Qu’est-donc devenu Jean-Marc Bosman ?

Flash-back. 1990. Un jeune joueur de 26 ans, un international Espoir belge, est en fin de contrat avec son club, le FC Liège. Ce joueur est désormais connu du supporter du ballon rond, connu également des agents de joueurs et connu, enfin, des tribunaux. Son nom ? Jean-Marc Bosman. Sans le savoir, la vie de cet homme va révolutionner le système international des transferts de joueurs. En effet, Bosman, qui souhaitait absolument rejoindre le club français de Dunkerque, n’a pas hésité, devant le refus de son club de le libérer, à attaquer ce dernier en justice devant le CJCE (Cour de Justice des Communautés Européennes).
L’inexorable descente aux enfers
Le joueur souhaitait défendre deux points, forts litigieux à son sens. Premièrement…Le fait, que son club puisse réclamer une indemnité de transfert alors que son contrat touchait à son terme avec le FC Liège. Deuxièmement… l’existence d’un quota permettant seulement à un club de compter dans ses rangs trois joueurs étrangers ressortissants de l’Union Européenne. La suite… tribunaux, scandales, déclarations, pression… pour enfin, en 1995, obtenir gain de cause. Une victoire qui permettait à la fois aux joueurs en fin de contrat de devenir libre… et aux membres de l’Union Européenne de circuler librement à l’intérieur du Vieux Continent. Une révolution dans le monde du football, une révolution également sur le marché des transferts… Mais dix-huit ans après, qu’est-donc devenu Jean-Marc Bosman ? L’homme, on ne l’a su que quelques temps après, a certes touché des indemnités intéressantes mais n’a jamais pu rebondir professionnellement. Et depuis ? L’intéressé raconte.
« J’ai sombré dans la déprime, j’ai eu des promesses de la FIFPro… J’ai sombré dans l’alcoolisme. Je sors d’un procès, je suis complètement lessivé. Moralement, affronter l’UEFA, c’est quelque chose… J’ai alors eu un échappatoire… L’alcool. Et je sombre dedans. A un moment donné, je ne voulais plus qu’une chose : rester chez moi. Je me cachais. Tous les jours, j’entendais que ceci ou cela était de la faute de l’arrêt Bosman. J’ai mené un combat juste. Je voulais la libre circulation des joueurs en Europe. Le football est une activité économique et pas une exception sportive comme l’UEFA et la FIFA se plaisent à le dire. Ce que j’ai offert avec cet arrêt, c’est du travail pour tout le monde… et j’en ai payé le prix. J’en ai eu marre. Je me suis saoulé tous les jours. J’avais envie de crever. D’ailleurs, j’ai bien failli crever. »
Contre le 6+5
Invité de Luis Attaque, Jean-Marc Bosman a également tenu à s’exprimer sur le désiderata profond de la FIFA et de son président, Joseph Blatter, de ces dernières années : mettre en place un système de quotas, le fameux 6+5 (6 joueurs nationaux et cinq étrangers par club) afin d’éviter un déséquilibre entre la puissance de certains clubs et la faiblesse, en contrepartie, de certaines équipes nationales. Selon lui, cette mesure contredirait dans les grandes lignes le combat qu’il a mené autrefois.
« Je le dis, encore une fois et de façon claire. Un footballeur est considéré comme un travailleur. Un pharmacien, s’il veut travailler quelque part, il en a le droit. Si jamais cette loi passe, on ira à l’encontre de l’arrêt Bosman. Ce qu’il va se passer, c’est une diminution des contrats pour les joueurs, une obligation pour eux de revenir dans leur pays, un pays où ils n’ont peut-être pas envie de revenir. Ce sera la catastrophe pour les petits clubs qui emploient des étrangers. »
Si les années ont passé, si le football ne lui a pas rendu ce que lui, Jean-Marc Bosman, lui a offert, l’homme n’a pas changé. Toujours cette même flamme à l’heure de se battre pour défendre ce qu’il croit juste. Si la FIFA se cherchait un nouveau détracteur dans l’optique du 6+5, elle en a trouvé un. Et un de poids