Brunel: "Prendre exemple sur l'équipe de France de foot"

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La Coupe du monde s’approche
"Quand j’ai pris mes fonctions, il me semblait que c’était très loin. Je n’y pensais pas du tout. C’était avant le Tournoi qui était ma préoccupation. Mais je m’aperçois aujourd’hui que ça arrive très vite. On a d’ailleurs passé du temps avec le staff pour parler de la préparation, de la logistique, du déplacement et des conditions climatiques. C’est désormais une course contre la montre. Il reste huit rencontres pour essayer retrouver la victoire et de la confiance, mais aussi pour trouver cette ossature sur laquelle on va s’appuyer. C’est peu pour constituer ce groupe. La Coupe du monde, c’est particulier puisque c’est le seul moment où il y a quatre mois de préparation et de compétition avec tout ce que cela représente de gestion du groupe, d’enthousiasme et de continuité."
S’inspirer de l’équipe de France de foot
"On va peut-être prendre exemple sur le foot. Ils sont partis dans cette compétition dans des conditions un peu similaires avec un groupe qui n’était pas obligatoirement favori et ils ont réussis à sortir vainqueurs. C’est très fort. On voudrait bien connaitre la recette, on sait en tout cas que le groupe et la manière de vivre du groupe seront importants. On l’a vu à travers de qui est sorti de leur aventure. On va essayer de prendre exemple sur cette équipe. Ça me ferait plaisir de connaitre l’avis de Didier Deschamps mais je connais un peu les clés qui a fait que cette équipe a gagné. Le groupe a bien fonctionné avec une belle harmonie, de l’enthousiasme permanent et une énergie forte qui se dégageait avec un bel équilibre dans ce groupe. Ils ont créé une osmose parfaite. Tous les sports étaient fiers de leur sacre et ont voulu être à leur place. Ils ont gagné le respect de tout le monde et ont transmis cette fierté."
En quête des certitudes mais de l’optimisme
"On n’a jamais été favoris, si ce n’est peut-être en 2007 parce qu’on jouait la Coupe du monde sur le sol français. Nous n’avons jamais été favoris mais aujourd’hui peut-être encore moins que précédemment. Mais on sait aussi que l’équipe de France est capable de tout. Cela a été son défaut parfois mais aussi sa qualité souvent. On le garde dans un coin de tête. Bien sûr que nous sommes en quête de certitudes. Au-delà des changements dans le staff, il y a aussi un manque de continuité pour différentes raisons et notamment des blessures. On espère qu’elles vont nous épargner sur les derniers mois afin de constituer une ossature stable. Il faut gagner tout simplement, on sait aussi que parfois ça se joue à peu. On n’est pas loin. Avant la Tournoi, je disais qu’il fallait être en mesure de rivaliser avec les favoris, l’Irlande et l’Angleterre, et je crois qu’on l’a montré. Ensuite, on a voulu voir où on en était contre les Blacks. Il y a du chemin encore, c’est clair, mais les autres ont le même chemin à parcourir. On va voir en novembre où on en est face à certaines nations qui seront dans notre poule (l’Argentine). Nous devrons en tout cas être beaucoup plus réalistes et efficaces sur nos occasions."
Un groupe pas encore arrêté pour la Coupe du monde
"Il y a des certitudes dans notre groupe, Dieu merci. Mais nous devons encore l’élargir. Nous ne sommes pas aujourd’hui en mesure de choisir les 30 garçons que nous emmènerons au Japon. Mais, comme je le disais, nous allons aussi croiser les doigts parce que les blessures nous ont pénalisés ou retardés. Beaucoup de joueurs que nous avions pris pour le Tournoi n’ont pas encore repris, je pense à Antoine Dupont, Yacouba Camara, Brice Dulin, etc… Une des bonnes nouvelles en revanche est de revoir Camille Lopez à ce niveau. Au mois d’août lors du stage, il n’était pas encore totalement en confiance alors qu’aujourd’hui il montre beaucoup d’enthousiasme et apporte beaucoup à son équipe. On est content de le voir comme ça. La charnière Parra-Lopez peut-être la charnière du XV de France à la Coupe du monde? Bien sûr qu’elle peut l’être mais je peux dire la même chose de Maxime Machenaud qui a fait un très bon Tournoi. Il fera des partie des potentiels joueurs pour la Coupe du monde."
Avec des champions du monde des moins de 20 ans?
"Il peut y avoir quelques cas isolés. Ponctuellement, certains peuvent avoir des parcours rapides. Je rappelle que Matthieu Jalibert avait 19 ans lorsque nous l‘avions sélectionné pour le Tournoi. Cameron Woki, que je connais bien pour l’avoir entraîné à Bordeaux, a eu une quinzaine de feuilles de match la saison dernière et il a commencé à s’intégrer dans ce Top 14 et à y trouver sa place. C’est ce parcours que devront réaliser la plupart avant de passer au niveau international. Mais il peut y avoir des cas avec des parcours beaucoup plus rapides, avec quelques joueurs qui peuvent avoir une ascension plus rapides. Mais cela dépendra de leur capacité à s’intégrer au Top 14 et à leur équipe. On va beaucoup échanger avec leurs entraineurs avec un tour des clubs durant trois semaines. Il faut aussi qu’après cette génération, une autre fasse aussi bien et ainsi de suite, afin de réaliser des performances dans la durée."
Quel capitaine à la Coupe du monde?
"Bien sûr que Guilhem Guirado, qui était notre capitaine l’an passé, et que Mathieu Bastareaud, qui l’est devenu, sont des capitaines potentiels. Au-delà de ça, il sera important d’avoir un groupe de leaders forts pour ne pas se reposer sur une seule personnalité, et que ce groupe amène la totalité de l’équipe vers a performance comme l’a fait l’équipe de France de foot."
France-Argentine, le 21 septembre 2019, une idée fixe?
"Aujourd’hui je commence à penser à la Coupe du monde car nous sommes obligés de s’en occuper notamment en termes logistique. Mais ce qui importera, c’est de réaliser la meilleure préparation possible. Pour en avoir fait trois (ndlr : deux comme adjoint de Bernard Laporte puis en tant qu’entraineur de l’Italie), je sais que la qualité de la préparation est souvent déterminante. Je ne sais pas si quelqu’un d’autre en a fait quatre en France mais j’écouterai volontiers comment se sont passées les dernières Coupes du monde à travers le ressenti des anciens sélectionneurs."
Quel avenir après 2020?
"Il y a six mois, jamais je n’aurais imaginé que je serais là. Comment voulez que j’imagine ce qu’il va se passer après 2020? Cela fait beaucoup, beaucoup d’années que j’entraîne. Je n’ai jamais fait de plans sur l’avenir ni un parcours. Je vais laisser les choses se faire. Je ne regrette absolument pas d’avoir accepté cette mission. Je n’y étais pas prédestiné mais maintenant que j’ai accepté je suis complètement heureux dedans. J’ai accepté le challenge, je connaissais les conditions."