Le foot se lève à l’est

Samuel Eto'o - -
Un second rideau de fer est tombé. L’élite du football européen s’est ouverte aux anciens pays du bloc soviétique et n’est donc plus cantonnée à l’Ouest. Précurseurs, le Shakhtar Donetsk et le Zénith Saint-Pétersbourg sont venus concurrencer leurs poussiéreux et vieillissants homologues du Dynamo Kiev et du Spartak Moscou dans le but de développer le football dans la région. Propriétés de Gazprom (Zenith) et de SCM Holding (Shakhtar), ces clubs ont misé sur le cosmopolitisme pour régner sur l’Europe. Un pari osé mais réussi avec, pour chacun d’eux, une Europa League et des arrivées de renom international.
Si ces milliardaires ont fait preuve de raison dans la gestion de leur club, ce n’est pas vraiment le cas des nouvelles terreurs de l’Est. Alors que le club chinois de Guangzhou s’est fait connaître pour avoir offert un salaire mirobolant à un parfait inconnu argentin (Dario Conca), les Russes du Terek Grozny et de l’Anzhi Makachkalah ont eux aussi fait beaucoup de bruit ces dernières semaines. Le richissime président de Grozny, Ramzan Kadyrov, chef d’état tchétchène peu soucieux du respect des droits de l’homme, a organisé un match de gala très décrié en mai dernier. L’Anzhi s’est lui fait connaitre à travers le marché des transferts en recrutant R.Carlos, Boussouffa, ou encore Zhirkov. Une liste prestigieuse à laquelle pourrait s’ajouter Samuel Eto’o dans les prochains jours.
Le foot, nouvel outil de propagande.
Nouvelle terre d’accueil pour de nombreux footballeurs, ces clubs de l’Est n’ont, en réalité, que de l’argent à offrir. Enormément. Ils sont devenus les jouets de « nouveaux riches » ayant profité de l’explosion du bloc soviétique, au début des années 90, pour faire fortune dans la politique, l’immobilier ou l’énergie. Aujourd’hui, ces clubs sont autant décriés pour la provenance douteuse de leurs fonds que pour leur façon de les investir. Leurs propriétaires ont rapidement compris qu’à travers le football, « l’opium du peuple » comme ils le nomment, ils pourraient bénéficier à la fois d’une bonne image et d’une promotion mondiale. Après le développement de la Major League Soccer, puis l’importance prise par le championnat qatari et sa tendance à recruter des stars vieillissantes, voici que l’Est se réveille. Cette fois, c’est sûr, l’Europe occidentale n’est plus seule sur la planète football.