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France-Angleterre: des Bleus, affamés, signent enfin une grosse victoire

Bastareaud omniprésent face à l'Angleterre

Bastareaud omniprésent face à l'Angleterre - AFP

Revigorés par leur succès - pourtant poussif - face à l'Italie il y a quinze jours, les joueurs du XV de France ont pleinement profité de la fébrilité et des doutes actuels des Anglais samedi au Stade de France pour signer une victoire méritée (22-16). S'il est sans doute trop tôt pour parler de renaissance, certaines bases sont là.

LES TOPS

Les Bleus enchaînent enfin
Disons-le d’entrée: calmons-nous! Certes, il y a de quoi jubiler. Une victoire contre l’Angleterre, ce n’est jamais anodin. Et puis ça fait toujours plaisir. Encore plus après quatre ans de disette contre l’ennemi juré (26-24 en 2014). Alors oui, ce deuxième succès consécutif des Bleus après quasiment un an de défaites fait le plus grand bien. Surtout aux têtes. Reste que cette grosse victoire ne peut pas effacer d’un revers de main douze mois de galère(s). Elle rassure, elle peut à certains égards faire naître des espoirs, mais elle ne fait pas tout oublier. Alors qu’ils joueront la deuxième place du Tournoi face aux Gallois dans une semaine à Cardiff, les hommes de Jacques Brunel ont peut-être accompli un acte fondateur ce samedi au Stade de France en battant la deuxième nation mondiale. A confirmer.

Camara, Bastareaud, et vive la défense
Le gros point positif de ce quatrième match du Tournoi 2018 pour les Bleus, c’est la défense. S’appuyant sur de belles valeurs de combativité et sur des vertus rafraîchissantes, Guilhem Guirado (une nouvelle fois au four et au moulin) et ses hommes avaient sorti les barbelés pour stopper ces Anglais. Des Anglais qui, a contrario, ont confirmé les lacunes entrevues dans le combat il y a deux semaines face à l’Ecosse. Malgré la frayeur des dix dernières minutes, les Français ont assez nettement dominé les protégés d’Eddie Jones dans les regroupements et dans le jeu au sol. Avec en maîtres de cérémonie, le Montpelliérain Yacouba Camara et le Toulonnais Mathieu Bastareaud, tous deux énormes. Une défense au top qui pose, là encore, les bases du nouveau plan de jeu tricolore.

La charnière Machenaud - Trinh-Duc
Tauleigne, Lauret ou encore Rémi Grosso, élu homme du match, auraient aussi pu recueillir quelques lauriers au sortir de cette bataille d’Angleterre. Mais la charnière Machenaud - Trinh-Duc - la troisième mise en place par Brunel depuis sa prise de fonctions après Machenaud-Jalibert et Machenaud-Beauxis - mérite un bon point tout particulier. Le demi de mêlée du Racing a essayé d’apporter de la vitesse au jeu tricolore et a surtout fait un nouveau 100% au pied avec 4 pénalités et 1 transformation (14 points). En première mi-temps, les Bleus sont restés au contact (9-9 à la pause) grâce à lui avant de porter l’estocade dans le deuxième acte. Une réussite également essentielle pour permettre à une équipe de se confectionner un tapis de points dès que l’occasion se présente. François Trinh-Duc, lui, a apporté ce qu’on attendait de lui alors qu’il abattait probablement l’une de ses dernières cartes tricolores. Jamais à la traîne pour attaquer la ligne adverse, il a fait la différence sur l’essai français, poussant les Anglais à la faute (cravate de Watson sur Fall, carton jaune et essai de pénalité) grâce à un magnifique coup de pied vers l’aile gauche.

LES FLOPS

Le manque de réalisme tricolore
Grâce à sa défense, le XV de France a posé les bases de son succès. Mais impossible d’occulter les lacunes affichées de l’autre côté du terrain au moment d’analyser le jeu tricolore. Comme face à l’Italie, les Bleus ont souvent cafouillé leurs attaques et n’ont pas réussi à faire le break en deuxième mi-temps, notamment aux 51eme et 71eme minutes. Supérieurs aux Anglais, grâce notamment à Grosso et Bastareaud, ils sont ainsi malheureusement toujours restés à portée de fusil de la Rose et n’ont jamais pu souffler. Un manque de réalisme et un (gros) point noir à travailler d’urgence car la défense ne pourra peut-être pas toujours faire des miracles.

Lionel Beauxis
Oui, c’est peut-être un peu dur. Mais en dix minutes de présence sur le terrain après avoir suppléé François Trinh-Duc à la 71eme, l’ouvreur du LOU a provoqué de sacrés frissons dans les travées du Stade de France. Auteur d'une pénalité (77eme) mais sous pression après le très bel essai de May pour l’Angleterre à la 74eme minute (un essai transformé aurait permis à Farrell et les siens de battre les Bleus sur le fil), l’ancien n°10 toulousain a d’abord raté un dégagement suite à l’engagement adverse. Une aubaine pour les Anglais qui récupéraient alors le ballon pour tenter une dernière offensive. Pire, au-delà de la 80eme minute, alors que les Bleus avaient récupéré le cuir et n’avaient plus qu’à le sortir du champ de jeu pour pouvoir lever les bras, là encore Beauxis se ratait et redonnait le ballon. Les Anglais obtenaient donc une fois encore une ultime possibilité de marquer et n’étaient pas loin de la concrétiser. Heureusement, à un mètre de la ligne française, Bastareaud mettait un terme au match et épargnait à Beauxis un déluge de critiques. Quoique…

La touche française et Slimani
Au beau milieu d’une défense qui a donc globalement donné satisfaction, un joueur a pourtant failli côté français: Rabah Slimani. Auteur une fois encore de nombreuses fautes, le pilier clermontois a été (trop) pénalisé plusieurs fois et a coûté 6 points aux siens. L’ancien Parisien va devoir rapidement se mettre au diapason en termes de discipline. Autre point négatif côté tricolore: la touche. Dès le début de la rencontre, l’alignement français a souffert puis plié face à son homologue anglais. Et, comme un symbole, l’essai anglais est venu d’une nouvelle touche défaillante dans les dix dernières minutes. Une inconstance en touche sans conséquence majeure cette fois-ci. Mais encore un secteur de jeu essentiel à travailler pour des Bleus décidément toujours en chantier au sortir de cette victoire de prestige.

Jean-Moïse Dubourg