JO de Paris 2024 (boxe): "Il devra faire attention", comment Bennama va préparer sa finale avec ses blessures aux arcades

Un rude combat qui a laissé des traces. Billal Bennama s’est qualifié pour la finale du tournoi des -51kg des Jeux olympiques de Paris 2024, ce dimanche à l’Arena Paris Nord. Mais le Français a été touché aux arcades sourcilières. Sa demi-finale face au Dominicain Yunior Alcantara Reyes lui a laissé des entailles importantes au-dessus des sourcils. Le combat a d’ailleurs dû être interrompu à plusieurs reprises pour que le Toulousain puisse être soigné, alors que du sang lui coulait sur le visage. "Sur le côté gauche, c’est assez profond et sur le côté droit, c’est superficiel, détaille son entraîneur Malik Bouziane. Avec un bon strip ou éventuellement un peu de colle, ça va le faire. Il n’y aura pas besoin de points de suture."

A l’heure de débriefer sa qualification pour la finale, qui aura lieu jeudi à Roland-Garros (22h34), Bennama n’a pas semblé inquiet par son état physique. "Ce sont les risques du métier. Mon adversaire mettait beaucoup de coups de têtes. L’arbitre ne l’a pas sanctionné. Il fallait rester concentré malgré ça. J’ai un état d’esprit de guerrier. Je me dis que je ne suis pas arrivé là pour rien. Je dois tout donner pour aller chercher cette médaille. Je sais que j’ai les moyens de le faire donc à moi de rester concentré et de procurer aussi du plaisir au peuple français."
Du repos et du travail d’explosivité, sans sparrings
Pour être le plus frais possible le grand soir, Billal va se reposer, récupérer et bien dormir dans les prochaines heures. Après un décrassage ce lundi, il entamera un travail d’explosivité et étudiera ensuite le profil de son adversaire, l'Ouzbèke Hasanboy Dusmatov. Le tout en préservant au maximum son arcade la plus touchée.
"Il ne fera pas de sparrings, quoi qu’il arrive", glisse Tony Yoka, champion olympique 2016 et présent à Villepinte pour le soutenir. "Ce qui est bien, c’est qu’il a quelques jours pour se remettre. Moi, j’avais dû reboxer le surlendemain à Rio. Mais il ne pense même pas à son arcade. C’est de la boxe, on est là pour souffrir. La victoire n’en sera que plus belle."
"Ça va le rendre plus fort"
Même confiance chez Brahim Asloum. "Je pense que ça va le rendre plus fort", glisse le champion olympique 2000 à RMC Sport. "Normalement, ça va l’obliger à ne pas prendre de coups. Et quand il est vigilant, il est très fort. Parce que c’est un technicien. Il sait aller à la guerre. Quand il n’a pas le choix, il y va. Mais il a une telle maîtrise à distance, avec toujours une allonge supérieure à ses adversaires. Si on lui met dans la tête: ‘Tu es blessé, un coup pour que ça pète et on arrête le combat’, peut-être que cette crainte va l’obliger à être extrêmement vigilant et il va exceller."
"C’est un état d’esprit, tu ne viens pas pour abandonner", poursuit le consultant de France TV. "La finale, il la fera quoi qu’il arrive. Il donnera tout. Quitte à finir en sang, avec dix points de suture. Ça se recoud, même si on n’aime pas trop les cicatrices. On a plein de nouveaux systèmes, comme de la colle, qui permet de cicatriser la blessure dans l’immédiat. Maintenant quatre jours, c’est trop court, ça peut repéter. Tu ne peux pas guérir comme ça en si peu de temps, ce n’est pas possible. Par contre, on peut faire en sorte que ça ne s’aggrave pas."
"Il va devoir faire attention"
De toute façon, Billal n’a pas le choix. A l’heure d’écrire la plus belle page de sa carrière, il doit composer avec ses blessures. "C’est une finale. Derrière, il n’y a plus de combat donc il n’y a pas trop de calculs à faire non plus, confirme son coach chez les Bleus. S’il veut aller chercher la médaille d’or, c’est sûr qu’il va devoir faire attention. Mais connaissant Billal et son tempérament, il ne lâchera rien. Mais avec trois coupures, il ira."
Tony Yoka aussi en est persuadé: "C’est une finale olympique. Il a juste les arcades ouvertes, ce n’est rien du tout, nuance le poids lourds français. Je me souviens qu’après ma demi-finale à Rio, j’avais deux ligaments arrachés. J’ai fait la finale comme ça, parce que c’est une finale olympique. Même s’il doit s’ouvrir encore plus, il le fera. Son adversaire va forcément jouer sur ça. Mais c’est peut-être bien qu’il se focalise là-dessus et qu’il en perde son game plan."
Son adversaire cherchera à en profiter
En face, Dusmatov tentera sans doute effectivement d’appuyer sur la plaie. Dans l'espoi de faire mal à Bennama. "Si je suis dans le coin de l’adversaire, évidemment que je vais aller demander à mon boxeur d’aggraver la blessure dès le départ. Ne serait-ce que par des coups de poing, pas forcément avec des coups de tête", confirme Asloum, qui remporté ses premiers championnats d’Europe avec un œil abîmé. "Mais je lui dirais de l’agresser et de le bousculer. De toute façon, pour battre Billal, il faut être à la limite de la régularité, parce qu’il maîtrise trop son sujet." A lui de le confirmer sur le court Philippe-Chatrier. Avec une arcade fragilisée, la ferveur du peuple et la gloire éternelle à l'horizon.