France-Espagne, comme on se retrouve…

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Longtemps, il a suffi de tourner le regard de l’autre côté du « Shuttle » pour désigner le rival honni. Un contentieux millénaire, entretenu sur les champs de bataille puis sur les terrains de sport par deux pays de fier-à-bras, prêts à tout pour s’ériger en maîtres du monde. A l’heure où Londres impose son rayonnement grâce à de magnifiques JO, Paris se demande encore comment il a pu les perdre. Mais depuis quelques mois, l’ire du Français bougon semble s’être tournée de l’autre côté des Pyrénées. Yannick Noah a balancé la première salve. En jetant publiquement l’ombre du dopage sur les performances sportives espagnoles en novembre dernier, la personnalité préférée des Français a allumé un feu qui ne s’est toujours pas éteint.
Un brûlot attisé dans les semaines qui ont suivi par les Guignols et leurs moqueries sur les gros biscottos de Nadal. Le tennisman, célébré par tous les spécialistes comme un modèle de sportivité, en prendra un peu plus pour son grade en juin dernier dans son jardin de Roland-Garros en essuyant moult sifflets. Sans oublier le supposé acharnement de la France du sport envers Alberto Contador et la rouste infligée par la Roja à des Bleus bien pâles lors de l’Euro de foot. C’est dans ce contexte très épicé que Français et Espagnols s’apprêtent en découdre lors d’une double confrontation aux allures de corrida. Avec une mention spéciale pour le basket, les Français accusant les Espagnols d’avoir lâché leur match contre le Brésil lundi pour s’éviter une demi-finale potentielle contre les Etats-Unis.
Dinart : « On en voit des vertes et des pas mûres »
Perdre un match pour s’assurer de meilleures chances de médailles, le scenario n’est pas nouveau. La démarche prend du plomb dans l’aile lorsqu’on se réfère aux déclarations d’intentions des Ibères qui n’ont cessé de clamer leurs ambitions en or. Depuis l’ « affaire » des joueuses de badminton, virées des Jeux pour avoir volontairement perdu un match, on ne badine pas avec l’éthique à Londres. « C’est quand même un aveu de faiblesse, tranche le coach de l’équipe de France de handball. J’imagine que Vincent Collet (le sélectionneur de l’équipe de France de basket, ndlr) saura se servir de ce calcul. C’est quand même un affront qu’on vous fait. Le discours d’avant-match ne sera pas très compliqué. »
La rivalité entre les deux pays est bien réelle, comme en témoigne le handballeur Didier Dinart qui évoluait la saison dernière à l’Atletico Madrid : « A chaque fois qu’un sportif français perd contre un Espagnol, on en voit des vertes et des pas mûres ». Mais les principaux acteurs n’oublient pas qu’il ne s’agit que de sport. « C’est une guerre relative entre les deux pays, une guerre de riches, pas des plus sanglantes », tempère Claude Onesta. « Il y a parfois des blagues, mais c’est de bonne guerre », ajoute le joueur du Barça, Cédric Sohraindo. Comme dans tout bon roman-photo, le couple franco-espagnol, après des temps heureux, navigue aujourd’hui en eaux agitées. Quel plus beau théâtre pour se rabibocher que deux duels sur l’autel d’un quart de finale olympique ?