Flag football: la fédération française met les moyens pour pouvoir participer aux JO de Los Angeles 2028

Un ballon de flag football, illustration - Icon Sport
Pas de temps à perdre. Les joueurs français de flag football se réunissent pour s’entrainer sur le gazon de l’Insep. Au mois de juin, ils se sont retrouvés pour des sélections en interne. Au programme, des tests liés à la vitesse et au changement de direction. Les week-ends sont privilégiés car tous ont une activité professionnelle à côté et tous les déplacements sont à leur charge. Ou plutôt étaient à leur charge, puisque depuis leur intégration à la liste des sports pour la prochaine olympiade, certaines choses ont évolué.
"On a beaucoup investi d’argent personnel puisque tout ce qui était déplacements pour les tournois internationaux, ce sont des sacrifices qu’on a faits personnellement. Là avec ce programme olympique, le statut de haut niveau de notre sport et le statut de haut niveau qu’ont pu obtenir tous les joueurs, c’est vraiment un soulagement pour nous. Nous pouvons nous investir pleinement dans toute notre préparation maintenant", explique Adrien Darmana, actuel capitaine de la défense en équipe de France.
Structurer pour exister: les moyens mis en place pour réussir
Depuis le 1er juin, Sébastien Sobczak est à la tête du développement du flag football en tant que DTN. Ancien DTN de la fédération de roller-skateboard, il connaît bien les enjeux liés à l’entrée d’un sport aux Jeux olympiques. "Ma mission va être de structurer cette nouvelle discipline en matière de développement. Nous mettons donc un accent très fort sur les territoires. C’est vraiment une volonté de l’équipe dirigeante de se dire que si on veut avoir les moyens de nos ambitions, que ce soit sur la performance ou sur le rayonnement de notre sport, il faut d’abord axer sur la structuration des clubs", affirme-t-il.
Avec 13.000 licenciés en flag football en France, la discipline connaît une croissance entre 10 et 15% par saison. Cette année, ils ont déjà dépassé les chiffres de la saison dernière alors que la saison n’est pas terminée. L’objectif? Atteindre 50.000 licenciés d’ici à la fin de l’olympiade en combinant les trois disciplines de la fédération: football américain, cheerleading et flag football. "Les Jeux sont notre gros vecteur de rayonnement, parce que quand une discipline arrive aux JO, on en parle plus", poursuit Sébastien Sobczak.
L'Agence nationale du sport (ANS) a permis de doubler les moyens dédiés aux équipes de France olympiques. Mais la route est encore longue. "On est encore loin de ce dont on aurait besoin pour vraiment performer. On voit nos concurrents européens qui bénéficient de budget autour d’un million d’euros. Même si on a doublé, on reste au tiers de ça", confie le nouveau DTN. L’une des priorités est donc de libérer du temps aux athlètes et de mieux encadrer leur double vie professionnelle et sportive.
Cette structuration va également de pair avec un changement dans l’approche de la performance. "L’idée est d’acculturer tout le monde à la haute performance, car ce sont quand même des paramètres assez précis. Les JO sont un environnement ultra spécifique. Quand un sport devient olympique, le niveau international augmente de façon spectaculaire", ajoute avec prudence Sébastien Sobczak.
"L’objectif final, ce sont les JO"
Du côté du terrain, le staff et les joueurs sont pleinement mobilisés. Alexandre Laruel, coordinateur offensif de l’équipe de France depuis 2023, le sait : la tâche ne s’annonce pas facile. "On a conscience de la chance et l’opportunité de pouvoir peut-être vivre une telle aventure mais on sait que le parcours pour y accéder et les exigences qui vont nous être demandées pour participer à cette aventure vont être très, très élevées. Avec l’annonce des Jeux plympiques, comme dans toute discipline, on a un niveau qui change du tout au tout. Ce qu’on connait du niveau à l’instant T, n’est pas la réalité de demain", reconnaît-il.
Pour espérer participer aux Jeux de Los Angeles 2028, l’équipe de France devra d’abord se qualifier dans le top 5 lors des championnats d’Europe 2025 à Paris, puis viser le podium aux championnats du monde 2026. Ou, dernier recours, passer par un tournoi de repêchage international pour les deux ou trois dernières places. Chaque étape sera cruciale. "On est très loin de là où on a envie d’être puisqu’on est sur un programme à trois ans pour arriver jusqu’aux JO. Mais on a le groupe et le niveau. On a les ambitions et on se donne les moyens d’arriver à notre objectif qui est clairement de faire partie de l’aventure et de ne pas être sur le canapé à regarder les autres nations", insiste Laruel.
Les efforts ont été multipliés. Plus de stages, plus d’analyse vidéo, davantage de travail pour le staff technique et un meilleur suivi des profils. Car la pression est aussi individuelle : sur les 12 joueurs qui vont composer l’équipe, seuls 10 seront retenus pour les Jeux. "Il y a une pression supplémentaire sur le groupe parce qu’il faut que dans le groupe il y ait des doubles profils qui jouent et attaque et défense… Chose qu’à l’heure actuelle on a très peu", analyse l’entraîneur.
Adrien Darmana, l’un des plus anciens du groupe, en est convaincu : "L’équipe a une très bonne dynamique actuellement mais tout peut se jouer sur un match à chaque fois. Donc on essaie de travailler sur les détails. Il va falloir se préparer à tout et analyser les adversaires qu’on aura pour se préparer stratégiquement. Avant ça, on va travailler sur nos forces, voir là où on peut être le plus dangereux pour essayer de faire la différence."
L’équipe de France travaille dans la sérénité, mais avec une grande exigence avant les championnats d’Europe à Paris, du 24 au 27 septembre. Mais "l’objectif final, ce sont les JO", martèle Adrien Darmana. Même si la route est encore semée d’embûches, les Tricolores sont bien décidés à décrocher leur billet pour Los Angeles.