
Judo: carnet de voyage de l'équipe de France en stage au Japon, par Blandine Pont
L'équipe de France de féminine de judo est en stage au Japon pour deux semaines. Seize Bleues dont les 9 sélectionnées pour le championnat du monde début mai au Qatar préparent ce rendez-vous au pays du judo. Les Tricolores ont passé la première semaine à l'université de Tsukuba au nord de Tokyo avant de rallier la capitale pour la deuxième partie de leur périple. Vainqueure du tournoi de Paris 2023 en moins de 48 kilos et appelée pour les Mondiaux, Blandine Pont vous emmène dans ses bagages. La rugosité nippone et les petits plaisirs à la supérette du coin, elle raconte ce périple jamais banal pour un judoka.
La préparation du voyage, attention au décalage horaire
Quand je pars au Japon, la valise est la même que pour un autre endroit mais par contre dans la préparation mentale on se prépare à ce que ce soit plus dur physiquement et mentalement. On emmène tout notre petit confort pour se sentir bien. On a 13h d'avion. Il y a plus huit heures de décalage avec la France. On est toujours un peu stressée par ça. Les premières nuits on ne dort pas correctement et pas suffisamment on est un peu fatiguée. On a de quoi gérer ça en prenant de la mélatonine.
L'entraînement à Tsukuba, "c'est plus rugueux qu'avant"
Tsukuba c'est une université où les filles sont de bons niveau. Cette semaine, les numéros 3 et 4 de l'équipe nationale japonaise sont venues s'entrainer avec nous. C'était intéressant de les prendre, c'était dur. Normalement quand on vient au Japon on s'attend à ce que ce soit moins difficile sur les mains (le kumikata, la saisie ndlr), davantage en mode randori (combat d'entraînement ndlr). Là ce n'était pas trop ça. On était un peu déçues. C'était très dur de tenir physiquement le nombre de randoris imposés.
La particularité du Japon c'est qu'il y a énormément de randoris, ça change beaucoup de chez nous. Par exemple sur une journée à deux entraînements tu as 5 combats au sol et 10 debout. Sur une journée à une seule séance on pouvait faire de 12 à 15 randoris. On a déjà fait des séances de 15 randoris. C'était très intense, très rude, les filles étaient très rugueuses et très physiques. Depuis qu'on est revenues l'état d'esprit japonais a changé. Les Japonaises acceptent beaucoup moins de tomber, c'est plus rugueux qu'avant.
Les petits plaisirs quotidiens, razzia au Seven Eleven
On a un budget qui nous est donné pour pouvoir manger durant la semaine, on va souvent au Seven Eleven (une supérette) car c'est pratique et c'est trop bon ! C'est ouvert 24/24 et il y a des choses qu'on ne trouve qu'au Seven Eleven comme des croustillants au poulet. Le riz est trop bon. On adore aller là-bas après l'entrainement c'est notre petit plaisir. Les temps libres, on fait de la sieste, des après-midi de récupération, de soin, notamment avec les kinés qui sont ici pour nous.
C'est important on a plein de petits pets qui s'accumulent. On est vraiment très fatigué alors le soir on a tendance à dormir. On passe du temps ensemble. Le temps libre moi j'aime bien me balader, toujours essayer de découvrir la culture et l'environnement. En dehors de ça je dessine mes tapis, je travaille mes cours (elle va passer en 5e année d'odontologie ndlr). Je lis, je fais des photos car j'aime bien aller seule photographier les alentours.
La vie de groupe, "un festin de viandes et de légumes"
La première semaine a été intense pour tout le monde. On ne s'attendait pas à tant de rugosité. On a eu un peu de repos ce dimanche et samedi après-midi. On est presque 24/24 ensemble. Quand c'est dur on se soutient. Durant les entraînements on aime s'encourager pour s'aider à tenir le rythme. Quand on est ensemble on mange ensemble.
Ça créé des liens pour la suite. Samedi soir on était à Tsukuba et on a décidé, pour une bonne partie du groupe, d'aller dans un bon resto à Tokyo, un resto conseillé par un Japonais. On a été reçu de manière très agréable par les Japonais du restaurant. C'était un festin de viande de légumes, un petit barbecue. Ils nous avaient même préparé des gâteaux, leur accueil était vraiment exceptionnel. C'est un moment qui restera gravé dans ma mémoire.
L'arrivée à Tokyo, "un temps pour une expo"
On vient d'arriver à Tokyo. On est très contentes. Tsukuba c'était un peu la campagne. On va beaucoup s'entrainer mais les temps libres vont être plus agréables. Je pense que je vais me réserver un temps pour faire un expo sûrement dans un musée d'art contemporain . En dehors de ça, c’est les boutiques, les fringues. Les Japonais en terme de mode ils sont très branchés.
J'aime beaucoup leur style. Il y a des marques moins cher qu'en France. Moi par exemple pour la photographie c'est génial. Il y a pas mal d'appareils photo vintage qu'on trouve en très bon état à prix réduits. La majorité est fabriquée ici. J'achète des pellicules qu'il n'y a pas en France, c'est trop cool. On va commencer une nouvelle semaine avec un rassemblement des meilleures Japonaises. Ça va être je suppose encore plus dur, on se prépare mentalement à ça.