Le soldat Baugé s’en va-t-en guerre

Grégory Baugé - -
Le « Tigre » sera épié par 6 000 chasseurs. Grégory Baugé, la proie, face à Jason Kenny, la balle, dans un Vélodrome de Londres surchauffé. Un Français, triple champion du monde de vitesse individuelle (2009, 2010, 2012), face à un Britannique, représentant d’une nation qui rafle tout ou presque dès qu’il s’agit de briller sur deux roues. Il y a quelques semaines, quelques mois, le Cristolien était le candidat numéro 1 au titre. Intouchable. Mais la Grande-Bretagne de Sir Chris Hoy et des autres, victorieuse de quatre des six médailles d’or mises en jeu après quatre jours de compétition olympique, a ressurgi. Et fait peur.
Jason Kenny, qui s'est débarrassé du Trinidadien Nicholas Phillip en demi-finale quand Grégory Baugé en a fait de même avec l’Australien Shane Perkins, a participé à la victoire britannique face à la France en vitesse par équipes. Une première blessure pour Grégory Baugé. Puis il a impressionné en qualifications (9’’713 contre 9’’952 pour le Français). « Deux dixièmes, c’est énorme, s’inquiète Cyrille Guimard. Ça nous oblige à être moins optimistes. Nous pensions à une médaille d’or relativement facile pour Grégory Baugé. Je pense que ça va être très difficile. »
A Melbourne, au mois d’avril dernier, le Français n’avait pourtant pas tremblé en finale des Mondiaux. Jason Kenny avait été disqualifié. Mais les Britanniques avaient choisi de se cacher pour mieux réapparaitre à l’occasion de « leurs » Jeux Olympiques. « Les Anglais ont fait le choix de se louper sur les Championnats du monde pour préparer les Jeux, explique l’ancien pistard Arnaud Tournant. C’est une façon de faire. » Et Londres ressemble pour le moment pour eux à un triomphe. « Les Anglais sont en pleine confiance, en pleine réussite et ça aussi, ça compte », craint Cyrille Guimard.
« Un combat d’homme à homme »
« Ils ont les moyens et le budget d’une équipe professionnelle, ce qui est démentiel, observe Arnaud Tournant. Si l’équipe de France avait le même budget, peut-être qu’on pourrait rivaliser car les garçons ne sont pas moins forts. Qu’on arrête de jalouser et de critiquer les autres. » Vendredi soir, après la défaite en vitesse par équipes, Grégory Baugé ne demandait d’ailleurs pas autre chose qu’une hausse des moyens pour réduire l’écart dans certains domaines, « comme au niveau du matériel, des équipements, de la nutrition. »
Il est pourtant loin de partir battu, le « Tigre ». « Soldat », « boxeur », il promet de « se battre jusqu’au dernier souffle ». « Greg, en match, il est vraiment terrible, assure Isabelle Gautheron, la DTN. Maintenant, c’est un combat d’homme à homme. » « Il ne faudra pas qu’il joue avec la puissance mais avec la tactique, la stratégie » estime Cyrille Guimard. Arnaud Tournant, lui, croise les doigts. « Espérons que le seul qui puisse contrer Jason Kenny, ce soit Grégory Baugé en finale », dit-il. D’un seul coup, le Vélodrome de Londres serait frigorifié.