Et si la Chine dominait le foot ?

Didier Drogba et Nicolas Anelka - -
Le foot se lève à l’Est. Au Moyen-Orient, en Asie, se dessinent peut-être les contours de ce que sera le cadre du sport le plus populaire du monde au cœur du XXIe siècle. Depuis le printemps dernier, la France du ballon rond découvre le Qatar et ses immenses ressources financières, mises à disposition du Paris Saint-Germain et de la chaîne Al-Jazira. Cet hiver, c’est depuis la Chine que souffle un vent de nouveauté. Jun Zhu, le fantasque président du Shanghai Shenhua, s’est déjà offert les services de Nicolas Anelka pour un salaire d’environ 230 000 euros par semaine. Et rêve désormais de Didier Drogba.
Et si ce n’était qu’une simple bande-annonce des 10 ou 20 prochaines années ? « La Chine n’a jamais renoncé à être le centre du monde, a expliqué l’économiste Pascal Perri dans le Moscato Show, ce mardi sur RMC. Et dans tous les domaines. Ils ont commencé dans l’industrie lourde, dans les petites productions. Ils continuent avec les produits à haute technologie. Ils veulent aussi ce qui fait notre spécificité, notre savoir-vivre. Le gouvernement chinois veut offrir du spectacle à l’opinion publique, en reprenant la logique des empereurs romains, ‘‘du pain et du jeu’’. »
« Le salaire d’Anelka n’a rien de choquant en Chine »
Avec des businessmen dans les toges de César ou Auguste. « Le propriétaire du club de Shanghai est ce qu’on appelle un ‘‘tycoon’’, analyse Pascal Perri. Il a réussi dans les affaires, dans la nouvelle économie. Il a la licence exclusive en Chine du jeu vidéo World of Warcraft. Il est propriétaire d’une société qui s’appelle The Nine, qui est cotée au Nasdaq, dans le secteur de l’internet. Il dispose d’une fortune considérable et il avait déjà manifesté de l’intérêt pour Liverpool. » Il n’y avait alors rien de très sérieux, même si sa passion l’avait conduit à imposer à son entraîneur de l’aligner lors d’un match amical contre les Reds en 2007.
Jun Zhu s’est aussi fait remarquer à cause de ses retards dans le paiement des salaires ou de la vente express de ses meilleurs joueurs. Mais si son excentricité n’est pas partagée, son profil pourrait se répandre. « Le salaire dont on parle pour Anelka est à l’échelle de la Chine, assure Pascal Perri. Ça n’a rien de choquant de ce côté du monde. Il y a aujourd’hui 2 000 milliards de dollars qui dorment dans les fonds souverains de Chine. Ce sont les nouveaux riches de la mondialisation. Comme en Russie, où l’Anzhi Makhachkala appartient au propriétaire d’une société spécialisée dans les hydrocarbures, on flambe, on s’achète du spectacle, un club de football. Au fond, on s’achète un patrimoine. » Pendant que celui du Vieux-Continent se fissure…