RMC Sport

Escalade: "J'étais là pour gagner", Oriane Bertone se confie après sa qualification pour les JO 2024

placeholder video
Vainqueure du combiné bloc-difficulté ce dimanche à Laval lors du tournoi européen de qualification olympique, la Française Oriane Bertone a obtenu son ticket pour les Jeux de Paris 2024. Pour RMC Sport, elle confie ses premières émotions et sa rage de vaincre pour l'été prochain.

La Réunionnaise de 18 ans Oriane Bertone est officiellement qualifiée pour les Jeux olympiques de Paris en combiné bloc-escalade. La grimpeuse a survolé la finale du tournoi européen de qualification olympique. Grand sourire, heureuse, Oriane peut préparer ses JO plus sereinement.

Oriane, qu’est-ce que vous ressentez ?

Je n’ai pas trop de mots pour dire comment je me sens parce que je viens de descendre et j'ai encore chaud de ma voie. Mais c'est ouf ! C'est incroyable de se sentir comme ça. Je le voulais ce ticket et je l'ai eu, c'est trop beau.

Vous êtes qualifiée pour les JO à la maison, il se passe quoi dans votre tête ?

Pas grand-chose, dans le sens où, les Jeux c'est une compétition comme une autre. Alors, effectivement c'est tous les quatre ans, il faut être sélectionnée et il n’y a pas beaucoup de places mais j’ai eu la chance de me qualifier. Je me rends compte de la chance que j'ai. Je suis hyper heureuse.

Vous aviez l'air si en forme sur cette compétition...

Oui, j’étais très en forme. Je me suis beaucoup entraînée. J'ai fait quand même énormément de travail sur plein de petits détails. Je suis contente d'avoir été capable de grimper comme je le fais à l'entraînement. J’étais là pour gagner.

Est-ce que vous entendiez le public vous porter ?

J’étais assez à l'écoute de ce que les gens disaient. C'est-à-dire qu'à chaque fois que je prenais une prise, j'écoutais un peu. Et à un moment, sur une prise, j’ai compris que c’était bon. C’était super de grimper à la maison et j'imagine qu’eux aussi s'identifient à nous. C’était comme une Coupe du monde à la maison. En tout cas, c'était un vrai plaisir de grimper en France et de pouvoir prendre mon ticket ici. Ça me fait plaisir.

Vous êtes qualifiée pour les Jeux Olympiques, quand vous pensez à cette compétition, quelle image avez-vous en tête ?

Je pense surtout à l'entraînement qui va suivre cette compétition, j'ai un peu peur ! Ça va être un vrai travail que l’on va mettre en place avec Nicolas Januel (son entraîneur). Je suis vraiment contente d’avoir pris ce ticket.

Cette performance confirme aussi votre bonne année...

Oui, je suis arrivée ici en forme, plus que jamais. Je suis fière d'avoir été capable de poser ma grimpe. Mes adversaires étaient toutes très fortes, il fallait le faire. Je suis contente d'avoir été capable de grimper comme je le voulais.

Comment allez-vous gérer les prochains mois jusqu’aux Jeux ?

On va s'entraîner d’abord. Mais avant je vais me reposer un peu. Je pars un mois chez moi à La Réunion. Ça va me faire du bien. Je vais pouvoir souffler un peu. Et ensuite, on va retourner à l'entraînement à fond, histoire d'être prête pour les JO.

LA REACTION DE NICOLAS JANUEL, SON ENTRAINEUR

Oriane est qualifiée, quel sentiment prédomine ?

On est contents parce que c’était un gros objectif pour elle. Et cette qualification permet aussi d’avoir plus de flexibilité dans la préparation de l’année prochaine. Oriane a réalisé l’objectif fixé en étant ultra favorite donc c’est riche d’enseignements pour la suite.

Comment jugez-vous ses prestations sur cette compétition ?

Elle a très bien géré. Elle a gagné les trois tours. Au-delà du résultat, le contenu est intéressant. Et puis ce n’était pas évident de passer dernière notamment avec l’atmosphère. Mais elle a assumé son statut de favorite. On va pouvoir construire là-dessus en vue de l’année prochaine.

Vous misez sur quelle stratégie d’entrainement pour les prochains mois ?

Depuis le mois de juin, on a beaucoup accentué sur la difficulté car elle avait de vraies lacunes. Oriane était sur un niveau top 30 mondial peut-être. Aux championnats du monde, elle a fait son meilleur résultat en difficulté et depuis, elle a encore progressé, mais il y a encore une marge. Sur un format comme aujourd’hui, si c’était aux JO, je pense qu’elle aurait fait une médaille avec un résultat comme ça. Mais après, il faut aller chercher la gagne. Il va falloir travailler dur pour ça. Là, ça nous permet de nous projeter, pour planifier ça du mieux possible.

Est-ce qu’elle vous a impressionné sur sa gestion de la pression ?

On a beaucoup travaillé dessus après les championnats du monde. On a mis beaucoup de focus sur la gestion de l’événement car c’est une bonne répétition. Les JO, ce sera aussi en France avec beaucoup de pression. On s’est concentrés sur le contenu, sur sa performance individuelle. On a de la chance d’être dans un sport où la confrontation est indirecte. Si sur le bloc, tu sors avec 99 ou 100 points, tu mets la pression sur les adversaires. Oriane a été super. Même dans l’état d’esprit les jours d’avant, elle était dans le positif, elle était confiante et c’est ce dont elle avait besoin pour faire cette performance-là.

On suppose que vous aviez un scénario en tête avant d’arriver à Laval, il a été suivi ?

Le scénario, on l’avait bossé en préparation mentale la semaine dernière. C’était : 'tu vas arriver dans la voie, tu vas passer dernière et tu vas devoir mettre un bon run pour gagner'. Mais avec toute l’ambiance, il faudra faire abstraction de ce qu’il se passe autour et mettre son run comme à l’entrainement. Vu ce qu’elle a fait en bloc, on lui a dit, pour la difficulté, de mettre le focus de sa lecture jusqu’au numéro 60, car ce sera sûrement suffisant pour la gagne. Elle n’a pas grimpé avec un super relâchement ni avec un super rythme mais elle a géré sa voie, c’était parfait. C’était largement suffisant.

Léna Marjak, à Laval