JO : les restaurateurs et hôteliers parisiens "déchantent un peu"

Les Jeux Olympiques ne sont pas la fête annoncée pour tout le monde. Les restaurateurs et hôteliers parisiens n'ont pas connu l'effervescence annoncée, rapportait ce matin sur BFM Business Pascal Mousset, président du GHR (Groupement des Hôtelleries & Restaurations de France) Île-de-France. Il dénonce des chiffres pour le moment en baisse de 30 à 40% par rapport à l'année dernière, du fait notamment de la désertion des travailleurs.
Floués ce n’est pas le mot, on déchante un peu. Les JO sont une vitrine pour notre art de vivre, mais une communication anxiogène a été faite. On en veut beaucoup à cette incitation au télétravail, cela a vidé nos établissements complètement vides dans certains quartiers", explique-t-il.
Les restaurateurs des quartiers de bureaux (La Défense, grands magasins, Batignolles) sont ainsi touchés à hauteur de 30%, alors que pour les établissements en bord de Seine, l'activité revient depuis la cérémonie d'ouverture, et après le blocage d'une large partie du trafic pendant une semaine (zones rouge et grise). Les traiteurs sont aussi en difficulté, du fait de l'annulation de nombreux évènements, et des critères fixés par le Comité Olympique, dont les marchés ne peuvent revenir aux traiteurs indépendants de petite taille.
Prix en forte hausse... jusqu'à ne plus trouver preneur
Le GHR dénonce une communication anxiogène autour des conditions de circulation dans Paris, ou à propos des prix : "On a fait peur aux consommateurs en disant que les prix doubleraient ; les hôteliers ont augmenté de 20%, et ont été très raisonnables", affirme Pascal Mousset.
Pourtant, selon le baromètre publié par l'Office de tourisme de Paris, les prix des hôtels ont bel et bien explosé fin 2023 et début 2024 : en janvier, ils étaient relevés à 342 euros la nuit pendant la période olympique, et à 522 euros la nuit sur les deux semaines des Jeux Olympiques en tant que tels. Soit des tarifs multipliés par 2,5 au moins à Paris (202 euros la nuit en moyenne en juillet 2023, 161 euros en août 2023). Rien à voir, donc, avec une communication gouvernementale ou municipale : c'e n'est qu'avec le manque de demande que les prix sont redescendus, pour atteindre 381 euros en mai à Paris, et 202 euros la nuit dans le Grand Paris.
Les touristes sont par ailleurs plutôt plus nombreux que l'année passée (+20%), bien que concentrés autour des sites olympiques, selon l'agence d'attractivité Choose Paris Region. Pascal Mousset reconnaît que cette période va aussi bénéficier aux commerçants dans les années à venir : les Jeux entraînent des surfréquentations les saisons suivant leur diffusion.
"C'est un investissement pour Paris, on recueillera les fruits en termes d'image", affirme le président régional du GHR. Qui s'inquiète, pour l'heure, des conditions d'indemnisation pour cette année : la commission d'indemnisation mise en place pour la rentrée par l'exécutif ne convainc pas.
"La commission a le mérite d’exister. Mais on ne mesure pas les contours ni les délais, on parle d’attendre 2025, les résultats, et une perte de l’EBE. Tout cela nous paraît très compliqué. On a du mal à définir des critères justes et équitables. Surtout, le délai n’est pas adapté."
Il encourage en tout cas les Français à venir visiter Paris pour profiter des conditions particulières de cet été : certains sites touristiques sont déserts. "C’est le moment de venir à Paris, à partir du 12 août la ville sera magnifique", conclue-t-il.