Saint-André : "Je vais mourir avec mes convictions"

Les joueurs à la barre
« On vient d’avoir une belle réunion d’explication avec les joueurs. Il en est ressorti que ça fait trois ans que je les couve, trois ans que je suis derrière eux mais à un moment donné, au haut niveau, il faut savoir gagner les matches, il faut savoir combattre. Le maillot de l’équipe de France doit te sublimer. Tu dois être un gladiateur. Et le résultat d’hier (samedi), c’est qu’on perd quatre fois d’affilée contre le pays de Galles. On va continuer à travailler. Il y a des mecs qui ont commencé il y a trois ans, maintenant ils ont 30 ou 40 sélections, il faut arrêter de se cacher derrière des faux semblants. Au rugby, il faut être compétiteur pendant 80 minutes. Ta carrière, tu la fais sur le terrain et non pas dans les médias ou en faisant des photos. »
Le niveau du XV de France
« Ça devrait être du plaisir pour les joueurs. Mais il y a de l’appréhension, une faute de main, un problème discipline… On fait des choses exceptionnelles mais on donne tout et il faut une énergie énorme pour marquer trois points. On est les Pères Noël du rugby international. Vu qu’on ne maitrise pas assez notre rugby, on se fait tabasser et c’est normal. Il faut qu’on soit encore plus précis dans tout. On va avoir une semaine pour se préparer comme un commando pour aller gagner en Italie car il faut arrêter de croire que l’on est l’une des meilleures nations du rugby mondial. On est septièmes, on est à notre niveau. Je veux des mecs qui soient prêts à mourir sur le terrain. »
Des reproches faits aux clubs
« Je veux bien être le mal et les problèmes du rugby français. Mais quand on me demande si je vais chercher d’autres joueurs… Mais les moins de 20 ans ont fait le Grand Chelem l’an dernier. Et seulement trois ont un petit peu de temps de jeu en Top 14. Si on attend qu’ils aient 25, 26 ans avant de jouer en Top 14, comment va-t-on faire ? A 17 ans, je jouais en première division. A 22 ans, j’étais capitaine de l’ASM. J’ai essayé 80 joueurs en trois ans. Je peux vous assurer qu’on les cherche. Et on va continuer. »
Pas question de démissionner
« En tant que joueur, capitaine, entraineur, manager ou père de famille, je ne quitte jamais le navire. Là, on m’a donné un rôle : préparer cette équipe pour qu’elle fasse une grande Coupe du monde et je vais me battre tous les jours pour faire ça. Je vais mourir avec mes convictions mais ce qui est sûr, c’est qu’à partir du 4 juillet, ils vont bosser. On va travailler et on va aller encore plus loin. Il n’y a que ça. Je veux y aller avec des mecs que je sens capables d’aller au bout du monde. Si certains trouvent que le très haut niveau est trop dur, ils ont mon numéro de téléphone. Je prendrais même un gamin de 20 ans qui n’a même pas temps de jeu en Top 14. Il va falloir y aller, il va falloir se battre. Le rugby, c’est ça. C’est du combat, c’est de l’humilité. C’est surtout un sport collectif. On n’a pas besoin de starlettes. L’équipe est la star et on a besoin de champions. Hier, des champions je n’en ai pas vus. Ou pas beaucoup. »
Des motifs d’espoir
« Actuellement, on arrive à rivaliser un peu au mois de novembre, le VI Nations est compliqué et au mois de juin, on n’y arrive plus tout. C’est notre quotidien depuis trois ans. Mais on va se battre. J’ai confiance parce que pour la Coupe du monde, on va pouvoir se préparer dès le 5 juillet. On va pouvoir optimiser nos joueurs de 20-30%, certains de 40%, mais actuellement c’est notre niveau. Après, on progresse. Défensivement, on est plus en place. On breake plus souvent les équipes, on se crée des situations. Mais au très haut niveau, si tu ne réussis pas le trois contre un, si tu loupes la pénalité 25 mètres en face… Il nous reste cinq mois et parce qu’on est quand même français, on peut, même en étant comme ça, être champions du monde. En 2011, ils (les Bleus) avaient pris 60 points contre l’Australie en novembre, le VI Nations avait été catastrophique et on n’a jamais été aussi prêt d’être champions du monde. Par contre, l’écart s’agrandit chaque année entre les Coupes du monde. Il faut aussi se poser les bonnes questions. »