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XV de France: la LNR et les clubs ne veulent pas de France-pays de Galles

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La Ligue Nationale de Rugby, s’appuyant sur l’ordonnance du Conseil d’Etat, n’entend pas modifier sa proposition de cinq rencontres pour les Bleus cet automne. Avec la volonté de faire supprimer le match de préparation contre le pays de Galles, prévu dans deux semaines. Paul Goze l’a rappelé dans un courrier à Bernard Laporte ce samedi.

Combien de matchs disputera le XV de France en octobre et novembre? Trois, cinq ou six matchs? La question peut paraitre saugrenue à désormais deux semaines de la première rencontre contre le pays de Galles au Stade de France, mais le mystère reste entier, au lendemain de l’ordonnance du Conseil d’Etat. Si la plus haute juridiction administrative a rejeté vendredi la requête en référé de la Ligue Nationale de Rugby, ne pouvant juger sur des intentions mais uniquement sur des décisions, elle a aussi rappelé le caractère obligatoire de la convention entre les deux parties.

"Une modification des dispositions pertinentes de la convention (...) est, contrairement à ce que soutient la Fédération dans le dernier état de ses écritures, nécessaire", stipule le juge des référés pour lequel "la réglementation interne de World Rugby ne produit pas d'effet direct en droit public national".

Le dialogue entre la Ligue et la Fédération est plus que jamais dans l’impasse. La tension est même montée d’un cran vendredi soir, surtout après le communiqué de la FFR qui a fait bondir les dirigeants de la LNR. "Même s’il n’a pas reçu notre référé, sur le fond le Conseil d’Etat nous a donné raison, rappelle une source proche du dossier. La convention prévaut sur n’importe quelle décision que pourrait prendre World Rugby. La convention reste donc valable et nous devons avoir une discussion avec la Fédération pour faire évoluer ce qui est marqué dans la convention, c’est-à-dire trois matchs et mise à disposition sur trois matchs. On maintien notre proposition, à savoir cinq matchs, mais on ne cèdera pas, sachant que le Conseil d’Etat nous a donné raison."

Réunion en urgence des présidents dimanche matin

Petit rappel des faits. Initialement, avant la crise du Covid, les Bleus devaient en effet disputer trois matchs (contre la Géorgie, l’Australie et l’Afrique du Sud, ndlr). Les clubs et la LNR ont, en raison de la nouvelle donne économique, accepté depuis à titre exceptionnel deux rendez-vous supplémentaires. La FFR, s’appuyant sur les recommandations de World Rugby, a répété qu’elle en voulait un de plus avec notamment la création de la Autumn Nations Cup.

"Les gens s'imaginent que c'est Bernard Laporte qui décide, que c'est le roi, disait ainsi sur RMC le président après sa réélection la semaine dernière. Mais ce n'est pas ça, c'est World Rugby qui décide."

Le bras de fer est devenu juridique avec ce référé. "Et désormais la FFR doit respecter le droit", dit-on à la Ligue. "Ces modifications (de la convention) ne peuvent intervenir que par décision conjointe de la Fédération et de la Ligue", indiquait d’ailleurs le Conseil d’Etat. De nouvelles discussions entre les deux instances sont indispensables, deux semaines avant la rencontre contre les Gallois. Le match de la discorde. Celui de trop pour les clubs et la Ligue.

Selon les informations de RMC Sport, en cas de suppression de ce match, la LNR avait proposé, avec l’accord des managers de clubs, de mettre à disposition du staff de Fabien Galthié 31 joueurs du dimanche au mercredi à Marcoussis afin de préparer le match contre l’Irlande, organisé une semaine plus tard, le 31 octobre, en clôture du Tournoi des VI Nations. Les internationaux seraient ensuite rentrés en clubs pour disputer la sixième journée de Top 14 avant de regagner Marcoussis ce week-end du 24 octobre.

Mais la Fédération a rejeté cette proposition lors de la réunion de mercredi en visioconférence. "On est allé au plus loin du plus loin de ce qu’on pouvait proposer", complète une autre source. Les présidents de clubs partagent évidemment cette position. Et ils devraient officiellement le rappeler dimanche, après s’être réunis en urgence par visioconférence dans la matinée. Selon nos informations, certains présidents, très remontés, seraient même désormais partisans de ne pas aller plus loin que trois matchs…

Goze à Laporte: "Des convocations nulles et non avenues tant qu’un accord n’est pas trouvé entre la FFR et la LNR"

Le président de la LNR Paul Goze a envoyé un courrier ce samedi à Bernard Laporte. Un document que s’est procuré RMC Sport. "Dans ce contexte, il me parait urgent que le Comité Stratégique FFR-LNR se réunisse, dès lundi matin, pour évoquer les modifications pouvant être apportées à la convention dans le contexte de l’automne 2020, indique Goze. La LNR a fait de nombreuses propositions en ce sens lors des derniers mois, en acceptant de passer de trois à cinq matchs et de quatre semaines à cinq semaines de mise à disposition. Bien que rien dans l’ordonnance du Conseil d’Etat ne l’y oblige, la LNR confirmera cette proposition avec l’objectif de trouver un accord adapté à la situation, dans l’intérêt de l’équipe de France et du rugby français. La LNR entend se conformer aux dispositions de l’ordonnance du Conseil d’Etat."

"De la même manière, et malgré les termes du communiqué de presse d’hier soir de la Fédération qui nous ont particulièrement surpris, nous ne doutons pas qu’il en soit de même pour la FFR, ajoute-t-il. Aussi, les 31 joueurs retenus par le sélectionneur ayant reçu jeudi 8 octobre une convocation par la FFR pour le dimanche 18 octobre au soir, c’est-à-dire en dehors de la période de mise à disposition prévue conventionnellement, je vous saurai gré de me confirmer que ces convocations sont nulles et non avenues tant qu’un accord n’est pas trouvé entre la FFR et la LNR." Le match contre le pays de Galles le 24 octobre est plus que jamais menacé…

Jean-François Paturaud