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JO 2024 (voile): "Impossible n’est pas Charline", Picon proche de réussir un défi inédit

Jeux olympiques 2024 - Voile - Charline Picon et Sarah Steyaert

Jeux olympiques 2024 - Voile - Charline Picon et Sarah Steyaert - Zheng Huansong/Xinhua/ABACAPRESS.COM

Huit ans après avoir été championne olympique en planche à voile à Rio, Charline Picon pourrait à nouveau décrocher l’or ce jeudi cette fois sur un autre support le 49er fx ou skiff, un petit dériveur sur lequel elle navigue depuis trois ans avec son amie Sarah Steyaert. Premières à l’issue des manches de classement, les Rochelaises doivent encore performer lors de la medal race prévue ce jeudi à 15h43. Charline Picon a dû tout apprendre en trois ans, un défi fou et inédit à ce niveau.

En montant sur ce petit bateau après les Jeux de Tokyo où elle venait à nouveau de glaner une médaille d’argent en planche à voile, Charline Picon ne connaissait même pas le nom des cordages. C’est dire le niveau où se situait la jeune maman de 37 ans. Pierre Le Coq champion du monde de planche à voile en 2015 est bluffé. 

"Je dirais que c'est passer des anneaux aux barres parallèle par exemple. C'est quelque chose qui n’a rien à voir, c'est un monde d'écart. Il y a quand même des petites similitudes parce que ça reste un support à voile. Il faut savoir régler la voile sur ce bateau qui est très joueur, qui plane comme une planche à voile. En revanche il y a toute une gestion, toute une synchronisation à avoir avec le barreur. Il y a énormément de points techniques qui sont à découvrir et ça demande en temps normal plusieurs années, voire dizaines d'années. Donc effectivement le défi de Charline de réussir ça en trois ans c'est inédit."  Carlos Espinola, un véliplanchiste argentin en argent a bien été médaillé de bronze ensuite sur un autre support mais sans jamais réussir à conquérir l’or olympique.

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Un modèle de détermination et de persévérance

Pierre Le Coq rappelle l’immensité du challenge pour la Rochelaise. "Quand elle est arrivée elle ne savait même pas comment gréer le bateau. On était vraiment peu à croire dans ce défi. Même moi je me suis dit c'est quasiment mission impossible. Mais impossible n'est pas Charline. Elle a une détermination hallucinante. C'est un vrai modèle de persévérance, de détermination, elle ne lâche rien. Charline je la connais, je l'ai côtoyée pendant plus de 15 ans en équipe de France et elle est vraiment très inspirante. Donc je me suis dit pourquoi pas?"

À la veille d’une journée qui pourrait être radieuse, Charline Picon pose un regard satisfait sur les trois dernières années. "On a conscience du chemin parcouru évidemment. On avait trois ans pour partir de tout en bas, rattraper des équipages expérimentés, une flotte où le niveau est vraiment élevé. Et puis ça a été difficile, des résultats qui ne venaient pas, et puis gentiment depuis le mois de novembre, ça vient. On peut être fier de nous, d'être au top de notre collaboration sur les Jeux olympiques."

Du projet en solo à l’aventure collective

Benjamin Bonnaud le coach vendéen du duo souligne aussi la richesse du duo. « Sa force c’est aussi d’être avec Sarah, une amie qui participe à ses troisièmes Jeux. Elles se sont trouvées et développées ensemble depuis trois ans." Un passage du solo au duo qui semble naturel dans l’évolution de Charline Picon selon Pierre Le Coq. "Je pense que le projet leur tenait à cœur aussi parce qu'elles avaient envie d'avoir un projet plaisir. Dans le sport de haut niveau, c'est important. Charline, ça a toujours été une énorme besogneuse, notamment en planche à voile, un projet qui était vraiment ultra perso. Là, je sais qu'elle avait vraiment envie aussi de découvrir quelque chose, d'être plus dans le partage. C'est un travail d'équipe qui était nouveau. Le résultat est incroyable."

Pour le coach Benjamin Bonnaud, "il reste à finir le taf". Nul doute que la Mama team, le surnom de ces deux mamans, est bien décidée à accrocher une nouvelle fois l’or à son tableau de chasse.

Pierre-Yves Leroux, à Marseille