
Jeux paralympiques: Sandrine Martinet mincir pour faire grossir le palmarès
Avec l’âge, les judokas ont tendance à monter de catégorie, fatigués mentalement et physiquement par les régimes à répétition. Pas Sandrine Martinet. A 38 ans et pour ses 5e Jeux paralympiques, la capitaine de la délégation française avec Stéphane Houdet, a quitté les moins de 52 kilos où elle a été titrée à Rio de Janeiro pour passer chez les super-légères, les moins de 48 kilos: "C’était le meilleur moyen de continuer ma carrière et d’être performante", affirme celle qui n’a pas hésitant à l’idée de replonger quand elle a su que Tokyo et son mythique Budokan accueilleraient cette édition.
Ensuite, probablement la retraite pour l’athlète de 38 ans mais elle ne veut pas en parler. La maman va tenter d’entrer dans un cercle très restreint. Chez les valides, trois femmes ont réussi à glaner des titres planétaires dans deux catégories différentes : la Nord-Coréenne Kye (même dans 3), Lucie Décosse et Gévrise Emane. Emane est le seul exemple à avoir gagné d’abord dans la catégorie la plus lourde avant de descendre de poids et de regagner à nouveau: "Tout pari est difficile. J’ai envie de croire en mes rêves. J’ai rêvé de cette deuxième médaille d’or, ça serait fantastique. Je fais tout pour y arriver et ne pas laisser de place hasard. J’irai jusqu’au bout de moi-même."
Sandrine Martinet sur la victoire des judokas bleus face au Japon aux JO: "On a vibré, j’étais comme une dingue à un mètre de mon grand écran"
Lorsqu’on la rencontre en juin à l’Institut du judo, on a l’impression de souvent la voir du côté du buffet organisé pour la présentation des équipes de France de judo. Elle ne nie pas. Quand on la retrouve cette semaine à Tokyo, les avant-bras laissent le dessin des veines, la Française n’a pas pris son régime par-dessus la jambe. Elle s’est stabilisée autour de 50 kilos pendant la préparation terminale avant de perdre les deux derniers kilos dans les deux dernières semaines. Une aventure pas si loin du frigo qui lui a appris des choses: "à cuisiner rigole-telle. Je n’aimais pas ça. J’aimais bien manger les plats de ma maman ça oui. Je me suis trouvé une nouvelle passion. J’ai découvert les épices. Niveau plat, je suis partie un peu dans tous les sens. Le problème en revanche, c’est le fromage, on en raffole avec mon mari."
Si sa cuisine est un peu déstructurée ce n’est pas comme son judo très carré avec ses mouvements d’épaule et ses passages en ne-waza (sol) qui lui ont permis de gagner à Warwick le seul tournoi préparatoire aux JO. Des 52 kilos, elle garde sa puissance, et à part le problème du régime "c’est tout bénef." Elle sait déjà le menu qui l’attend pour triompher au Budokan et mettre dans l’armoire une quatrième médaille paralympique après l’argent à Athènes et Pékin, et l’or brésilien. Elle débutera face à la Chinoise Li Liqing, championne paralympique en titre des 48 kilos, vers 4 heures du matin heure française. Un match de rêve d’entrée de jeu. La maman de deux enfants a été inspiré par la moisson des valides au mois de juillet avec le titre de Clarisse Agbegnenou et le par équipes, victorieux du Japon: "On a vibré, j’étais comme une dingue à un mètre de mon grand écran raconte la malvoyante. Je criais comme une folle. L’équipe a fait l’impensable en battant le Japon. Ils nous ont montré ce qu’il fallait faire." Le chemin est tracé, il est abrupte mais Martinet connait le chemin.