Eto'o, le salaire de la peur

Samuel Eto'o jouera dans le championnat russe - -
C’est donc là, au bord de la mer Caspienne, dans une ville à l’architecture austère, vestige de la période soviétique, que Samuel Eto’o va poser ses valises. Enfin, pas tout à fait. Car si le Camerounais s’est engagé avec l’Anzhi Makhachkala après un transfert d’environ 30 millions d’euros et un salaire de 20,5 millions d’euros annuels (+20 000 € par but et un jet privé pour se rendre au stade !), il résidera, comme les autres joueurs du club, à Moscou. Soit à plus de 1500 km du siège de son club. Le climat d’insécurité qui règne dans cette région frontalière de la Tchétchénie est tel que même les entraînements du club s’effectuent dans la capitale russe ! L’ancien attaquant du FC Barcelone n’aura donc l’occasion d’apercevoir les charmes de la capitale de la république du Daguestan que les jours de match.
Sur les terrains adverses, Samuel Eto’o pourrait cependant connaître quelques soucis, à l’instar de Roberto Carlos, son futur coéquipier. « Il a reçu des bananes et a quitté le terrain cinq minutes avant la fin du match en pleurant (face au Zénit Saint-Pétersbourg en mars dernier, Ndlr), indique Aurélien Montaroup, défenseur français du Dinamo Minsk (Biélorussie), qui a affronté l’Anzhi Makhachkala en match amical il y a trois mois. Il y a un peu de racisme au niveau des joueurs noirs. » Ce genre de gestes obscènes ne devrait malheureusement pas cesser avec l’arrivée du quadruple ballon d’or africain, comme le pressent le Français : « Les clubs qui vont recevoir l’Anzhi peuvent avoir recours à ces choses-là pour déstabiliser des joueurs comme Eto’o ou Roberto Carlos. Il va y avoir du racisme. Mais ce sont des stars, ils ont l’habitude de cela et passer au-dessus. »
Un club aux moyens illimités
Du côté du challenge sportif, le tableau est à peine plus réjouissant pour le moment. Quatrième du championnat russe à neuf journées de la fin, l’Anzhi Makhachkala n’est pas certain de participer à une Coupe d’Europe la saison prochaine. Une absence de résultats qui pourrait vite être estompée par les investissements majeurs de Suleyman Kerimov, le propriétaire du club depuis janvier dernier. 118e fortune mondiale selon le dernier classement publié par le magazine Forbes grâce à son entreprise pétrolière, cet homme de 45 ans a pour ambition de faire de l’Anzhi un grand d’Europe. Pour preuve, avant Samuel Eto’o, il a fait signer Yuri Zhirkov, pour une quinzaine de millions d’euros en provenance de Chelsea et serait, selon la presse espagnole, prêt à dépenser 40 millions pour attirer le Barcelonais Daniel Alves. « Si on me l’avait proposé, j’y serais allé aussi », lance d’ailleurs Ludovic Giuly, ancien coéquipier d’Eto’o à Barcelone. Avec l’ancien Milanais comme fer de lance, l’Anzhi se donne en tout cas un sacré coup de projecteur.