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Comment l’OL s’est mis à voler en low cost

Jean-Michel Aulas

Jean-Michel Aulas - -

Le départ de Cris, dernière figure du grand Lyon, symbolise le changement de catégorie. Confronté à un gonflement de la masse salariale en même temps que son nouveau stade accumulait les retards, l’OL s’est infligé une cure d’austérité.

Dans le rouge depuis trois saisons
A la reprise, l’OL s’appuie sur un groupe de 20 joueurs contre 23 l’an passé, plus les jeunes du centre de formation. Le budget du club de Jean-Michel Aulas (hors transferts) est de 130 M€ contre 139,6 M€ en 2008-2009. La première source de revenus est constituée des droits de retransmission télévisés (43,8 M€). Bénéficiaire de 2005 à 2009, l’OL n’a dû son salut en 2009 qu’au départ de Benzema au Real (35 M€), permettant de finir avec un bénéfice de 5,3 M€. Depuis, Lyon, qui s’est montré moins impérial dans les négociations, enchaine les déficits : 35 M€ en juin 2010, 28 M€ en juin 2011, 9,3 M€ en juin 2012. Communication officielle à l’issue du dernier l’exercice : « Le conseil d’administration maintient son objectif prioritaire pour la saison 2012-2013 de réduction significative du nombre de contrats joueurs (cession et fins de contrats), couplé à une intégration volontariste de jeunes talentueux issus du centre de formation. Ceci devrait permettre la réduction nécessaire de la masse salariale et des amortissements de joueurs avec un objectif de retour à un équilibre d’exploitation structurel. »

L’opération vide-grenier, entamée en 2011 (Toulalan, Pjanic), pouvait commencer : Belfodil, Kallström, Lloris, Cisokho, Cris, Mensah, Ederson, Kolodziejczak. « Aulas a décidé de se séparer de la plupart de ses joueurs pour les remplacer par des jeunes. Il est extrêmement intelligent. Il sait que le modèle actuel ne va pas », résumait Richard Olivier, le président de la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion) au moment du passage de l’OL devant le gendarme financier du football, début juin. 

Le Stade des Lumières dans l’obscurité
L’entrée en bourse en février 2007 avait pour but de financer le Stade des Lumières (ou OL Land), qui devait voir le jour en juin 2010. Nous sommes en septembre 2012 et on ne sait toujours pas quand la première pierre sera posée, sachant qu’il faudra compter 27 mois de travaux...Tous les recours ne sont pas purgés, même si celui des opposants qui attaquaient la déclaration d’intérêt général (DIG) a été débouté. Une autre démarche administrative est en cours contre le permis de construire. Alors que le tour de table financier demeure à l’étude. Actuellement, Gerland assure 20 M€ de recettes (billetterie, VIP). Avec le nouveau stade, ce serait entre 40 et 60 M€. Mécaniquement, le Stade des Lumières ferait passer le budget de l’OL de 130 à 230 M€. On comprend l’impatience de « JMA ». 

Ligue des champions dépendance
Lyon découvre la vie sans la C1. Une première depuis 1999. Un réveil douloureux aux répercussions sonnantes et trébuchantes. De septembre 2000 à mars 2012, la Ligue des champions a apporté 180 M€ bruts dans les caisses de l'OL en 114 matches. L'an passé, 15,6 M€ bruts. Qualifiée pour la Ligue Europa, l’équipe de Rémi Garde devra aller au bout pour espérer 10 M€. Ce qui faisait dire au coach des Gones : « Manquer la Ligue des Champions, ce n’est pas la fin du club. Nous étions dans une phase de transition. Nous y sommes encore et il faut continuer de travailler pour retrouver la Ligue des Champions et ce n’est pas simple. Mais on ne sait jamais le temps que cela prendra. L’an passé, nous avons quand même remporté la Coupe de France et nous nous sommes qualifiés en Ligue Europa, c’est quand même pas mal pour une année de transition. Les moyens ne sont plus les mêmes que par le passé. La construction du nouveau stade doit nous tirer vers le haut. » En attendant, l’OL vole en low cost.

Louis Chenaille et Edward Jay