JO 2024 (escrime): "Je n'étais pas au courant", l'entraîneur de la sabreuse égyptienne enceinte de 7 mois raconte sa surprise

Pour une surprise, c'était une surprise. Alignée en sabre individuel aux Jeux olympiques, l'Egyptienne Nada Hafez a révélé après la compétition avoir ferraillé... enceinte de 7 mois. Si l'annonce a surpris les amateurs d'escrime du monde entier, elle a aussi scotché ses propres entraîneurs. Le Français Vincent Anstett est l'un d'eux, et il n'avait strictement rien vu.
"Je n'étais pas au courant", confie-t-il dans un sourire au micro de RMC Sport.
"Elle n'était pas en stage avec nous au mois de juillet, elle s'entraîne essentiellement en Egypte. Mais c'est vrai que depuis deux mois et demi et les championnats d'Afrique, je ne l'avais pas vue. Donc je n'étais pas au courant, elle me l'a dit après le premier match", poursuit-il.
"J'étais heureux pour elle"
Une annonce qui, bien loin de le perturber, l'a avant tout réjoui, d'autant que Nada Hafez venait de réaliser la plus belle performance de sa carrière. "J'étais heureux pour elle, parce que c'est quand-même une belle nouvelle", confie Vincent Anstett. "Et puis elle venait juste de gagner en battant la 7e mondiale donc dans l'euphorie, tout le monde était très content. Peut-être que si elle avait perdu 15-2 au premier tour, la réaction des gens aurait été différente. Mais là, on ne peut pas dire que ça ait été un handicap pour elle."
Comment la sabreuse a-t-elle réussi à cacher sa grossesse à tout son entourage sportif en pleine préparation des Jeux olympiques de Paris 2024? Pour son entraîneur, son profil plus technique que physique l'a un peu aidée. "Ses points forts, c'est plutôt le travail tactique et technique. Elle n'a pas un physique équivalent aux filles du top 16 mondial, elle n'a pas une vitesse de fou. C'est pour ça qu'on le ressentait pas forcément", avance-t-il.
"Une grossesse, ce n'est pas une maladie"
De là à affirmer que passer un tour aux Jeux olympiques en battant la 7e mondiale à deux mois d'un accouchement est une performance banale, il n'y a qu'un pas que Vincent Anstett se refuse à franchir.
"Il se trouve que mon épouse est aussi enceinte de 7 mois, et je ne la vois pas en train de faire du sport de haut niveau. Après, une grossesse, ce n'est pas une maladie. Il y a d'autres femmes enceintes qui font d'autres activités professionnelles, qui doivent porter des choses, qui marchent beaucoup... Mon épouse est infirmière libérale, elle a toujours continué à travailler jusqu'à sept mois, à monter des dizaines d'étages, d'escaliers par jour, à aider les gens pour la toilette... C'est tout aussi exceptionnel".