JO 2024 (cyclisme): des pavés, des Belges et des Néerlandais... Quand la butte Montmartre se transforme en Koppenberg

Les serveurs de café slaloment de leur bar vers la terrasse de la place du Tertre, avec quelques embûches supplémentaires, ce samedi matin. Des rambardes ont été installées de part et d’autre de la route pour l’évènement du jour dans le quartier: le passage de la course en ligne cycliste masculine. À trois reprises (la première après 227 kilomètres de course), le peloton de 90 coureurs (ou ce qu’il en restera) gravira la butte Montmartre. Pendant que le départ était donné au Trocadéro à 11h, la butte, au pied du Sacré-Cœur, était déjà fleurie de drapeaux de plusieurs nationalités avec une prédominance belge, néerlandaise et française. Pour beaucoup, c’est ici que tout se jouera. Il restera seulement dix kilomètres pour rejoindre le pied de la Tour Eiffel où sera jugée l’arrivée.
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"On va vivre une journée d’enfer, les gens vont s’en souvenir"
L’ascension d’un kilomètre à 6,5% de moyenne sur les pavés est l’endroit où il fallait être. Celui aussi où l’ambiance sera bouillante. "Le moment de gloire va avoir lieu ici", annonce ce supporteur belge, Adriano, dont le père était coureur professionnel et l’oncle, Eric Leman, a remporté trois fois le Tour des Flandres et cinq étapes du Tour de France. Baigné dans le vélo, il a pris ses dispositions pour s’offrir un spot parfait. "Ici, ce sera le moment", ajoute-t-il.

Un de ses compatriotes, Thomas, grand drapeau belge, déployé sur la barrière, partage son avis. Il a pris position "trois ou quatre heures" avant le premier passage. "Comme il y a un circuit final ici dans la ville et qu’ils passent trois fois sur la butte, ça devrait se jouer ici dans la montée sur les pavés", explique-t-il. "Je crois que c’est le bon endroit pour venir voir la course. Tout le monde a envie de voir la course olympique dans ce merveilleux paysage. Je vais rester, je ne vais pas bouger, je crois que je vais lire un livre en attendant la course et la regarder sur un écran avec d’autres Belges néerlandophones."
"C’est vrai que l’ascension de Montmartre sur le pavé, ça ne vaut pas un Paterberg ou un Koppenberg du Tour des Flandres mais ça peut donner du très beau spectacle", prédit-il.
Nowela, Néerlandaise habituée à se rendre sur les courses cyclistes, est arrivée sur place à 9h ce matin. Elle a suivi le conseil de son voisin, situé à côté d’elle, et veut être aux premières loges pour "la victoire de Van der Poel ou Van Baarle", espère-t-elle. "Tu vois les coureurs monter, ce sont des petites routes et nous sommes à la fin de la cote, après le virage", détaille le jeune homme à proximité. "Nous espérons voir toutes les choses spectaculaires. C’est magnifique."

Les Français ne sont pas en reste. Jean-Pierre, bible du vélo dont le fils a fait du BMX à très haut niveau avec Christophe Levêque, l’un des précurseurs de la discipline en France, taquine sa petite fille, grande supportrice belge. Casquette Groupama-FDJ mais drapeau belge peint sur chacune de ses joues, il est venu spécialement de Laval pour assister à cette course qu’il attendait depuis quatre ans. "Dès qu’on a su que les JO étaient à Paris, dans ma tête, je me suis dit: ‘ils vont trouver un endroit phénoménal’. On est au Sacré-Cœur, on ne peut pas trouver mieux. On va vivre une journée d’enfer, les gens vont s’en souvenir." Il mise sur un succès de Matthieu Van der Poel devant Wout van Aert et un Français, Valentin Madouas ou Julian Alaphilippe.
Dans le vélo depuis 50 ans - "je mourrai dessus" –, il peut citer tous les vainqueurs du Tour de France. Belge par sa mère, français par son père, il est aussi un grand fan de Thibaut Pinot et ne s’est toujours pas remis de son abandon sur le Tour de France. Mais il était dans le virage Pinot sur le Tour de France depuis 2023 et promet le même genre d’ambiance aujourd’hui. "Ça va être fou", promet-il.
Un peu plus, à cheval entre la fin de l’ascension et de le début de la descente, Franck, Christophe et Guy ont déployé un drapeau français, sans oublier le drapeau breton sur les épaules du premier nommé. "On est arrivé à 9h ce matin, on voulait la meilleure place en haut de la Butte", confie ce dernier. "Ça peut être décisif sur le final même s’il peut y avoir des coups avant. Tous les supporteurs français et du monde ont choisi cet endroit-là parce que le cadre est magnifique au pied du Sacré Cœur. Ça va crier fort." "On veut l’attaque finale"¸ conclut Guy qui voit dans ce tracé des faux airs de Tour des Flandres.