"C'est inacceptable": le match Nice-OL interrompu pour chant homophobe... l'arbitre ne connaissait pas l'hommage des supporters aux victimes de l'attentat de Nice

C'est un cri du coeur et un hommage que les supporters niçois ne cessent de rendre depuis ce funestre 14 juillet 2016. Ce soir-là, une attaque terroriste au camion-bélier tuait 86 personnes et en blessait des centaines d'autres sur la célèbre promenade des Anglais à Nice, à la toute fin du feu d'artifice et des célébrations de la fête nationale. Depuis, les supporters niçois scandent, à la 86e minute (comme le nombre de victimes) de chaque match, un chant anti-Daech: "Daech, Daech on t'enc*le."
Sauf que ce samedi, à l'occasion de la réception de l'OL, l'arbitre de la rencontre Jérôme Brisard a immédiatement stoppé le match lorsqu'il a entendu ce chant descendre des tribunes et demandé au speaker de l'Allianz Riviera de faire une annonce auprès des supporters pour qu'ils cessent. Ce dernier s'est exécuté, sous les sifflets des fans niçois qui ont repris les chants de plus belle.
"Un manque de respect pour les victimes, leurs familles et toute la ville"
Une application stricte des règles - les arbitres doivent arrêter un match pour des chants à caractère homophobe, raciste ou discriminant - qui a provoqué l'incompréhension de tous les Aiglons. A l'issue du match, le club a publié un communiqué pour s'insurger de cette situation. "L’histoire retiendra qu’un match de Ligue 1 a été arrêté par un arbitre après qu’un public a eu des mots licencieux envers une organisation terroriste ayant endeuillé une ville française", peut-on lire. "C’est inacceptable. C’est un manque de respect pour les victimes du 14 juillet, leurs familles, et toute la ville de Nice. Pas seulement l’OGC Nice", a réagi Fabrice Bocquet. "Nous avons extrêmement mal vécu ce moment."
Et le président du Gym, qui est allé à la rencontre de Jérôme Brisard ainsi que du délégué du match après le coup de sifflet final, de poursuivre: "Cette interruption du jeu, comme l’ultimatum fait à notre speaker de prendre le micro pour faire cesser cette manifestation sous peine que le match ne reprenne pas n’auraient jamais du arriver. L’arbitre m’a dit ne pas être au courant et avoir voulu appliquer les consignes qui sont faites."
L'arbitre n'était "pas au courant du contexte" et a présenté ses excuses
Une version confirmée par Antony Gautier. "J'ai échangé avec Jérôme brièvement après la rencontre, s'il a clairement entendu 'on t'enc...', il a été dans l'incapacité d'entendre le premier mot, à savoir le terme Daech. S'il avait eu connaissance du contexte, il n'aurait pas, à titre exceptionnel, arrêté le match. M. Brisard en a pris connaissance quand Franck Haise lui a partagé l'information", a assuré le directeur de l'arbitrage auprès de L'Equipe.
"Alors que la 86e minute (du nombre de victimes, ndlr) est sacralisée à l’Allianz Riviera depuis l’attentat, qu’un coeur formé du nom des disparus s’affiche à chaque match sur les écrans du stade, et que le public niçois se manifeste bruyamment et visuellement avec des milliers de flashs aux quatre coins de l’enceinte, la réaction du corps arbitral a fortement ému l’assistance", poursuit le communiqué du club niçois. "C’est un manque de préparation et de sensibilité, et cela n’aurait jamais se produire, ce que le délégué a convenu. L’arbitre a présenté ses excuses. Nous ferons dès cette semaine le nécessaire auprès de la FFF, de Philippe Diallo et d’Anthony Gautier pour que cela ne se reproduise jamais", conclut le président du Gym.
Malgré cet incident, l'OGC Nice a frappé un grand coup sur sa pelouse en l'emportant face aux Lyonnais (3-2), qui avaient l'occasion de prendre provisoirement la tête du championnat. Grâce à des réalisations de Melvin Bard (5e), Sofiane Diop (55e) et Hicham Boudaoui (55e), les Aiglons ont mis fin à leur série noire et intègrent la première partie de tableau, à la huitième place provisoire.