Top 14 : comment les joueurs vont résister aux grandes bouffes de Noël

Pierre Bernard - AFP
Il y a d’abord le luxe ultime de vivre de sa passion. Mais aussi le fait d’être acclamé par la foule, d’avoir un staff technique et médical aux petits soins à la moindre contrariété et accessoirement, pour les plus chanceux (et les plus gâtés par la nature), de figurer dans le calendrier des « Dieux du stade ». Bref, il y a plus difficile que la vie de rugbyman professionnel. Sauf peut-être pendant les fêtes de fin d’année. Quand la majorité de la population peut enfin se laisser aller et profiter de repas gargantuesques, les joueurs du Top 14, eux, doivent freiner leurs envies de reprendre un morceau de foie gras ou une part de bûche. Avec la première journée de la phase retour programmée ce dimanche et une autre dès le 2 janvier, il n’y a en effet pas de répit pour les rugbymen.
Enfin presque, puisque Provale, leur syndicat, a négocié une trêve exceptionnelle de quatre jours, finalement réduite à trois, au cours de laquelle les clubs sont dans l’obligation de laisser leurs joueurs au repos. De lundi soir à vendredi matin, les rugbymen ont donc quartier libre. « On est content, on a trois jours pour Noël, ça va permettre de couper, d’aller dans la famille, avoue Romain Cabannes, trois-quarts centre du Castres Olympique. D’un autre côté, il y a deux matches pendant les fêtes. Il ne faut pas non plus occulter que le principal pour nous, c’est de gagner un match de rugby et pas forcément manger de la dinde. Dès que tu es en famille, tu oublies un peu tout. Ça va être très court, il n’y aura pas de relâchement perceptible. Il y aura juste un peu de champagne en plus mais ça va, le champagne ça fait du bien. »
Ibanez : « On les attend de pied ferme à l’entraînement »
Face aux multiples tentations, la crainte est grande du côté des clubs de retrouver des joueurs avec quelques kilos superflus et donc pas dans une forme optimale pour disputer une rencontre de très haut niveau. Raphaël Ibanez, le manager de l’Union Bordeaux-Bègles, a fait passer le message à ses troupes : « Qu’ils retrouvent leurs proches, qu’ils passent du temps avec leurs familles, oui, mais qu’il y ait des débordements, non ! Parce que c’est le rugby de haut niveau et quand on est pro, on a un minimum de conscience professionnelle. Ça se fait dans le respect. Le respect des joueurs, le respect aussi de leur famille. Passer du temps pour se rapprocher de leurs proches, ça me paraît logique. Maintenant, ils doivent toujours avoir dans un coin de la tête que moi et l’encadrement technique, on les attend de pied ferme à l’entraînement. Ça parait logique aussi parce qu’on n’a pas de temps à perdre. Quand on est à l’entraînement, il faut répondre présent pour relever les défis qui nous attendent et les matches du weekend. »
Pour autant, pas d’entraîneur ou de préparateur physique déguisés en Père Noël pour surveiller les joueurs le soir du réveillon. Les staffs font confiance aux joueurs, qui s’autorisent toutefois le droit de se lâcher un peu, dans la limite du raisonnable. Pierre Bernard, l’ouvreur de l’UBB, a bien compris le message et promet que même devant les bons petits plats préparés par ses parents, il se montrera sérieux. « C’est vrai qu’on ne vit plus ça forcément comme la période de Noël qu’on pouvait vivre quand on était jeune, avoue-t-il. On se remet très, très vite dans le bain, le lendemain c’est reparti. On est assez grands et professionnels pour pouvoir manger ce qu’on veut, quand on veut. Il y en a certains qui sont un peu dans l’exagération. Après, c’est vraiment individuel. Il faut savoir en profiter mais sans trop exagérer. »
L’alcool comme principal danger
Comme le monde où les hommes seraient imperméables à toutes les tentations n’existe pas encore, comment alors concilier ces repas de famille et le sport de haut niveau ? Ludovic Lousteau, préparateur physique de Bordeaux-Bègles, ne veut pas imposer de menu-type aux joueurs mais les met en garde contre les méfaits de l’alcool. « Il y a le traditionnel poulet-pâtes, mais ça on en mange tous les jours, souligne-t-il. Je pense qu’ils peuvent faire un écart. Pour moi ce n’est pas cet écart alimentaire qui va faire pencher la balance sur la performance du weekend ou pas. Il faut plutôt faire attention aux boissons alcoolisées, ne pas faire du tout d’excès là-dedans. Mais après, niveau repas, à moins de manger toute la journée et de se prendre pour les anciens Gaulois, non, il n’y a pas trop d’impératifs. » Pour briller sur les terrains ou sur le célèbre calendrier, mieux vaut toutefois savoir se raisonner.