Taarabt : « Le PSG, c’était fait ! »

Adel Taarabt - -
Adel, comment expliquez-vous votre transfert manqué au PSG l’été dernier ?
Paris, c’était fait ! J’étais déjà sur Paris. J’avais rencontré les Qataris. Et puis l’arrivée de Leonardo a bloqué les choses. Maintenant, c’est du passé, même si ça m’a fait du mal en début de saison parce que ma tête était à Paris.
En voulez-vous à Leonardo ?
Je n’en veux pas à Leonardo. Il n’était pas encore au club quand les Qataris m’ont parlé du projet. Leonardo m’a demandé au téléphone si je voulais venir. J’ai dit : « Oui, bien sûr, je veux venir à Paris ». Il m’a répondu : « OK, on va avancer les choses ». Ensuite, pour 1 ou 2 millions d’euros, il ne me fait pas signer. Après, il en « met » 42 (pour Javier Pastore, ndlr)…
Qu’est-ce qui a bloqué ?
Quand les Qataris ont parlé de moi à Leonardo, qu’ils lui ont dit que le transfert était de 12 millions, lui, il ne me connaissait pas beaucoup. Les Qataris m’ont dit : « Il va t’appeler aujourd’hui ». Après, ils ont dit : « Demain ». Ils l’ont forcé pour qu’il m’appelle. Je voyais qu’il avait d’autres priorités. Quand ils ont fait une offre de 8 millions, Leonardo m’a appelé et m’a dit : « Ecoute Adel, c’est simple, on a fait l’offre lundi, si on n’a pas la réponse avant vendredi, si ton club n’accepte pas les 8 millions, ça tombe à l’eau ». Et donc c’est tombé à l’eau.
Et si l’occasion se représente ?
Le truc, c’est que pour moi le meilleur championnat du monde, c’est l’Angleterre. Tous les week-ends, tu joues dans des stades de 40 000, 50 000 spectateurs. Arsenal, Liverpool, pour nous, ce sont des matchs de Ligue des champions. C’est exceptionnel. En France, je ne pense pas qu’on puisse trouver cette ambiance-là. Mon but, c’est de rester en Angleterre. Je me régale, ici. Ça fait six ans que je vis à Londres. Je me suis très bien adapté. Je connais tout le monde. J’ai tous mes repères. Si le club se maintient, je reste à QPR.
Avez-vous des regrets de ne pas avoir signé au PSG ?
La dernière fois, pour PSG-Bordeaux (1-1), il y avait Marouane (Chamakh) au stade. Il m’a dit : « Adel, je t’aurais bien vu au Parc, avec l’ambiance et tout ». C’est pour ça que j’ai un peu des regrets de ne pas avoir signé à Paris. Mais je ne suis pas là pour juger Pastore ou les autres joueurs. S’ils ont mis l’argent, c’est qu’ils pensaient qu’il le valait.
« N’importe quel coach n’aurait pas pu faire pire que Gerets à la CAN »
Vos relations avec Eric Gerets, le sélectionneur du Maroc, se sont-elles arrangées ?
Non. La première fois, j’avais fait une erreur, avant le match contre l’Algérie (il avait quitté l’équipe en plein stage de préparation, ndlr). Je me suis fait pardonner en revenant contre la Tanzanie, où j’avais marqué. On a perdu à la Coupe d’Afrique. On m’a accusé en disant que je faisais partie des gens qui perturbaient le groupe. Ce n’est pas vrai. Ce sont des rumeurs. Moi, je n’ai même pas commencé un match à la Coupe d’Afrique...
Vous avez quand même du caractère…
Bien sûr. D’habitude, quand je ne joue pas, je râle. Mais là, j’ai parlé avec mes parents. Ils m’ont dit : « C’est ton pays. Ce n’est pas comme avec ton club. Que tu joues ou pas, tu te tais. Le plus important, c’est que le Maroc gagne ».
Voulez-vous devenir le leader de cette équipe du Maroc ?
Oui. J’en ai vraiment envie. Mais il y a des gens qui ne veulent pas que je le devienne. Donc c’est plus difficile. J’ai toujours aimé mon pays. J’ai choisi de jouer pour le Maroc à 19 ans. Je donne tout. J’ai un coach avec lequel je ne m’entends pas très, très bien. Je ne lui demande pas d’être mon ami, juste de me faire jouer si je mérite de jouer. Et à chaque fois, je donne le maximum. Que les gens disent après la CAN que le problème, c’était Taarabt, c’est inadmissible.
Eric Gerets ne vous fait pas confiance…
Je ne sais pas. Je reviens, je fais un exploit énorme et on se qualifie. Après, il ne me fait même pas jouer. Il me dit que je suis soi-disant le deuxième choix. Et le deuxième match, il fait carrément jouer un mec qui n’espérait même pas jouer. Ce sont ses choix, je les respecte. Mais si je rejoue pour le Maroc, c’est juste pour l’amour du maillot et les supporters. Je me pose même la question de savoir si je vais rejouer pour le Maroc tant qu’il y a Gerets. S’il m’appelle, je n’irai peut-être pas.
L’avenir du Maroc passe-t-il par Eric Gerets ?
Les gens me disent qu’il a une bonne image, qu’il a gagné des titres, qu’il a entrainé Marseille. Mais aujourd’hui, on est sortis au premier tour de la Coupe d’Afrique. N’importe quel coach n’aurait pas pu faire pire que lui. Le Maroc a fait un très gros investissement sur Eric Gerets. Les gens commencent à lui tomber dessus au Maroc. On est dans un groupe de qualification pour la Coupe du monde avec la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas gagné. On va voir.
Le lien avec votre sélectionneur est-il complètement rompu ?
Ce n’est pas rompu mais des choses ont été dites… Moi, j’ai eu Gerets au téléphone avant la CAN qui m’a dit : « Adel, je veux que tu viennes, si tu mérites de jouer, je te fais jouer mais si tu ne joues pas, je ne veux pas que tu foutes le bordel dans le groupe ». Je lui ai répondu : « Il n’y a pas de problème, coach ». Au final, ils ont dit que c’était à cause de moi si ça n’avait pas marché.