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Saint-André : "On a peut-être trouvé une génération"

Philippe Saint-André

Philippe Saint-André - AFP

Philippe Saint-André, plutôt détendu et quelque peu ironique, est revenu ce vendredi sur la victoire face au Canada qui, selon lui, marque peut-être le début d’une belle et grande aventure. En attendant, le sélectionneur des Bleus est focalisé sur le prochain match face à l’Irlande, finale du groupe, dimanche prochain. PSA distribue également les bons points, mais reste vague sur ses choix.Votre chapo ici

Philippe, quelle analyse faite-vous de votre victoire face au Canada ?

Mon équipe a atteint les objectifs fixés. Nous avions axé cette rencontre sur les rucks et la discipline, je suis satisfait. Le match est passé, nous n’avons pas blessé, on va donc pouvoir bien se préparer pour le prochain match.

La France n’est pas encore mathématiquement qualifiée…

Oui, ça c’est pour ceux qui font « match sup, match spé ». Il faut que les Italiens prennent dix points et nous reprennent 89 points en deux matches… Et que dans le même temps on ne prenne aucun point face à l’Irlande. Sauf qu’on va chercher à prendre des points contre l’Irlande.

Justement, l’Irlande part avec le statut de favorite et vous, avec celui d’outsider, qui semble vous convenir…

(Ironique) Oui, l’Irlande est exceptionnelle. C’est une équipe fantastique. Les Irlandais sont beaux et puissants. Maintenant, on va préparer pour un match de haut niveau et notre objectif est de continuer à gagner. On veut obtenir la première place de la poule.

Sauf que vous n’avez jamais battu l’Irlande depuis 4 ans…

Oui enfin nous avons fait deux matches nuls, on en a perdu un sur une pénalité loupée à 25m face aux poteaux et lors du dernier Tournoi, on perd, mais on marque un essai et pas eux. Je ne vois donc pas une différence aussi énorme que ce que je peux entendre.

Avez-vous le sentiment que les médias voient l’Irlande trop belle ?

Je le répète, 6 ou 7 équipes dont on fait partie peuvent gagner la Coupe du monde. Seule la Nouvelle-Zélande est au-dessus.

Dans ce cas, pensez-vous qu’on ne voit pas l’équipe de France assez belle ?

On essaie d’être présent dans le rugby de haut niveau. Le groupe vit bien. Nous avons un bon pourcentage au pied. On a beaucoup cherché et on a peut-être trouvé une génération. On fait des erreurs, mais on fait aussi de bonnes trouvailles.

Il vous tarde de jouer ce match pour faire taire les critiques ?

Oui, c’est un match important. C’est la finale du groupe. Généralement, quand on pense trop au match suivant, on oublie le présent. Ça n’a pas été le cas face au Canada, sauf pendant cinq minutes.

Avez-vous l’impression que vos joueurs se sont pris en main ?

Oui, ce sont des adultes, des compétiteurs. Ils ont envie de continuer sur leur lancée. Ils voulaient aussi se retrouver collectivement. On a encore des points sur lesquels on doit progresser, mais nous avons dix jours pour être au point. C’est très long.

Avez-vous des réponses à vos interrogations sur le poste d’ailier pour remplacer Yoann Huget ?

On avance. Mais ce qui m’a plu face au Canada, c’est la performance collective. On ne s’est pas affolé après les deux essais canadiens. Et nous avons tout de suite réagi avec un essai juste avant la mi-temps. On sait d’où on vient. On a fait preuve d’humilité.

Qu’avez-vous pensé de la performance de Rémy Grosso ?

Il faut le féliciter. Il a joué 80 minutes et marqué un essai.

Ça vous donne des idées pour la suite ?

J’ai des idées et des réponses à mes questions. Mais Brice Dulin a également été bon, notamment sur le jeu de relance et dans l’anticipation du jeu au pied. Le point négatif, c’est qu’on a manqué de patience en tentant des passes impossibles. On veut marquer trop rapidement.

Morgan Parra, auteur d’une nouvelle bonne entrée en jeu, peut-il devenir titulaire ?

Morgan a été très bon, c’est vrai. Il a mis de la vitesse, il a bien animé le jeu. Mais Sébastien Tillous-Borde a également été très bon. Il est bien rentré dans la défense adverse. On verra. Je ferai des choix.

Un petit mot sur Frédéric Michalak, élu homme du match…

Son record de points n’est pas un hasard. Fred est un joueur de talent, il arrive à maturité. Il a vécu des saisons difficiles avec des blessures. Mais s’il est à ce niveau, c’est qu’il a mis un investissement énorme depuis le début de la préparation, même avant.

C’est votre réussite ? (Il sourit)

Il a la flamme de l’équipe de France. Il s’est préparé pour cette Coupe du monde.

Comment allez-vous vous préparer pour l’Irlande ?

Ils vont bénéficier de deux jours de repos pour récupérer aussi bien physiquement que mentalement, puis on va attaquer à Cardiff la préparation du match face à l’Irlande.

Pour finir, comment travailler pour éviter d’avoir un trou d’air de cinq minutes qui pourrait être fatal face à l’Irlande ?

Il faut prendre le match par le bon bout. Je ne sais pas si le groupe manque encore de maturité sur ce point, mais je sais qu’on a des forces et de la confiance.

M.Raulin à Milton Keynes