Une perte de poids qui interroge: l'impressionnante transformation physique de Zion Williamson relance le débat sur l'Ozempic, cet antidiabétique détourné pour maigrir

Un visage étonnamment émacié, des biceps saillants et pas un centimètre de graisse à l’horizon. À l’approche du coup d’envoi de la saison 2025-2026 de NBA, programmé le 21 octobre, Zion Williamson a débarqué affûté comme jamais lors du traditionnel "media day" cette semaine. "On a élaboré un plan avec de la boxe, des exercices sur un terrain de football américain et des exercices aléatoires. Je ne me suis pas senti comme ça depuis mes années à l'université, au lycée, où je pouvais juste entrer dans une salle de sport et me sentir bien", a commenté l’intérieur star des New Orleans Pelicans et premier choix de la draft 2019, si souvent trahi par son physique depuis son arrivée dans le grand monde.
Saluée par ses fans, qui attendent toujours de le voir disputer une saison complète du haut de ses 25 ans, sa transformation physique s’est aussi accompagnée d’un flot de critiques. Car pour ses contempteurs, il serait trop facile de voir derrière cette perte de poids le simple résultat d’un travail acharné à la salle ou d’une alimentation strictement surveillée. "Je reconnais de l’Ozempic quand j’en vois", a ainsi lâché dans un podcast l’ancien joueur de NFL, Emmanuel Acho, validant une théorie largement relayée sur les réseaux sociaux chez certains suiveurs de la NBA.
"Je n’ai même pas besoin de lunettes pour le savoir", a embrayé Acho. "On n’en a pas besoin pour repérer de l’Ozempic. Zion était censé être la prochaine superstar de la NBA, mais ça n'a pas marché. La première chose à faire, c’est de prendre soin de ton physique, Zion, mais aussi de ton mental." Pour les non-initiés, l'Ozempic repose sur l'imitation d'une hormone gastro-intestinale (GLP-1) qui active des récepteurs dans le cerveau jouant un rôle dans la régulation de l'appétit. Son rôle premier est de contrôler et réguler la glycémie, dans le cadre par exemple d’un traitement du diabète de type 2. Problème, son usage peut être détourné dans le but de perdre du poids.
Un médicament détourné pour perdre du poids
Cette propriété amaigrissante lui vaut même un inquiétant succès mondial sur TikTok, où des personnes non-diabétiques en font la promotion effrénée, utilisant l'Ozempic hors de son indication et sans prendre garde à ses effets secondaires potentiellement graves (nausées, vomissements, constipation, anaphylaxie…). En 2022, le milliardaire Elon Musk en a lui-même fait la promotion sur Twitter, quand une internaute lui demandait quel était son secret pour mincir. Le succès phénoménal de ce médicament sur les réseaux sociaux a même conduit à des tensions d'approvisionnement ou des ruptures de stocks dans certains pays comme l’Australie ou le Kosovo.
En France, où l'Ozempic ne peut être délivré en pharmacie qu'avec une ordonnance d'un médecin, en étant ensuite remboursé à 30% par l'Assurance maladie et à 100% si le patient est diabétique, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a récemment haussé le ton. Elle a annoncé avoir engagé des démarches judiciaires pour mettre fin à la vente et la publicité illégales sur Internet de produits présentés comme des traitements antiobésité. "Sur le terrain, on constate une demande très forte pour ce médicament avec une envie de perdre quelques kilos amplifiée par des réseaux sociaux, comme TikTok, et des influenceurs qui servent de caisse de résonance", alertait en 2024 dans les colonnes du Monde, Jean-Luc Faillie, responsable du centre de pharmacovigilance au CHU de Montpellier.
"Cette quête d’une silhouette plus fine pousse certaines personnes à faire n’importe quoi pour se procurer le produit."
Des critiques aussi contre Luka Doncic
Aux États-Unis, l’Ozempic a rapidement fait un carton dès son autorisation en 2017, poussé aussi par certaines figures sportives et médiatiques. Cet été, Serena Williams, 39 titres du Grand Chelem au compteur et modèle de body-positivisme, a ainsi créé une polémique en annonçant prendre du GLP-1, une hormone de satiété utilisée pour perdre du poids. Comme Zion Williamson, Luka Doncic est lui aussi accusé depuis quelques semaines d’avoir eu recours à l’Ozempic pour se tailler un physique de rêve. Alors que son hygiène de vie a régulièrement été pointée du doigt, le meneur slovène et tête d’affiche des Lakers a affirmé avoir suivi un programme d'entraînement d'une rare exigence, épaulé par un préparateur physique, un kiné et une nutritionniste.
Mais pour beaucoup, aucun doute, seul l’Ozempic lui permet aujourd’hui de flotter dans son maillot. "Soyons honnêtes, mec. On sait que l’Ozempic agit rapidement. Il est prêt à faire tout ce qu’il faut pour maigrir", l’a publiquement taclé Gilbert Arenas, ancienne gloire des Washington Wizards. Des rumeurs balayées par le principal intéressé, passé de 105kg à 90kg depuis les Jeux de Paris 2024. Le tout, selon lui, grâce à d'intensives séances de musculation combinées à un régime sans gluten et un jeûne intermittent.
Comme le précise USA Today, les médicaments amaigrissants ne sont pour l’heure pas interdits par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Au sujet de l’Ozempic, il est injectable à base de sémaglutide, une molécule qui agit en se fixant sur les récepteurs de l'hormone appelée glucagon-like peptide-1 (GLP-1), et qui est soumise au programme de surveillance de l'AMA. L'objectif est de "suivre les schémas d'utilisation en compétition et hors compétition", a précisé l'instance.