grands clubs européens, c’est aussi parce que Lyon a montré la voie.

La rédaction