Les Bleues sont magiques

Céline Dumerc, Florence Lepron et Emilie Gomis - -
Elles n’ont même pas été fidèles à leur réputation de « braqueuses ». Aucun retard à combler, aucun panier miraculeux à la dernière seconde. Mais qu’elles ont été grandes. Héroïques en quarts face à la République tchèque, avec un incroyable dernier quart-temps, les Bleues ont puni la Russie jeudi soir en demi-finales (81-64) pour la deuxième fois du tournoi, après leur victoire en première phase (65-54). Leur septième victoire en sept matchs, un bilan d’ores-et-déjà exceptionnel, leur offre l’accès à la finale des Jeux Olympiques samedi face aux Etats-Unis (22h, heure française) et surtout, une médaille, d’or ou d’argent. Elle sera vraisemblablement d’argent, tant les Américaines, quadruples championnes olympiques en titre, paraissent supérieures à toutes les nations. Mais elle sera tellement belle.
Une récompense à la hauteur de la foi qui anime le groupe de Pierre Vincent. Devant les supporters français, dont les basketteurs éliminés mercredi par l’Espagne en quarts de finale, quelques-unes sont même restées de longues minutes au bord du parquet de la North Greenwich Arena. Pour crier et chanter, que ce soit la Marseillaise ou un tube de Céline Dion. « On ne réalise pas encore, confie Emilie Gomis (15 points). On réalisera après-demain (samedi) quand on sera face aux Américaines. On a gagné deux fois contre la Russie, une grosse nation. On n’était pas les braqueuses (leur surnom depuis le titre européen en 2009, ndlr), ce soir. On a mené depuis le début du match. On a vraiment bien joué. On a montré notre force. On est super contentes. C’est juste incroyable. »
Dumerc : « Je suis en train de planer »
« Ma voix est en train de casser, sourit Edwige Lawson, meilleure marqueuse du match avec 18 points (+ 5 passes). On est tellement heureuses ! C’est un rêve de gamine qu’on est en train de réaliser. » Un peu plus loin, Sandrine Gruda (11 points, 8 rebonds), l’intérieure la plus américaine des Bleues avec son expérience en WNBA, exulte. « C’est énorme ! On va marquer l’histoire du basket français. On va essayer de faire adhérer des petites jeunes pour développer le basket en France. » Une glorieuse ancienne, Yannick Souvré (243 sélections), doit aussi se pincer pour y croire. « Pour moi qui ai connu la division C avec l’équipe de France, c’est un rêve, explique-t-elle, 12 ans après sa 5e place aux JO. Et les rêves, ça ne devient pas souvent réalité. C’était un réel objectif pour elles. C’est amplement mérité. »
« Je suis en train de planer, reconnait son héritière, Céline Dumerc (11 points), candidate au titre de MVP et encore ‘‘clutch’’, même si ce n’était cette fois qu’au buzzer du 3e quart-temps. Je suis dans l’espace, là. Je ne réalise pas. Mais de toute manière, je ne réalise pas depuis que je suis là. » Pierre Vincent, lui, est un homme heureux. Et fier. « C’est un moment magnifique pour le basket français, se félicite le coach des Bleues. C’est une grande fête pour tout le monde. Une grande récompense. Ça nous fait penser aussi aux garçons, qui ont vécu ça à Sydney (en 2000, défaite en finale face aux Etats-Unis). Ils les ont accrochés, ils ont été à la hauteur de l’évènement. C’est tout le mal que je nous souhaite. » Diana Taurasi et les Américaines auront intérêt à être sérieuses de bout en bout samedi soir. Les « braqueuses » peuvent encore sévir.
Le titre de l'encadré ici
Elles ont pensé aux Bleus |||
Ali Traoré, Nicolas Batum et d’autres Bleus étaient dans les tribunes de la North Greenwich Arena ce jeudi soir pour assister au triomphe des Bleues face à la Russie (81-64). « Voir la victoire des filles ce soir me donne envie de chialer ! J'suis lacrymo-déprimé! Bravo les filles vous êtes d’ores et déjà dans l'histoire » a twitté le premier. Et les joueuses de Pierre Vincent avaient bien l’intention de leur redonner le moral après leur élimination en quarts de finale du tournoi masculin face à l’Espagne. « Hier (mercredi), on a eu le cœur brisé, explique Isabelle Yacoubou. Du coup, on leur a fait une petite banderole. On l’a fait pour eux aussi. » « Cette victoire, elle est pour les garçons, ajoute Emilie Gomis. On était dégoutées pour eux. »