Champions Cup: le casse-tête des pépins physiques au Stade Toulousain

"Il est absent." Par deux fois, avec un sourire de circonstance, le manager du Stade Toulousain Ugo Mola a répondu de cette manière à la question de savoir de quoi souffrait le demi de mêlée international Antoine Dupont, invisible lors de l’entraînement de l’après-midi et finalement forfait pour la conférence de presse pour laquelle il était pourtant annoncé depuis la veille en tant que capitaine. L’encadrement de l’équipe avait fait passer le message qu’il était "malade", mais Mola n’a pas voulu en dire plus.
Il faut dire que le bilan physique des troupes a de quoi l’inquiéter ces dernières semaines. "Je ne sais pas si je suis de nature inquiète. Mais à chaque fois que je regarde le calendrier, je me demande comment on va arriver au bout", rétorque-t-il. Avant tout de même de préciser sa pensée. "On a plus de petits soucis que de retours. On paye toujours les échéances passées du XV de France et un match de très haut niveau de 39 minutes de temps de jeu qui laissent des traces. J’aimerais pouvoir disposer d’un effectif, pas à plein, mais ça fait beaucoup. Comme toutes les équipes on va dire..."
Le tableau de l’infirmerie est tout de même bien rempli. Julien Marchand (mollet) sera encore forfait contre l'Ulster (il est espéré pour Toulon), tout comme Alban Placines (entorse cheville, autour d’un mois d’absence), Santiago Chocobares (entorse genou, ligament latéral), Sofiane Guitoune (légère fissure péroné, absence indéterminée) et Arthur Bonneval (plancher orbital). A ces absences, s’ajoutent les petits pépins qui minent le groupe et rendent les participations au voyage en Irlande incertaines. Ainsi, avec Antoine Dupont, le pilier Cyril Baille, le trois quart centre Pita Ahki et l’ailier Matthis Lebel ont été ménagés. Et en plus, le 3e ligne François Cros a dû stopper sa séance ce jour. Sans oublier la suspension de Juan Cruz Mallia…
"Ça va mettre en évidence le caractère du groupe"
Beaucoup d’éléments qui font parfois figures de titulaires en puissance. Et sept internationaux sur les dix qui ont participé au Grand Chelem qui ont connu des blessures. "Les annulations et les reports ne nous ont pas permis de régénérer le groupe qui en avait besoin, ajoute Mola. L’enchaînement post-Tournoi avec le Top 14 et les phases finales de Coupe d’Europe ne donnent pas la possibilité de faire reposer tes internationaux. Donc c’est autant de paramètres qui paraissent insignifiants mais qui, mis bout à bout, pénalisent toujours les équipes qui jouent sur deux tableaux."
Si du côté d’Ernest-Wallon on veut faire contre mauvaise fortune bon cœur - "je suis plein d’espoir au regard de ce qu’on a fait à quatorze contre quinze à l’aller et j’espère qu’on gardera cet état d’esprit", dit Mola - un œil sur le calendrier donne toutefois le vertige. A la sortie du Tournoi, Lyon, à Castres, les deux manches contre l’Ulster, puis un voyage à Marseille pour jouer Toulon et la venue de La Rochelle au Stadium pourraient, en cas de qualification, s’agrémenter d’un déplacement en quart à Exeter ou au Munster. Jouer sur les deux tableaux reste très hypothétique dans ces conditions. Même si Toulouse l’a fait l’an passé. Romain Ntamack veut, lui y croire. "Il va falloir. Jusqu’à présent on est engagés sur les deux tableaux. On va les jouer à 200%. On est tenants du titre dans les deux compétitions, on va se défendre au maximum et on verra comment ça se passe en fin de saison. On a envie de défendre ce qu’on a gagné l’année dernière et on ne laissera pas faire."
Plus pragmatique, Ugo Mola attend de voir la réaction de son groupe soumis à ces aléas du rouleau compresseur d’une saison de rugby harassante. "On va essayer de régénérer le maximum de monde pour avoir le plus de turnover jusqu’à la fin. Mais après ce match aller de Coupe d’Europe, on n’a pas trop le loisir de gérer. Autant l’an dernier, on avait l’impression qu’on pouvait se le permettre, pour plein de raisons, les faits de jeu étaient parfois en notre faveur, autant cette année, c’est moins le cas. Ça va aussi mettre en évidence le caractère du groupe." Le Stade Toulousain est encore mis au défi.