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"On peut être une bête sur le terrain, mais aussi belle" Ilona Maher, l'Américaine qui porte le rugby dans une autre dimension

Ilona Maher avec ses coéquipières de l'équipe des Etats-Unis de rugby lors de l'arrivée à Sunderland le 16 août 2025

Ilona Maher avec ses coéquipières de l'équipe des Etats-Unis de rugby lors de l'arrivée à Sunderland le 16 août 2025 - PA Images/ICON SPORT

L'Américaine, déjà très en vue lors des JO de Paris 2024, va être la grande star de la Coupe du monde de rugby féminine qui débute ce week-end.

Oubliez Antoine Dupont, Louis Bielle-Biarrey ou Henru Pollock, en 2025, la star du rugby mondial s'appelle Ilona Maher. Figure du sport la plus suivie sur les réseaux sociaux et médaillée de bronze aux Jeux de Paris, l'Américaine débute vendredi le Mondial de rugby à XV, en porte-étendard de ce sport et de l'acceptation de soi.

La centre de 29 ans est la seule joueuse capable uniquement par sa présence d'attirer près de 10.000 personnes lors d'un match en... Angleterre, à Bristol, où elle a passé le début d'année 2025 pour se ré-acclimater au rugby à XV au sein du seul championnat professionnel au monde.

Déjà très suivie avant les JO 2024, où elle était présente avec l'équipe américaine de rugby à VII, elle a encore gagné en notoriété l'été dernier en partageant les a-côtés de la compétition avec humour et en répondant vertement aux critiques sur son physique.

Elle a expliqué dans une interview pour le media Bleacher Report que l'un de ses objectifs était de rassurer les "filles" en leur montrant que la pratique d'un sport ne les privait pas de leur "féminité". "Ce qu'on essaye de montrer, c'est la beauté du sport: on peut être une dure à cuire sur le terrain, une bête sur le terrain, mais aussi belle."

Avec plus de 5,2 millions d'abonnés rien que sur Instagram, loin devant les 1,2 million d'Antoine Dupont, elle devance largement les autres stars du rugby tout genre confondu et peut se servir de sa notoriété pour discuter avec la prix Nobel de la paix 2014 Malala Yousafzai.

Egérie du rugby féminin

Aux États-Unis, où les rugbywomen obtiennent de meilleurs résultats que les hommes au niveau international, sa popularité a largement dépassé le rectangle vert: elle a été finaliste de l'émission Danse avec les stars, a posé pour la une du magazine Sports Illustrated et a été sacrée en juillet révélation de l'année lors des ESPY Awards crées par le groupe audiovisuel ESPN.

"Annonce d'intérêt public: cette année, il y a une Coupe du monde féminine de rugby. Beaucoup d'entre vous ne savaient probablement pas que le plus grand événement du rugby commence dans environ un mois. Regardez-le. Suivez-le. Vous n'allez pas tout comprendre la première fois que vous le verrez, vous n'allez pas tout comprendre la deuxième fois non plus. Mais continuez à regarder", a-t-elle lancé à l'assistance en recevant sa récompense.

La force de frappe d'Ilona Maher est une chance pour la fédération internationale World Rugby, qui mise beaucoup sur le développement de la pratique aux États-Unis, avec en ligne de mire les Coupes du monde masculine de 2031 et féminine de 2033.

"Ce qu'Ilona a fait, non seulement pour se faire connaître, mais aussi pour mettre le rugby féminin et le sport féminin en général sur le devant de la scène mondiale, est incroyable", a salué dans une interview à l'AFP la joueuse néo-zélandaise Portia Woodman-Wickliffe, double championne du monde et olympique.

"Avoir quelqu'un venant des États-Unis, avec ce marché américain, qui est très sûre d'elle, qui aime le rugby, qui aime valoriser le corps des femmes, et qui s'exprime aussi ouvertement, c'est formidable pour nous. Nous devons en tirer parti et la suivre autant que possible", a-t-elle continué, après l'avoir rencontré et fait des vidéos avec elle en amont du match entre les deux sélections nationales, en mai.

Comme beaucoup d'autres rugbywomen, Ilona Maher a basculé des Jeux olympiques à VII jusqu'au Mondial à XV. Elle a connu sa première sélection en mai et a été retenue pour la compétition avec les Women Eagles.

Si les Américaines ont été les premières championnes du monde en 1991 et ont encore atteints les demi-finales en 2017, l'équipe semble plutôt destinée à se battre pour sortir de son groupe cette année, où figurent les grandes favorites anglaises, contre qui elles ouvrent la compétition vendredi, l'Australie et les Samoa.

PK avec AFP