FFR: pourquoi Guy Novès demande 2,8 millions d’euros

Guy Novès - AFP
Guy Novès ne lâchera rien. Remercié pour faute grave en décembre 2017, un mois après la tournée d’automne conclue sur un match nul contre le Japon, l’ancien sélectionneur du XV de France n’a plus qu’une idée en tête: obtenir réparation. "J’attends l’heure H pour atteindre ma cible", disait-il voilà quelques semaines. Et l’heure H, ce sera jeudi devant les Prud’hommes de Toulouse. L’ancien homme fort du Stade Toulousain réclame une très grosse somme d’argent, comme évoqué il y a un an. Au total, Novès souhaite obtenir un peu plus de 2,8 millions d’euros, comprenant les deux ans de salaire de son contrat qui courait jusqu’à la Coupe du monde 2019, le préjudice moral et de notoriété ainsi qu’un sacré paquet d’heures supplémentaires.
Elles s’élèveraient précisément à 1.782 heures. Mais pourquoi autant ? Selon les informations de RMC Sport, Guy Novès réclamerait des heures supplémentaires pour avoir regardé chaque week-end à la télévision les sept matchs de Top 14 puis les avoir analysés. En gros, deux heures par match et une ou deux heure(s) de travail de débriefing ensuite. Et d’un point de vue financier, ces heures supplémentaires et repos compensateurs pourraient correspondre à environ un quart de la somme réclamée au total (environ 700.000 euros).
Trop rare, selon la Fédération française de rugby, dans les clubs et dans les stades, où ses adjoints Yannick Bru et Jeff Dubois étaient davantage envoyés, Novès aurait donc essentiellement suivi les performances de ses internationaux chez lui, tout en le passant en heures supplémentaires. "Il ne se déplaçait pas, il envoyait ses adjoints", dit-on à la FFR depuis son départ.
Conseiller du président puis sélectionneur
Devenu sélectionneur après la Coupe du monde 2015 achevée sur une raclée historique contre la Nouvelle-Zélande (62-13) à Cardiff, Guy Novès avait remplacé Philippe Saint-André dès la fin de la compétition. Mais auparavant, il était déjà sous contrat avec la FFR depuis quelques mois. A quel poste, puisqu’un sélectionneur était en place ? En tant que conseiller du président Pierre Camou depuis le mois de juillet. Mais pour quelle mission exactement ? Le flou est réel. Il n’envisageait pas de faire une pause de six mois et souhaitait être embauché de suite, quelques semaines seulement après la fin de sa belle et longue histoire avec Toulouse. Avec le même contrat de conseiller puis sélectionneur ? Les deux parties s’opposeront jeudi sur le sujet. Car si c’est un CDI et non CDD, le montant de l’indemnisation à verser serait nettement inférieur pour la Fédération.
Il faudra en revanche attendre encore plusieurs semaines, peut-être deux mois, pour connaitre le premier verdict. Avant un possible (probable) appel de l’une des deux parties. Guy Novès, qui a refusé une offre de Brive et qui dit en privé avoir également décliné une proposition du Stade Français pour se concentrer sur les Prud’hommes, n’a pas dit son dernier mot. "C’est le combat de ma vie", lançait-il dans Le Monde la semaine dernière.
L’ancien sélectionneur aimerait s’appuyer sur le témoignage de plusieurs personnalités afin de prouver que son licenciement était peut-être programmé bien avant, ou du moins potentiellement affirmé par Bernard Laporte et Serge Simon en off à certains, à leur arrivée à la tête de la FFR en décembre 2016.
Novès dit vouloir "laver son honneur", surtout dans le contexte sportif actuel particulièrement morose du XV de France. Car son éviction n’a rien changé pour les Bleus. Loin de là. Son successeur Jacques Brunel compte un bilan sportif encore plus décevant (3 victoires en 12 matchs depuis sa prise de fonction, dont la déroute à Twickenham dimanche), alors que l’ancien sélectionneur avait terminé son aventure après 21 matchs : 7 victoires, 13 défaites, 1 nul fatal. Jeudi après-midi, il sera accompagné de son avocat Laurent Nougarolis pour obtenir réparation. En face, Joseph Aguera défendra la FFR. Bernard Laporte ne fera pas le déplacement à Toulouse mais il sera représenté par une autre personnalité, dont l’identité est restée secrète.