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JO 2024 (surf): pourquoi certains surfeurs olympiques de Taehopo'o portent des casques et pas d'autres

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Sur la vague aussi dangereuse que mythique de Teahupo'o, en Polynésie française, le port du casque n'est pas obligatoire mais vivement encouragé par l'ISA. Un accessoire vital pourtant rare dans les épreuves de surf, certains athlètes privilégiant encore le confort à la sécurité.

Ce n'est pas pour rien que Teahupo'o signifie "têtes coupées" ou "mur de crânes" en tahitien. Les surfeurs et surfeuses qui participent aux épreuves olympiques de Paris 2024 se sont attaqués à un spot qui ne pardonne pas, au large de Tahiti, avec son récif corallien à fleur d’eau tranchant comme un couteau et ses tubes surpuissants.

Si les athlètes de la vague ne sont en rien obligés de se coiffer d'un casque de protection en compétition, son port est désormais (un peu) plus fréquent sur le circuit mondial, et quelque-unes des lames les plus diaboliques du globe comme celle de Polynésie française.

On ne se souvient que trop bien du drame Brice Taerea, ce Tahitien décédé en avril 2000 après que sa tête a heurté le fond corallien avant une épreuve du circuit. Lorsque la vague de Teahupo'o se creuse, le récif n’est en effet qu’à quelques dizaines de centimètres sous la planche des surfeurs.

"Ce n’est pas un accessoire de mode, mais les gens se disent que tu es intelligent d’en porter un"

Alors pour se rassurer, certains des 48 surfeurs olympiques se sont résolus à porter une protection longtemps boudée. Samedi lors de sa série du premier tour, la chute de Johanne Defay (sans casque) a mis en évidence l'intérêt de se protéger la tête. La Réunionnaise est repartie avec quatre points de suture et le visage en sang après avoir heurté le récif. Elle porte un casque depuis.

Le local Kauli Vaast, qui doit défier Joan Duru dans un duel 100% tricolore en quarts de final, a fait partie des premiers à en coiffer un, après une chute lorsqu'il était enfant. C'est d'ailleurs souvent l'accident qui pousse les athlètes à sauter le pas, comme pour l’Allemand Tim Elter, engagé sur l'épreuve olympique.

Mais cette pratique est encore loin d'être démocratisée, certains restent freinés par l'inconfort de cet accessoire aussi souvent jugé un peu ringard, ou associé aux "mauvais surfeurs". D'autres comme la Française Vahine Fierro, ont déjà expliqué que l'eau dans les oreilles pouvait créer un certain déséquilibre et la nausée. "Maintenant, énormément de jeunes l’ont. Ce n’est pas un accessoire de mode, mais les gens se disent que tu es intelligent d’en porter un, condède Kauli Vaast pour Le Monde. Tout le monde est en train d’essayer de l’introduire dans les compétitions."

Contrairement aux Jeux de Tokyo en 2021, où les vagues étaient moins menaçantes, l’Association internationale de surf (ISA) a cette fois recommandé aux sportifs d’en porter un à Tahiti: "Nous n’avions pas fait de recommandation similaire lors des Jeux de Tokyo, car ce n’était pas la même taille et la même puissance de vague. Pour cette édition, c’est important, car, par expérience, on connaît Teahupoo et ses dangers." Mais ce n'est pour l'instant pas obligatoire.

Romain Daveau Journaliste RMC Sport