Puel : « Cinquante ans, le moment de voir à l’étranger »

Claude Puel - -
Claude, allez-vous revenir sur un banc avant la fin de la saison ?
On ne sait jamais ce qui peut arriver, mais il faudrait vraiment que ce soit un gros challenge sportif, quelque chose qui me fasse sortir de ce congé pour replonger. Je ne veux pas me précipiter. J’ai refusé pas mal de choses. Il faut que je sente bien la chose, que je puisse participer à une vraie aventure avec un club. Je suis ouvert. J’ai 50 ans, c’est éventuellement le moment de voir à l’étranger. Ça dépendra des propositions. Je me sens armé maintenant pour éventuellement voyager. Un bon challenge sportif à l’étranger, ça me plairait.
Vous avez déjà confié votre attirance pour l’Espagne…
C’est un souhait. C’est vrai que j’aime bien la mentalité espagnole, la vie espagnole. Mais les championnats anglais et allemand me plaisent également. Je ne suis pas arrêté. Tout dépendra surtout du projet sportif. C’est vraiment ce qui me déterminera. Sans citer de nom, je ne sais pas si c’est un luxe, mais j’ai pas mal de propositions de clubs étrangers et de sélections nationales. Mais encore une fois, je me suis inscrit dans une année sabbatique. Il faudrait que beaucoup de choses soient réunies pour que j’en sorte.
Auriez-vous pu retourner à Monaco ?
Si on m’avait proposé quelque chose, je l’aurais étudié. Ça n’a pas été le cas. Je suis l’actualité de Monaco parce que c’est mon club de cœur. Et ça ne m’indiffère pas, loin de là. Je souhaite le meilleur à Monaco et déjà que le club puisse se maintenir en Ligue 2. Ça ne date pas de cette année, mais de plusieurs saisons. C’est un club qui doit se reconstruire, pas simplement sportivement. Il y a beaucoup à faire en termes de structures et de sportif. Cette année, asseoir l’équipe en deuxième division sera le plus important. Et après, que tout le monde construise le futur de ce club.
« C’est vrai que j’ai eu un traitement particulier… »
Frédéric Antonetti a récemment pris votre défense, en regrettant qu’on ait voulu vous « tuer » la saison dernière. Avez-vous des regrets ?
Je n’ai pas tellement envie de me retourner. Ce qui m’intéresse, en tant qu’entraineur, c’est d’aller au bout de mes convictions et de ne pas dévier de la trajectoire. C’est vrai que j’ai eu un traitement particulier. Ça a toujours été important pour moi en tant qu’entraîneur de protéger le club, les joueurs, tous les intervenants et salariés. Vous ne m’entendrez jamais dire du mal, quand je suis en fonction, quand je suis salarié. C’est un devoir de protéger. J’ai pris énormément de coups, tous les ressentiments qui pouvaient se présenter. Mais il n’y a pas de problème. Je pense que ça fait partie de la fonction.
Avez-vous fait des erreurs ?
Tout le monde commet des erreurs, même le meilleur entraîneur. Il y a bien sûr des erreurs qui ont été commises. Mais je considère que ce qui a été réalisé, dans ces conditions, dans cet environnement extérieur et intérieur, est déjà très bien. On peut toujours mieux faire avec, notamment, encore plus de solidarité. L’essentiel, pour l’Olympique Lyonnais, c’est qu’il dispute la Ligue des champions, qu’il a toujours un effectif de qualité, qui n’a pratiquement pas bougé. Il y a également des jeunes qui ont été élevés et qui sont prêts à rendre de bons services.
« Gourcuff n’avait pas la maturité nécessaire l’an passé »
Hugo Lloris ferait-il un bon capitaine pour les Bleus ?
Oui, bien sûr. Il a toutes les qualités pour l’être. Il était un jeune gardien au début avec moi. J’ai poussé Hugo à intervenir encore plus au sein du groupe au cours des deux dernières saisons, pour lui donner encore plus d’importance. Il a du caractère. Il est très exigeant envers lui-même, ses partenaires, son entourage. Il peut faire un très bon capitaine. Comme Eric Abidal, également, qui a pour moi la stature. Hugo a la faculté de bien analyser, de prendre du recul, pour ne pas dire des choses à chaud.
Comment expliquez-vous les difficultés de Yoann Gourcuff depuis son arrivée à Lyon ?
Il a eu pas mal de choses à digérer, d’un nouveau statut acquis à Bordeaux à l’équipe de France en passant par son arrivée à Lyon, où il a été présenté comme une grande vedette. Ce n’est pas quelqu’un de très extraverti. Il est même très réservé. Il a eu beaucoup de choses à assimiler. Petit à petit, il va retrouver son niveau parce qu’il a de la qualité et surtout parce que son environnement sera propice à la performance. A Lyon, en ce moment, l’environnement est plus stable. C’est plus intéressant pour lui de revenir tranquillement, sans être attendu. Il n’avait pas encore la maturité nécessaire pour tout absorber l’année dernière.