"C’est Jo la débrouille", Amandine Buchard en mode défi pour deux tournois en Amérique du sud dans une autre catégorie

La judoka française Amandine Buchard lors des Mondiaux de judo, 14 juin 2025 - Icon Sport
Amandine Buchard, quel est le sentiment après cette médaille d’argent à Lima? Vous battez Nascimento une médaillée mondiale et vous perdez face à Faïza Mokdar en finale...
Je suis déçue parce que j’aime gagner. C’est hyper frustrant de perdre à 10 secondes de la fin. Je ne vais pas me torturer. J’étais légère. Je pesais 56 kilos. La majorité des filles sont à 62 kilos. Je me suis sentie physiquement en dessous. Je suis dégoûtée sur cette finale parce que si je n’avais pas laissé autant de jus en quart et en demi, je l’aurais conclue. La stratégie des filles en face c’est de mettre les bras. Moi, j’aime bouger. J’ai énormément de mal à m’exprimer sur les Brésiliennes. Sur la première séquence de mains en demi-finale, je me suis dit que ça allait être un enfer. Elle était tellement bœuf. Je suis déçue de perdre sur une Française même si c’est Faïza et qu’elle est forte. Sur une telle journée où tu te dépasses, où tu mènes la finale, tu as envie de conclure avec la médaille d’or. Mon corps m’a lâché. J’avais l’impression que ma tête me réclamait un effort supplémentaire mais je ne tenais plus. A 1’30 de la fin, j’avais une douleur aux côtes qui m’empêchait de respirer, de me tenir droite. J’ai poussé mon corps à bout, en surrégime. C’était ma compétition de reprise, dans une catégorie supérieure. J’ai eu un problème de passeport à l’aller, je suis partie un jour plus tard. Je n’ai pas pu très bien récupérer du voyage. Je n’avais pas de coach, pas de kiné, pas de repère. J’ai pu monter en puissance sur les deux premiers tours. En quart (Nascimento), c’est une médaillée mondiale, en demie c’est une Brésilienne (Lima) habituée du circuit. Il y avait tous ces détails à prendre en compte. Je n’aime pas perdre mais si je remets toutes les conditions dans lesquelles j’étais, je n’ai pas à rougir de cette deuxième place. Je suis piquée dans mon ego de perdre sur une Française. Ce n’est pas grave. Là, je dois réparer mon corps. Je me suis fait ouvrir la joue sur le quart. Je vais me faire recoudre. Je ne sais pas dans quel état je vais me réveiller.
Sur la finale, vous avez semblé à court d’énergie...
Il m’a manqué du jus . J’étais très entamée des matches de la journée. Je suis un peu arrivée au dernier moment avec ce problème de passeport. En étant seule, tu gères un peu plus de choses. Faïza était coachée, pas moi. Baptiste Leroy (coach de Faïza Mokdar) a mis une stratégie en place pour me faire plier. Je pensais qu’on allait partie en golden score. Je ne pensais pas marquer dans les 4 minutes. Si j’avais laissé moins de jus dans les matches précédents, cette avance que j’avais j’aurais pu la conserver et prendre moins de shidos.
Est-ce que ce premier tournoi en moins de 57 kilos vous renforce dans l’idée de continuer dans cette catégorie?
J’ai des calendriers très chargés. L’an passé, j’avais démarré les matches en janvier avec le Stade français. Là, c’a débuté dès octobre. Je veux m’offrir la possibilité de rentrer dans le groupe cible de France 7’s. Pour ça, je suis consciente que mon corps est mon outil de travail. Si je peux lui éviter des régimes quand les points ne comptent pas pour la qualification olympique en judo. Il va falloir peser le pour et le contre. Les filles en face, c’est costaud. Moi je ne peux pas monter à 58-59 kilos. Je vais rester à 56 voire 57 si je mange bien. Je ne vais pas monter plus haut. Je me sens bien dans mon corps quand je fais judo et rugby à ce poids-là. Qu’est ce qui va être le mieux pour mon corps ? Là j’ai décidé de m’engager pour les 57 kilos cette année. Après, je pense que je redescendrai en moins de 52 kilos. Je sais combien une olympiade peut être éprouvante. Avec le double projet je suis obligée d’être dans le calcul de tout. Je veux préserve mon corps le plus possible malgré mon calendrier chargé.
Qu’allez-vous faire d’ici vendredi et le tournoi du Mexique à Guadalajara ? On a vu que vous étiez touchée au visage.
L’objectif était d’enchaîner le Pérou et le Mexique. Là, sans kiné, sans coach, mon objectif va être de trouver les éléments sur place pour récupérer. Je ne veux pas aller au Mexique pour me blesser. Sur les 48 prochaines heures je veux récupérer au max. Mon corps a pris cher aujourd’hui (hier). Je m’étais déjà ouvert avant le match contre Perpignan. Ca avait bien régénéré. Là, c’est profond, je vais devoir faire recoudre. C’est normalement Paula Pareto (championne olympique et médecin) qui va me recoudre. Du repos, du repos, du repos. Manger de manière à ce que j’aide mon corps à récupérer. Je vais essayer en passant dans des pharmacies de trouver des spas pour me faire masser. Ça va être Jo la débrouille. Après je prends une décision. Soit je continue et j’enchaîne, soit je rentre à la maison pour éviter la blessure. Je n’ai qu’un corps et je n’ai pas envie de le péter maintenant.