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Les secrets du haka

Les All Blacks en plein haka

Les All Blacks en plein haka - -

Il est aujourd'hui l'une des fiertés du peuple néo-zélandais. Redouté des adversaires, le haka a longtemps été exécuté sans grande cohérence. Retour sur l'histoire de cette danse traditionnelle.

Le rituel est immuable. Une fois les hymnes exécutés, et juste avant d’en découdre, les deux équipes se font face. Les All Blacks se mettent en position pour leur haka. Sous le commandement d’un des leurs, commence alors un impressionnant cérémonial. Langues tirées, yeux révulsés, l’objectif du haka est de montrer à l’adversaire toute sa détermination. Et pour cause ! Le « ka mate », la danse choisie parmi le millier d’autres existantes, est un rituel d’avant-bataille. Pourtant, tous les hakas ne sont pas guerriers. Certains sont juste des cérémonies de bienvenue ou de célébration d’événements spéciaux.

Il faut remonter en 1884 pour trouver trace du premier haka réalisé par les rugbymen néo-zélandais. Ce n’est qu’en 1905 que le « ka mate » est choisi comme le haka officieux, lors de la tournée des All Blacks “Originals” en Europe. Mais pendant plusieurs décennies, la danse réalisée ne ressemble guère à celle de la tribu qui l’a créée, Ngati Toa. « On l’appelait en souriant le ‘‘haka des pakehas’’, le haka des Blancs, précise Malcolm Mulholland, professeur à l’université de Massey et spécialiste du rugby maori. Les joueurs se contentaient de se taper sur les cuisses et de sauter en l’air. »

Une version plus violente

La première Coupe du monde, organisée en 1987 en Nouvelle-Zélande, sert de déclic. « Buck Shelford était un des leaders des All Blacks, se souvient Malcolm Mulholland. Il a été approché par les tribus, qui lui ont dit: “Soit vous le faites bien, soit vous ne le faites pas du tout.” » Depuis 25 ans, le haka est donc réalisé selon les coutumes maories, avec bien plus de passion. Les Blacks disposent même d’une danse de rechange depuis 2005, le « kapa o pango ». Un haka encore plus violent, avec une simulation d’égorgement à la fin, qu’ils réservent à leurs adversaires les plus farouches. Peut-être la France aura-t-elle l’occasion de l’expérimenter, le 24 septembre...

Le titre de l'encadré ici

Le rugby maori s'invite à Auckland|||

Il y avait du beau monde mercredi au musée d’Auckland. Notamment Wayne « Buck » Shelford, ancien numéro huit des All Blacks lors de leur seul titre, en 1987. L’homme à l’origine de la revitalisation du haka était un des invités d’honneur du vernissage de l’exposition consacrée au rugby maori. Celle-ci s’ouvre officiellement vendredi, journée du coup d’envoi de la Coupe du monde. « Pour toujours, sois fort et courageux » (« Ake, Ake, Ake, Kia! Kaha! »), c’est son titre, fait référence à un des premiers hakas réalisés par les joueurs néo-zélandais, en 1888. Dans les vitrines et sur les murs, des maillots et badges offerts par des joueurs maoris. L’expo retrace notamment l’histoire du maillot All Black (c’est un joueur maori qui proposa en 1892 de remplacer la trame bleue nuit du maillot néo-zélandais par du noir) et souligne l’influence des populations natives: « Je ne suis pas sûre que les gens réalisent à quel point notre sport national - la façon dont il est joué, ce à quoi il ressemble - a été façonné par les maoris », explique ainsi la commissaire de l’exposition, Rachael Davies.