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Estanguet au Panthéon

Tony Estanguet

Tony Estanguet - -

Pour ses derniers Jeux, le Français a décroché à 34 ans le titre dans l’épreuve olympique du canoë monoplace (C1), mardi à Londres. Son troisième après Sydney et Athènes. Un exploit exceptionnel et inédit dans l’histoire du sport tricolore.

Il était déjà un héros du sport français, il est devenu une légende vivante. Tony Estanguet a remporté son troisième titre olympique en individuel lors de trois Jeux Olympiques différents, ce mardi en canoë monoplace (C1). Une performance exceptionnelle et unique dans l’histoire du sport français. Le Palois est un monstre. Quatre ans après son échec en demi-finales des JO de Pékin qu’il avait abordés comme porte-drapeau, il a remis les pendules à l’heure sur la Lee Valley de Londres. Troisième temps des demi-finales, le céiste a effectué un sans-faute en finale en réalisant un meilleur temps (97’’06) que son adversaire de toujours, titré à Atlanta et à Pékin, le Slovaque Michal Martikan (finalement 3e). Les deux concurrents suivants n’ont pas réussi à détrôner le roi Estanguet de son trône.

« Martikan ne m’a pas simplifié l’histoire, il a claqué un sacré temps, je n’avais plus le choix, il fallait envoyer, explique le héros du jour. Je suis resté concentré sur la ligne de départ et j’ai essayé de rassembler tout ce que j’avais. Je me suis accroché dur même si je n’ai pas réussi à me lâcher sur ce parcours très dur. Ça a suffi et c’est génial. » Pour en arriver là, Estanguet, membre de la Dream Team RMC, a dû se sortir de cruelles sélections nationales en avril dernier. Après avoir remporté son duel avec le champion du monde en titre, son compatriote Denis Gargaud, Estanguet a assuré en qualifications et en séries avant de montrer les muscles en finale. « Il a signé quelque chose d’extraordinaire, il a descendu le parcours plus rapidement que ce que nous avions avait prévu dans le projet, explique Philippe Graille, DTN du canoë. C’est un autre Tony qu’on a vu en finale. Ça fait huit ans qu’il attend ce moment. »

Un type à part

Pour mieux cerner la joie du Palois, il fallait voir la « banane » d’Estanguet en bas du bassin ! Avec Tasiadis, ce germain né grec qui lui a chipé le dernier titre européen, ils se sont tombés dans les bras. Le trois fois champion du monde en tremblait même, signe de la tension qui traversait sa chair en ce moment historique. « Je n’arrive plus à contenir mes émotions, reconnaissait-il peu de temps après. Je vis un rêve. C’est le scénario parfait : une demi-finale sérieuse (3e) et une finale où je savais que je ne devais pas toucher de portes. » Estanguet est passé maitre dans les finish au couteau. Un thriller déjà vécu ce printemps à Pau aux sélections olympiques.

Jugé vieillissant, contrarié par les blessures et son échec à Pékin, Estanguet était donné pour has been il y a quelques mois. Une première rédemption à Pau, suivie aujourd’hui du miracle de Lee Valley, démontre que ce type est à part. Une performance exceptionnelle qui pourrait être sertie d’un nouveau joyau dans quelques jours. Estanguet est candidat à la commission des athlètes du CIO. Le 9 août, le CIO désignera les quatre athlètes élus par leurs pairs du village olympique. Allez, une dernière manche Tony ? Et après, c’est promis ton vœu sera exaucé : « Là, j’ai vraiment envie de rentrer à la maison. »

Louis Chenaille et Nicolas Couet (avec G.Q.) à Londres