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Natation: Mehdy Metella raconte comment il a remonté la pente après les JO de Tokyo

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Désormais ex-recordman de France du 100m papillon en petit bassin, le nageur français Mehdy Metella est revenu sur la dépression qu'il a vécue après son échec aux Jeux olympiques de Tokyo.

Il s'est fait voler son record de France du 100m papillon, mais il a gardé le sourire. Il faut dire que Mehdy Metella, deuxième du 100m papillon (50"43) de ces championnats de France derrière Maxime Grousset (49"24, RF), revient de loin.

"J'essaye de retrouver 100% de mes capacités, explique-t-il.

"On ne va pas dire que c'est une dernière année, mais c'est une année décisive pour moi car il y a les Jeux de Paris et on veut marquer le coup. Ça me fait du bien de rebondir après une dépression alcoolique que j'ai eue après Tokyo."

Une descente aux enfers

Le vice-champion olympique 2016 du 4x100m à Rio semblait perdu pour la natation. Après la désillusion des Jeux de Tokyo en 2021 où il manque la finale olympique du 100m papillon pour deux centièmes, le Guyanais a coupé avec la natation pendant un an. Et sombré. Mais hors de l'eau cette fois.

"C'était l'alcool, la cigarette, dormir dehors alors que la porte de chez moi était juste à côté", décrit Mehdy Metella.

"Je commençais à bouffer n'importe quoi. Tu te lèves il est 17h et tu te couches il est midi... C'était un peu dur après Tokyo. Parce qu'on croit être des sportifs de haut niveau mais les gens ne voient pas l'envers du décor, derrière le rideau c'est dur." Le médaillé de bronze mondial sur 100m en 2017 l'assure: "Oui ça va mieux. (Il montre et agite sa gourde) Regardez il y a de l'eau dedans..." Loin de ces mois sombres. "Le premier déclic c'était de se lever, d'ouvrir le frigo et dedans il y a juste six bouteilles de vodka. Tu ne bois même pas de café, rien. Tu commences direct et tu finis jusqu'à ce que tu t'endormes... Des fois je pouvais boire deux ou trois bouteilles tout seul."

Moins 12 kilos en 2 mois

Mehdy Metella a quitté Marseille pour rejoindre Paris et le club Étoile 92 en mars dernier. "J'ai trouvé un entraîneur (Olivier Sangaria) qui a enfin cru à un nageur qui cherchait à l'entendre depuis des années. C’est-à-dire travailler en commun, écouter l'autre quand il faut, quand ça ne va pas, de le dire. Je ne dis pas que je suis complètement guéri de ma dépression parce qu'il y a encore quatre semaines j'étais reparti là-dedans... C'est une étape dure, mais je sais qu'en tant que Français, et ce n'est pas pour me vanter ou quoi que ce soit, je peux être meilleur que certains qui sont meilleurs aujourd'hui."

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Le néo-Parisien a perdu 12 kilos en deux mois. Il vise un retour à son meilleur niveau pour les Jeux de Paris. "Après quatre mois d'entraînement et un mois de vacances, je reviens à 50s4. Donc c'est de bon augure, et l'objectif que je me suis fixé, il y a peu de nageurs qui sont capables de se fixer ce genre d'objectif..." Mais il ne le dira pas: "Je n'ai pas envie que les gens me portent malheur."

À 31 ans, il ne veut plus non plus parler de médaille d'or. "J'ai arrêté de penser à cette médaille d'or. Je pense plutôt à un chrono. C'est plutôt le chrono qui m'excite. Je travaille mentalement avec Thomas Sammut (son préparateur mental) et il m'a ouvert les yeux, donné des réponses que je cherchais depuis longtemps."

Son chrono du 100m papillon ce jeudi à Angers ne lui permet pas encore de se qualifier pour les championnats d'Europe en petit bassin (5 au 10 décembre à Ottopeni en Roumanie). Mais il donne rendez-vous en juin pour les sélections olympiques. "Comme on dit, après la tempête vient le beau temps."

Julien Richard